La sieste: une question d’habitude ou un besoin?
Dans beaucoup de pays d’Amérique latine et de la Méditerranée, la sieste fait partie des mœurs. Pendant trois heures environ, on rentre chez soi, on mange, on se détend et on dort.
Mais dans les pays comme le Canada, où le temps, c’est de l’argent, la pause de tout genre, si elle se prolonge, a des connotations négatives. Sous peine d’être taxés de paresseux, une foule de gens résistent à la tentation pourtant bien légitime de s’assoupir brièvement pour renouveler leur énergie. Malgré de louables efforts, il leur arrive pourtant de succomber. Des sondages ont démontré que 60% des adultes font au moins une petite sieste par semaine, assis à leur bureau, dans le métro ou en regardant la télévision.
Pourquoi la sieste ?
Les bienfaits de la sieste s’apparentent à ceux du sommeil. La sieste répond à un besoin physiologique. Pour le prouver, une expérience a consisté à enfermer des volontaires dans une pièce souterraine et à les priver de tout indice de l’heure. Ne distinguant plus le jour de la nuit, ces personnes devaient s’en remettre à leur instinct naturel. C’est ainsi qu’on a pu se rendre compte que l’être humain dort en deux étapes : une plus longue la nuit, une plus courte le jour.
Heureusement, grâce aux résultats de nombreuses études, on tend de plus en plus à reconnaître que les petits sommes améliorent l’humeur, la santé et le rendement. En bref, la sieste contribue positivement à votre santé générale.
Une sieste pour réduire le stress
On constate surtout que les peuples qui font la sieste souffrent moins que les autres des effets du stress. Mais ce n’est pas tout. D’autres études effectuées par l’Université de Californie à San Diego ont démontré que plus vite vous récupérez les quelques heures de sommeil qui vous ont manqué, plus vite votre système immunitaire revient à la normale. Et quelle meilleure façon de récupérer qu’avec une sieste le lendemain ?
Un conseil: vous n’arrivez pas à faire la sieste ? Au lieu de boire un café pendant la pause, allez mettre le nez dehors. Vous pensez peut-être que l’activité physique est aux antipodes de la sieste. Pas vrai- ment puisque, tout comme la sieste, une bouffée d’oxygène donne un regain d’énergie.
La sieste et le monde des affaires
Bien des études ont indiqué que de courtes siestes augmentent la concentration et font échec au stress, autre adversaire du système immunitaire. Cela expliquerait que les gens qui ont l’habitude de la sieste soient plus productifs au travail et moins souvent absents. L’Autorité des transports métropolitains de New York étudie la possibilité d’accorder des pauses de 10 à 20 minutes pour permettre aux chauffeurs de refaire leurs forces. Depuis que le professeur Mark Rosekind a démontré que les pilotes qui se reposent une quarantaine de minutes pendant les trajets au long cours décrochent de meilleures notes aux tests de vigilance, de vivacité et de prise de décision, plusieurs compagnies aériennes en Europe obligent les pilotes à se reposer au milieu du vol.
La sieste est un mécanisme de santé dont pourraient également bénéficier les quelque deux millions de Canadiens dont le travail par quarts les oblige à rester éveillés la nuit ou à modifier constamment leur horaire. À cause d’un réveil intégré dans leur horloge biologique, les travailleurs de nuit sont souvent incapables de dormir plus tard que midi. S’accorder un somme de 15 à 20 minutes avant de partir travailler le soir peut les aider à minimiser le manque de sommeil.
Une sieste de 20 minutes pour hausser la productivité
Voici quelques conseils pour optimiser les avantages du remède rapide et peu coûteux qu’est la sieste pour soigner sa santé physique et psychique.
Des habitudes régulières. Autant que possible, il faut fixer une limite uniforme pour ne pas dérégler l’horloge biologique et le cycle du sommeil nocturne. Une sieste de 20 minutes est idéale pour la plupart des gens et souvent, c’est tout ce qu’il faut pour être plus alerte. Cela donne le temps de refaire ses forces sans tomber dans la phase du sommeil lent et profond dont il est difficile d’émerger.
La bonne heure. Idéalement, la sieste devrait se faire 12 heures après le milieu de la nuit de sommeil, soit en principe vers 15h. La règle n’est cependant pas universelle, du moment que la sieste ne nuit pas au sommeil de la nuit.
Pas de sieste en soirée. Tomber endormi devant la télévision garantit souvent l’insomnie et est signe qu’il faut se coucher plus tôt.
La bonne ambiance. Une routine quotidienne fournit des incitatifs au sommeil. Fermer la porte, s’étirer un peu, mettre de la musique douce, éteindre les lumières, desserrer sa cravate, serrer contre soi un ourson en peluche, sont autant d’invitations faites au sommeil.
Ne vous en faites pas si le sommeil ne vient pas. Une étude de l’Université de l’Ohio a montré que s’étendre et se reposer à l’heure de la sieste pouvait s’avérer aussi bénéfique que dormir. L’étude a comparé une vingtaine de personnes de chaque type : ceux qui faisaient la sieste et ceux qui se contentaient de s’étendre. Les premiers dormaient 61% du temps, les autres pas du tout. Les sujets ont eu à subir des tests pour évaluer leur rendement et à décrire leur état d’esprit avant et après l’expérience. Dans les deux camps, il y a eu amélioration de l’humeur et du rendement, mais aucun groupe n’a dépassé l’autre.
Étendez-vous si possible. La station horizon- tale donne l’impression d’avoir dormi plus longtemps.
Surveillez les effets. Si vous vous assoupissez facilement pendant le jour mais que vous n’arrivez pas à vous endormir le soir venu, il faudra peut- être écourter la sieste ou l’éliminer.
Faire la sieste est impossible: voici d’autres trucs énergisants
Pour ceux qui se refusent la sieste à cause de leurs principes ou ceux de leur employeur, voici d’autres moyens de combattre le creux quotidien.
Refroidissez-vous. Ouvrez la fenêtre, allez vous promener, prenez une douche froide ou mettez le climatiseur au maximum. Si la chaleur et l’humidité engendrent la léthargie et la fatigue, le contraire se vérifie aussi.
Faites de l’exercice. L’activité donne un regain d’énergie qui dure quelques heures. Il faut donc choisir le bon moment pour l’exercice, de préférence le matin ou en début d’après-midi. Après 19 h, l’exercice peut surexciter et provoquer de l’insomnie. En général, on doit prévoir trois heures de tranquillité avant d’aller se coucher.
Buvez beaucoup d’eau. Un des effets de la déshydratation est la somnolence.
Secouez-vous. Si la léthargie vous guette, vous souffrez peut-être d’un problème commun qui non seulement vous endort mais augmente vos risques de contracter une maladie cardiaque et même le cancer. Ce problème, c’est l’ennui, précurseur de la dépression. Pour vous en sortir, il faut trouver des défis à relever. Au travail, échangez certaines tâches avec des collègues ou faites-vous assigner un nouveau projet. À la maison, pour faire le repassage, mettez de la musique et maniez votre fer en cadence. Mieux encore, donnez un coup de fil pour une pause jasette. Il est important pour vous de trouver une solution à long terme contre l’ennui. Vous pourriez, par exemple, vous inscrire à une activité qui vous intéresse.
Alimentez-vous adéquatement. Priorisez des aliments nutritifs et faibles en gras afin de fournir l’énergie nécessaire à votre corps pour bien fonctionner la journée durant.