Changements climatiques et fin du monde
Au printemps, le gouvernement a publié un rapport assez déprimant sur les changements climatiques au Canada. La fin du monde est-elle aussi imminente qu’il y paraît?
Pas forcément. Les auteurs de ce rapport annoncent ce qui va se produire selon divers taux d’émission de carbone. S’ils sont élevés, on a le droit de s’inquiéter: les températures augmenteraient de six degrés d’ici la fin du siècle, les précipitations d’environ 25% et les phénomènes météo extrêmes – inondations, incendies, sécheresses et canicules – se multiplieraient.
Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. C’est l’une des statistiques sur les changements climatiques que vous devez connaître.
Vous me faites peur. Et si les émissions sont plus faibles?
Dans ce cas, on peut être plus optimistes. On voit dans la crise climatique un problème à régler coûte que coûte, mais on peut aussi y voir une chance à saisir – une occasion de mobiliser les populations et de leur faire partager la croissance qu’une économie plus propre et plus verte engendrerait.
Faites attention à ces idées fausses (démystifiées) sur les changements climatiques.
On dirait le début d’un roman dont vous choisissez l’intrigue
C’est tout à fait ça. Désormais, les faits sont clairs. On le sait, 97% des climatologues reconnaissent que c’est l’activité humaine qui est responsable des changements climatiques – en particulier des émissions de carbone. On sait aussi que l’on dispose d’un temps limité pour corriger le tir. Il reste la question: qu’allons-nous faire?
Voici comment les changements climatiques affectent votre santé.
Le simple citoyen canadien a une empreinte carbone d’environ 20 t par année
De combien peut-on réduire notre empreinte carbone en éteignant les lumières et en renonçant aux tasses à café jetables?
J’ai le plus grand respect pour ceux et celles qui s’efforcent de diminuer leur empreinte carbone, que ce soit en prenant les transports en commun, ou en produisant moins de déchets. Tous ces gestes ont des effets mesurables: utiliser l’autobus ou le métro au lieu de la voiture pendant un an réduit considérablement les émissions, par exemple. C’est important de donner l’exemple mais, à elle seule, la démarche individuelle ne suffit pas.
Et si on prenait des mesures plus radicales?
Par exemple qu’on devienne tous végétaliens, qu’on renonce à l’avion et qu’on plante des arbres.
Un effort mondial coordonné aurait des conséquences importantes. La production alimentaire est responsable d’environ le quart des émissions de GES, et la consommation de viande – de bœuf surtout – en est à l’origine pour une bonne part. Dans une société à émissions limitées du futur, on mangera sans doute plus de légumes et voyagera moins en avion. Mais en s’attardant à la consommation individuelle, on détourne l’attention d’un problème beaucoup plus grave: la poignée de sociétés pétrolières et gazières responsables d’environ 71% des émissions mondiales. Ce problème ne peut être corrigé que par des mesures politiques et réglementaires. Si nos gouvernements ne font rien, les initiatives individuelles auront été aussi efficaces que le tuyau d’arrosage du jardin contre un feu de forêt.
Chaque geste compte. Suivez ces étapes pour réduire votre empreinte carbone.
Selon vous, que devraient faire nos gouvernements?
La stratégie la plus efficace consiste à mettre un prix aux comportements qu’on veut corriger. Les entreprises dont les émissions dépassent un certain taux seront imposées et l’argent recueilli, consacré à des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
Le secteur privé doit aussi mettre au point des technologies moins coûteuses et plus efficaces afin que chaque consommateur dispose d’une solution verte et la choisisse, peu importe ce qu’il pense des changements climatiques. L’un de mes projets consiste à élaborer avec des partenaires industriels des modèles économiques de stockage de l’énergie qui donnent accès aux énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire même en l’absence de vent et de soleil.
Pour en revenir à l’initiative individuelle, comment peut-on faire pression sur nos gouvernements?
Nous pouvons nous mobiliser en écrivant à nos représentants, en participant à des manifestations ou à des boycottages, en finançant des associations écologiques. L’union fait la force, donc si on veut changer les choses, la meilleure façon, c’est sans doute de joindre sa voix à celle des autres.
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