Préparez un testament
La plupart des gens évitent de penser à la mort avant que ce ne soit absolument nécessaire – c’est trop triste, trop morbide et ça fait peur. En 2018, une enquête de l’Institut Angus Reid montrait que plus de la moitié des Canadiens adultes n’avaient pas de testament signé ou de directives anticipées. Lorsqu’on leur en demandait la raison, de nombreux participants répondaient être trop jeunes. Mais en planifiant les décisions relatives à votre fin de vie, vous éviterez un surcroît de chagrin à vos proches. Pour Ian MacDonald, conseiller indépendant en planification funéraire à Halifax, les funérailles sont là pour soutenir les vivants. «Vous les aidez à passer d’une vie avec l’être cher à une vie sans lui», explique-t-il.
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La planification des soins
Tout le monde planifie son avenir: en économisant pour l’achat d’une première maison, par exemple, ou pour les études des enfants. La fin de vie devrait faire l’objet de la même attention. Même à 30 ans, il est judicieux de songer aux soins médicaux et à l’assistance vitale que vous êtes prêt à tolérer, à la manière dont vous souhaitez que l’on dispose de votre corps et à l’organisation de vos obsèques. Vous éliminerez ainsi les approximations et les doutes autour des décisions terminales, et vos proches pourront mieux affronter le deuil. «Si vous avez une assurance vie, dit Ian MacDonald, songez à planifier votre fin de vie.»
Lisez ceci si vous souhaitez vieillir chez vous.
Économisez pour vos funérailles
Comme pour la plupart des événements importants de la vie, le coût des funérailles dépend de leur organisation. Des funérailles standard coûtent parfois autant qu’une mise de fonds pour l’achat d’une maison. Beaucoup veulent donc éviter à leurs proches la surprise d’une note salée. Le prix varie, mais Brett Watson, président de l’Association des services funéraires du Canada, évalue le coût moyen des services offerts par un funérarium – embaumement, cercueil, fleurs, musique – à environ 10 000$. S’ajoutent à cela 7000$ pour la concession funéraire et la pierre tombale, suivant la valeur foncière. De nombreuses polices d’assurance vie proposent une assurance funérailles, mais on peut aussi souscrire un contrat de préarrangements avec un funérarium.
Si vous avez une décision à prendre, même si la démarche est malaisée, renseignez-vous pour bien choisir ce qui vous conviendrait. «C’est une industrie et elle est là pour le profit, prévient Ian MacDonald. Vous voulez en avoir pour votre argent.»
N’hésitez pas à suivre ces conseils en matière d’assurances.
Une mort écologique
Les Canadiens sont nombreux à planifier une fin de vie respectueuse de l’environnement. Avec la crémation directe, par exemple, on élimine l’étape de l’embaumement qui recourt à des produits chimiques toxiques. Il en coûte en moyenne 2500$ et les restes sont dispersés ou enterrés dans une urne biodégradable. L’hydrolyse alcaline, ou la crémation sans flammes, utilise l’eau, la pression et parfois la chaleur pour dissoudre les restes. Il y a enfin l’enterrement sans embaumement dans la concession où les restes sont déposés en pleine terre dans un linceul ou un cercueil biodégradable.
L’aide médicale à mourir (AMM)
Il y a quatre ans, le gouvernement fédéral a adopté une loi sur l’aide médicale à mourir (AMM). L’année dernière, plus de 5600 personnes y ont eu recours au Canada. Mais comment cette loi s’applique-t-elle? Voici les tenants et les aboutissants de la mort médicalement assistée.
Étape 1: les critères
Tout le monde ne peut pas se prévaloir du droit à l’AMM. Il faut être âgé d’au moins 18 ans et jugé mentalement apte par un médecin. Ensuite, il faut être atteint d’une maladie grave et incurable. «Le sujet doit être dans un état de déclin avancé qui ne peut être inversé, éprouver des souffrances physiques et mentales insupportables, et la mort naturelle doit être prévisible», détaille Helen Long, PDG de Dying With Dignity Canada. Ce dernier critère a toutefois été invalidé par la Cour supérieure du Québec.
Étape 2: l’évaluation
Pour obtenir l’aide médicale à mourir, le patient doit d’abord en faire la demande auprès d’un professionnel de la santé et des services sociaux. Il fait ensuite une demande écrite confirmant qu’il est mentalement compétent et ne subit aucune influence indue. Au Québec, on utilise pour ce faire un formulaire officiel. La demande devra être signée devant deux témoins satisfaisant à certains critères – par exemple, ils ne doivent pas tirer profit du décès. Il faut ensuite répéter la demande verbale à chaque rencontre avec son médecin.
Étape 3: le lieu
L’AMM se pratique là où le patient se sent le plus à l’aise. D’après les données officielles, 35,2% des patients ayant bénéficié d’une AMM en 2019 sont décédés à leur domicile, 36,3% à l’hôpital, 20,6% dans une unité de soins palliatifs et 6,9% dans un établissement de soins de longue durée.
Étape 4: la procédure
Pour que le patient ait le temps de réfléchir à sa demande, un délai de 10 jours est à prévoir avant qu’il ne puisse bénéficier de l’AMM. S’il décide d’aller de l’avant, il devra trouver un médecin qui accepte de procéder. Les médicaments, administrés par intraveineuse, assurent une mort paisible et sans souffrance. Les médecins privilégient un cocktail de trois médicaments. Le premier endort le patient, le second le plonge dans un coma profond et le troisième est un relaxant musculaire qui arrête le cœur.
Étape 5: la fin
Une mort programmée permet de dire au revoir aux siens. Pour Helen Long, l’AMM est souvent vécue comme la célébration d’une vie. «Un ami de mon père avait une voiture ancienne et, avant de mourir, il a pu faire un dernier tour du quartier avec son fils, raconte-t-elle. Prendre la décision est une expérience libératrice. L’individu reprend un peu les choses en main.»
On croit connaître notre entourage, pourtant ces secrets de famille ont été découverts après la mort d’un proche.
Ne laissez pas la pandémie entraver votre départ
La pandémie actuelle s’accompagne de contraintes sur le nombre de visiteurs autorisés dans un funérarium ou chez les proches pendant la semaine de deuil, et sur toute autre tradition entourant un décès. Pour permettre aux parents et amis de dire adieu à un être cher, les planificateurs funéraires ont mis au point des cérémonies commémoratives inventives, réconfortantes et étonnamment émouvantes.
Cela peut être surprenant, mais ces réactions étranges du corps après la mort sont normales!
Un robot pour les funérailles
Les robots humanoïdes nettoient nos salles de bains, servent des sushis et, à l’ère de la COVID-19, nous aident lors de funérailles. Une entreprise ontarienne offre aux proches les services d’un droïde, c’est-à-dire une tablette montée sur roues qui fait le tour de la famille et discute avec qui veut grâce à la webcaméra. R2D2 serait fier.
Les funérailles Zoom
Parler de «funérailles Zoom» est devenu presque banal. De fait, de nombreux services commémoratifs sont offerts un peu partout au Canada en direct ou en visioconférence. Quand la pandémie s’est déclarée, Effie Anolik a vu dans l’explosion de Zoom une occasion à saisir. Sa jeune entreprise PlanAFuneral.com travaille avec les familles et les planificateurs funéraires pour l’organisation de services commémoratifs en direct ou enregistrés: avec ses employés, elle crée un service personnalisé, gère les invitations, assure le montage diapo et vidéo, prépare les intervenants et – le summum – s’occupe de tout l’aspect technique.
Des funérailles présidentielles ont été gâchées par un perroquet! C’est l’un des faits incroyables qui semblent faux, mais qui sont vrais!
Le service au volant
Nous avons découvert en 2020 à peu près tout ce que l’on pouvait faire à l’abri de la COVID-19 dans le confort de nos voitures: se rendre à un événement artistique, rester bouche bée devant des animaux de zoo et, oui, pleurer nos morts. Dans le village de Kars, près d’Ottawa, le Tubman Funeral Home organise des cérémonies funéraires dans son stationnement qui sont diffusées en direct sur une station radio FM. Les voitures suivent un parcours en plusieurs étapes: d’abord un arrêt pour signer le livre de condoléances, ensuite on roule vers le cercueil pour un dernier hommage d’une minute.
Un simple objet peut parfois nous aider à traverser la difficile étape de deuil.
La procession
L’impossibilité d’être présent pour pleurer un mort ne doit pas empêcher de soutenir les voisins ou les amis. En mars dernier, le père Paul Lundrigan, un prêtre catholique, célébrait des funérailles à Flatrock, un village de Terre-Neuve d’environ 1700 habitants. Avec les restrictions imposées par la pandémie, seule la famille immédiate était autorisée à y participer. Sur la route du cimetière, le cortège a croisé une procession de 70 voitures qui, au passage du corbillard, ont fait des appels de phares en signe de soutien. Si de nouveaux confinements étaient imposés, la procession est une façon réconfortante de se montrer solidaire avec la famille endeuillée.
La mort fait partie des 10 sujets importants qu’il faut aborder avec vos proches.