Succès mensuel
Comme chaque mois depuis plus de 13 ans, Réjean Vanasse installe son kiosque dans l’agora du Collège de Maisonneuve. Au-dessus de sa tête trône une banderole dactylographiée «Consultez un vieux: 25 cents». Autour de lui, les étudiants sourient et lui font des signes de tête, visiblement habitués à sa présence. Rapidement, une petite file se forme devant son bureau. Alors que certains ont des questions pressantes à lui poser, d’autres ne s’arrêtent que pour venir chercher leur câlin mensuel. Ce colosse de près de deux mètres, marié depuis plus de 30 ans, a toute sa vie travaillé dans les communications. Depuis 1998, il s’implique auprès du conseil d’administration d’Éducation 3e Âge du Collège de Maisonneuve, duquel il est actuellement président.
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Laissez venir les jeunes
Il avoue s’être inspiré de Charlie Brown pour son initiative. «Avec Éducation 3e Âge, on cherchait un moyen de redonner au Collège. On a essayé d’organiser des débats philosophiques le midi. À l’heure fatidique, le café étudiant s’est vidé d’un coup. Une de mes collègues a dit: arrêtez de courir après les jeunes, laissez-les venir.» C’est alors que Réjean se rappelle le kiosque d’aide psychologique de Lucy, dans la célèbre bande dessinée de Charles M. Schulz. Moyennant cinq sous, la fillette dispensait des conseils à ses camarades de classe, recommandant notamment au brave Charlie Brown de participer aux activités de Noël de l’école afin de vaincre sa déprime saisonnière.
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Un point de vue intergénérationnel
Lorsqu’il propose le projet à Diane Blanchette, directrice des services aux étudiants et à la communauté, elle accepte sans la moindre hésitation. «Elle m’a tout de suite demandé: quand est-ce que tu commences?»
«Au Collège, on avait remarqué qu’il y avait un besoin pour un point de vue intergénérationnel», précise-t-elle. Plusieurs étudiants issus de l’immigration n’ont que peu ou pas de contacts avec leur famille éloignée, et donc aucune personne âgée vers qui se tourner en cas de difficulté.
«Je trouvais l’approche de Réjean intéressante, poursuit-elle. Il n’était pas là pour dicter une vérité, mais pour créer des liens. Il était aussi curieux de connaître les jeunes qu’eux de le rencontrer. Il répond à leurs questions et idées farfelues sans jugement et sans gêne.»
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Rassurer les jeunes avant tout
Depuis, le «vieux» dispense ses conseils sur l’amour, la confiance, l’ambition et le succès. «C’est surtout pour les rassurer. Je ne me prétends pas psychologue. Et puis, la vie finit bien souvent par arranger les choses.» Pour guider les étudiants, il s’appuie sur sa passion pour la philosophie… et sa prodigieuse mémoire!
«Je me rappelle parfaitement comment je me sentais à 17 ans. C’était une période particulièrement angoissante. On est laissé à soi-même pour la première fois. On ne sait pas quel chemin emprunter, ni avec qui ni pourquoi d’ailleurs.»
Conseils sur le long terme
Paola Oyaneder se rappelle avoir trouvé le concept ingénieux et intrigant lors de son passage au Collège, en 2011. «Je lui ai demandé comment je pouvais être certaine de choisir la bonne branche. Comment combiner mes passions artistiques tout en trouvant un moyen d’être responsable et de redonner à la communauté.»
La réponse de Réjean lui avait à l’époque paru peu éclairante. «Il m’avait dit que c’est seulement plus tard qu’on réalise ce que nos vies ont dessiné. Ce qui me semblait essentiel aujourd’hui allait se transformer et revenir à moi d’une façon complètement différente de ce que j’appréhendais. Presque huit ans et quelques revirements de carrière plus tard, je comprends mieux ce qu’il a voulu dire.»
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Les jeunes ont les mêmes préoccupations
Les jeunes qui, comme Paola, s’attardent au kiosque du «vieux» proviennent de mille et un milieux. Mais, lorsqu’ils glissent une pièce dans la tirelire en forme de cochon qui se trouve sur la table, leurs préoccupations, leurs questions et leur attitude sont loin d’être différentes.
«Rien n’a changé en 13 ans ni en 82 ans d’ailleurs, constate-t-il. Les adolescents vivent les mêmes problèmes, les mêmes angoisses et se posent toujours les mêmes questions.»
Les conseils du vieux ont donc eux aussi à peine changé. «J’essaie de les encourager à avoir confiance et à accepter de faire des erreurs.» Il tente également de les aider à réaliser l’importance de l’amitié. «Les jeunes croient que l’amour va régler tous leurs problèmes. Mais on sait bien que ça ne fait que compliquer la vie.»
Gratitude partagée
Malgré tout, les étudiants parviennent en de rares occasions à prendre Réjean au dépourvu. «Certains problèmes sont sans issue. Il y a peu de temps, une jeune Kurde est venue me consulter au sujet de sa relation avec un chiite. Bien sûr, ses parents s’opposaient à l’union. Lorsque je ne sais pas quoi répondre, je suis honnête et je le dis.»
Le plus beau cadeau, pour lui, c’est la gentillesse et l’ouverture des jeunes. «Les médias voient en cette génération un tas d’égocentriques et en Maisonneuve un foyer de radicalisation. Mais ce sont tous des soies. Ils prennent soin de moi, et la différence ne les effraie pas. J’ai un plaisir fou à les côtoyer et à apprendre d’eux!»
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