La musique comme thérapie
Chanter a toujours ravi Stephen Dunn, un Australien de 64 ans qui vit à Melbourne. Plus jeune, il accompagnait parfois des groupes. Il y a deux ans, quand il a appris qu’il souffrait de la maladie de Parkinson, il s’est rappelé que son père, lui-même atteint, était devenu incapable de chanter à mesure que son état se dégradait.
L’an dernier, pour tenter de conjurer cette fatalité, Stephen est devenu membre de ParkinSong, un groupe de parkinsoniens qui rencontre un musicothérapeute une fois par mois pour apprendre à préserver la capacité de chanter et de parler. «Chaque séance comporte des vocalises, des exercices de respiration, des conseils sur la bonne posture, etc., relate Stephen. Nos cordes vocales ne sont pas différentes des autres muscles. Si on ne s’en sert pas, elles s’atrophient.»
Il fait ces exercices tous les jours et s’enregistre pour détecter les changements dans sa voix. Il est content de ses progrès. «Avant d’entrer dans cette chorale, j’étais au désespoir – j’adore chanter et peut-être qu’un jour je n’en serai plus capable, admet-il. Alors, tant que c’est possible, j’en profite.»
Apprenez-en plus sur les bienfaits incroyables de la musique.
Améliorer la santé mentale et physique
Aider les parkinsoniens à conserver leur voix n’est pas le seul apport de la musicothérapie. Des programmes de toutes sortes permettent désormais d’améliorer la santé mentale ou physique des victimes de divers troubles ou maladies. Seul effet secondaire possible: la ritournelle qui risque de se mettre à tourner en boucle dans votre tête.
«On peut prévoir la multiplication d’études démontrant que la musicothérapie est efficace et qu’elle ne s’accompagne d’aucun inconvénient», prédit la Dre Corrine Fischer, professeure adjointe au département de psychiatrie de l’université de Toronto.
Voici ce que vos goûts musicaux dévoilent sur votre personnalité.
Plus de plaisir, plus d’exercices
Pour soulager la douleur, préserver une fonction corporelle ou la restaurer, les solutions ne manquent pas. La kinésithérapie est efficace, mais ses exercices répétitifs sont ennuyeux. La musique y ajoute une dose de plaisir. «Aussi, les patients s’entraînent plus longtemps», dit la musicothérapeute barcelonaise Melissa Mercadal-Brotons, présidente de la Fédération mondiale de musicothérapie. La musique a un important pouvoir de motivation en agissant sur nos réactions affectives profondes. Chercheurs et musicothérapeutes s’en servent pour élaborer des traitements aussi efficaces, sinon plus, que les thérapies classiques.
«La musique comporte tant de vertus! s’exclame Jeanette Tamplin, musicothérapeute et chercheuse auprès de ParkinSong à l’université de Melbourne. On peut l’utiliser de façon très fonctionnelle pour accorder la marche à un rythme, mais aussi de manière très psychodynamique au moyen de chansons, qui libèrent les émotions refoulées et aident à faire un deuil et à s’adapter.»
Des médecins recommandent désormais la musicothérapie contre certains désordres, et des chercheurs travaillent à élargir la portée de ces traitements. Voici ce qu’elle peut accomplir.
Jouer de la musique ou chanter fait aussi partie des façons de vous relaxer sans dépenser un sou!
Maladie de Parkinson
Les exercices qu’apprennent Stephen Dunn et les autres membres de ParkinSong sont des techniques d’une efficacité scientifiquement démontrée qui augmentent le volume de leur voix, les rendant plus faciles à comprendre. «La maladie affecte la communication dès ses débuts», explique Jeanette Tamplin.
Pendant trois mois, elle et ses collègues ont fait travailler 75 parkinsoniens une fois par semaine ou une par mois. À la fin, les participants parlaient plus fort que les membres du groupe témoin non entraîné, et leur capacité respiratoire était meilleure; ceux qui avaient des séances hebdomadaires avaient fait plus de progrès que ceux qui suivaient des séances mensuelles. Les résultats de cette expérience ont été publiés en 2020. «C’était enthousiasmant de voir nos sujets parler plus fort et s’exprimer avec plus d’assurance», se félicite Jeanette Tamplin.
Les parkinsoniens ont également des troubles moteurs que la musicothérapie peut contribuer à contenir. Une étude italienne dont les résultats ont été publiés en 2019 a pu constater que 10 parkinsoniens ont amélioré leur démarche, leur mobilité, leur équilibre et leur qualité de vie en dansant régulièrement le tango.
«La musique est peut-être un signal qui renforce la concentration du patient pendant qu’il se déplace, suggère son auteur, le Dr Giovanni Albani, neurologue attaché à l’institut italien d’auxologie de Milan, dédié à l’étude de la croissance des êtres vivants. Danser le tango exige d’harmoniser les mouvements du tronc et des membres, ce qui induit une récupération de certaines fonctions cérébrales.»
Démence
Les médecins proposent parfois la musicothérapie pour traiter la démence. D’après une méta-analyse récente de six études antérieures, la musique contribue à améliorer le comportement et la cognition des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la forme de démence la plus répandue. «À notre clinique de la mémoire, nous disons souvent “si vous jouiez du piano, jouez du piano, si vous aimiez la musique, écoutez de la musique. C’est bon pour votre cerveau”», indique la Dre Corinne Fischer, auteure de l’étude.
La Dre Fischer a étudié les effets de la musique sur l’activité cérébrale des personnes souffrant d’une légère déficience cognitive, un signe précurseur de la démence. Ses sujets ont écouté de la musique pendant une IRM fonctionnelle, technique qui permet de visualiser les zones du cerveau activées. Une mélodie qui les touchait – l’air chanté à leur mariage, par exemple – en activait davantage qu’un morceau jamais entendu. «Parmi ces zones actives, il y avait des régions sous-corticales impliquées dans l’expression des émotions.»
D’autres recherches ont établi que le fait d’écouter de la musique connue aide les alzheimeriens à se souvenir. Une étude de 2013 à laquelle ont participé 24 malades a révélé que, quand ils écoutaient de vieilles chansons populaires, ils pouvaient évoquer des événements autobiographiques associés à ces mélodies. «Écouter des mélodies connues active une zone où sont conservés les souvenirs autobiographiques», résume Melissa Mercadal-Brotons.
N’hésitez pas à adopter ces bonnes habitudes pour éloigner la maladie d’Alzheimer et garder votre cerveau en santé.
Accident vasculaire cérébral
Les victimes d’un AVC doivent parfois faire de la kinésithérapie ou de l’ergothérapie pour recouvrer l’usage d’un membre. Là encore, la musicothérapie peut être utile.
Dix mois après avoir fait un AVC en 2018, Yaismery Leon-Hechavarria, une Barcelonaise de 34 ans, s’est inscrite à un programme de musicothérapie. Elle espérait améliorer l’usage de son bras droit en jouant de divers instruments. Trois fois par semaine pendant dix semaines, elle a donc joué du piano et d’une série d’instruments de percussion – djembé, maracas, bâton de pluie, tambourin, castagnettes. Ces séances ont renforcé son bras.
«À présent, quand je marche dans la rue, personne ne devine que j’ai fait un AVC, dit-elle. Je travaille maintenant la précision… les petits mouvements comme ceux de la broderie.» Les patients comme elle développent à nouveau leur motricité brute en tapant sur un tambour et leur motricité fine en enfonçant les touches d’un piano. Plusieurs raffolent de leurs séances de musicothérapie grâce au plaisir qu’elles leur procurent. «Nous croyons que ça stimule vraiment la motivation, affirme Antoni Rodriguez-Fornells, docteur en psychologie à l’université de Barcelone, qui participe à cette étude sur la musicothérapie. Personne n’a besoin d’incitatif pour suivre le programme. On en redemande.»
La musicothérapie s’est révélée aussi efficace que des techniques plus classiques pour recouvrer l’usage d’un bras, et les patients s’amusent en faisant travailler le haut du corps.
Soulagement de la douleur
La preuve est faite que la musicothérapie atténue la douleur provoquée par divers problèmes de santé. En 2018, une méta-analyse de 13 études antérieures sur son effet analgésique a conclu qu’il était significatif. «La musique diminue l’intensité de la douleur, mais ne la fait pas disparaître», précise l’auteur de l’article, le Dr Juan Martin-Saavedra, chercheur en musicothérapie à l’université Rosario de Bogotá, en Colombie. La musicothérapie complète la médication antidouleur, mais ne peut s’y substituer. «Selon l’hypothèse la plus répandue, la musique détourne l’attention du patient et le rend d’humeur plus gaie, plus apte à supporter la situation, malgré la douleur.»
De plus amples recherches sont nécessaires pour déterminer le genre musical le plus efficace et les types de douleur sur lesquels il agit.
«Chaque genre a un effet différent sur le cerveau, donc tous ne sont pas également utiles, et ce ne sont pas toutes les douleurs qui peuvent être soulagées», ajoute-t-il.
La musique est l’un de nos trucs pour vivre 100 ans!
Une lueur d’espoir
Les patients qui suivent une musicothérapie sont souvent transformés par leur expérience. Stephen Dunn a tellement aimé ParkinSong qu’il a appris à déchiffrer des partitions pour mieux participer aux séances. Chanter est devenu une habitude quotidienne à laquelle il tient passionnément et qui améliore son état de santé. «C’est ma stratégie pour continuer à chanter, dit Stephen. ParkinSong peut m’aider à conserver ma voix aussi longtemps que possible.»
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