Diana Barkley, conseillère en relations publiques à Vancouver, avait 50 ans quand sa vie a été chamboulée par les premiers symptômes de la ménopause : des insomnies et des suées nocturnes qui trempaient ses draps et la glaçaient, la laissant épuisée avant même de commencer la journée. Puis les bouffées de chaleur sont devenues monnaie courante dans la journée, même au bureau. D’ordinaire professionnelle jusqu’au bout des ongles, Diane était parfois réduite à extraire discrètement des glaçons de son pichet d’eau pour se rafraîchir la nuque pendant une discussion avec des clients.
« On a l’impression qu’une fournaise se met en marche à l’intérieur. La chaleur monte en flèche comme sous un soleil de plomb. On devient rouge, congestionnée, raconte-t-elle. Vous avez peut-être entendu ces histoires farfelues de femmes qui se roulent dans la neige ? Eh bien, quand on le vit, ça ne paraît pas absurde. »
Elle se sentait aussi plus émotive et tendue qu’avant. « Les émotions – peu importe ce qu’elles étaient avant la ménopause – sont plus vives », explique-t-elle.
La thérapie holistique
Le fait est qu’il y a autant de ménopauses et de façons de l’affronter qu’il y a de femmes. Pour atténuer ses symptômes – et redevenir maîtresse de sa vie – Diana Barkley s’est adressée à la clinique privée pour femmes Westcoast à Vancouver, dirigée par deux médecins, Bal Pawa et Nishi Dhawan. Selon la première, leur clinique est la seule au Canada à offrir des traitements hormonaux holistiques sous supervision médicale. Beaucoup de cliniques holistiques sont dirigées par des naturopathes, mais ils ne sont pas tous autorisés à prescrire une hormonothérapie.
Le personnel de la clinique a effectué un bilan de santé comprenant une analyse du style de vie de Diana ; une évaluation de son risque de cancer du sein, d’ostéoporose, de maladie cardiaque et de diabète ; enfin, une mesure des concentrations d’hormones dans son sang et son urine. Il a ensuite élaboré un programme de traitement qui se compose d’une faible dose d’œstrogène bio-identique prise par timbre transdermique, de comprimés de progestérone et de suppléments diététiques. L’examen médical ayant révélé un fort taux de cortisol, un indicateur hormonal de stress, Diana a été initiée à la méditation et à d’autres techniques de relaxation. Pour ce qui est de l’exercice, elle n’avait besoin d’aucun encouragement : dans ses temps libres, elle fait des concours internationaux de danse sur glace.
Le traitement a eu un effet spectaculaire. « Je me sens en pleine forme, dit-elle. Je dors bien. J’ai plus d’énergie. Je suis plus sereine. » Selon la Dre Pawa, pour restaurer l’harmonie physiologique perturbée par la ménopause, il faut d’abord faire attention à soi : manger sainement, prendre les bons suppléments vitaminiques et minéraux en quantité suffisante, boire moins de café et d’alcool, bouger, dormir assez longtemps, se détendre et cultiver des relations -positives. « C’est imparable, dit-elle. En optimisant ces facteurs-là, nous soulageons beaucoup de symptômes et nous ralentissons de façon prodigieuse le vieillissement de l’organisme. »
Les médecins de la clinique pour femmes Westcoast prescrivent des hormones bio-identiques et administrent toujours l’œstrogène par voie transdermique. « Pris oralement, il est métabolisé par le foie, explique la Dre Pawa, et certains sous-produits peuvent être cancérigènes. De plus, il altère certaines protéines hépatiques, ce qui épaissit le sang et accroît le risque de caillots. Par voie transdermique, on peut réduire la dose et, donc, les risques d’une attaque et de maladies cardiaques. »
Les hormones bio-identiques passent pour parfaitement sûres, mais la Dre Pawa précise que ce n’est pas le cas, d’où l’importance d’obtenir un avis -médical sérieux. « La question n’est pas de savoir si les hormones sont bonnes ou pas, mais de déterminer si elles le sont pour cette patiente-là. Ce n’est pas parce qu’une amie en a pris que vous pouvez en prendre vous aussi. »
Les remèdes naturopathiques
Ann Lawrence, naturopathe à la clinique Dragonfly à Ottawa, reçoit régulièrement des femmes ménopausées. Son traitement conjugue acupuncture, homéopathie, plantes médicinales et suppléments. S’y ajoutent des conseils sur le mode de vie et l’alimentation ainsi qu’une technique, dite thérapie de Bowen, qui fait travailler doucement le tissu musculaire et conjonctif. « La naturopathie peut soulager beaucoup de symptômes si la femme est prête à faire un effort, dit-elle. Le traitement l’aidera non seulement à supporter la ménopause, mais aussi à se sentir mieux après. »
Selon Barbara Weiss, naturopathe à Port Hope et à Toronto, de plus en plus d’indices confirment l’efficacité des plantes riches en phyto-œstrogènes (isoflavones et lignanes) comme le soja et la graine de lin broyée pour combattre les symptômes de la ménopause et protéger le cœur et les os. Une étude clinique aléatoire sur 177 femmes effectuée en 2000 a démontré que l’isoflavone du soja atténuait les bouffées de chaleur.
Quelques petites études sont parvenues à la même conclusion à propos de l’acupuncture. Une expérience turque menée en 2011 sur 53 femmes ménopausées a établi que l’acupuncture chinoise classique, administrée deux fois par semaine pendant 10 semaines, atténuait les bouffées de chaleur. Une autre, conduite en 2006 sur 29 femmes par des chercheurs des universités Stanford et Harvard, a constaté que sept semaines d’acupuncture avaient réduit les suées nocturnes. Une troisième, plus -importante puisqu’elle impliquait 267 Norvégiennes, a démontré en 2009 que l’ajout de séances d’acupuncture à un programme de soins auto-administrés (repos, relaxation, alimentation santé et restrictions sur le tabac et l’alcool) améliorait leur efficacité.
Gosia Pacyna, acupunctrice qui pratique la médecine chinoise traditionnelle à la clinique holistique AllOne à Toronto, obtient d’excellents résultats avec l’acupuncture, les plantes médicinales chinoises, l’acupression et le massage Tuina. Elle voit la ménopause comme une renaissance, un temps de paix et de sagesse. Elle a vécu la sienne récemment et a utilisé des remèdes naturels pour soulager ses symptômes. « Je pratique ce que je prêche », affirme-t-elle. Elle a délibérément ralenti le rythme. « J’ai 53 ans, ce serait ridicule de prétendre que je suis encore dans la vingtaine ou la trentaine. »
Hormonothérapie
Si les changements d’habitudes et les thérapies naturelles ne soulagent pas les symptômes, « le traitement le plus efficace, et de loin, c’est l’hormonothérapie », tranche Donna Fedorkow, qui souligne qu’on ne parle plus de traitement « de substitution ».
Les femmes qui se présentent à son cabinet sont à bout. « Elles souffrent depuis longtemps déjà et ont essayé toutes sortes de choses. Je leur confirme qu’elles ont raison de vouloir une hormonothérapie. » Elles ont alors le choix entre l’administration par voie orale ou transdermique (gel, crème, timbre) d’hormones classiques ou bio-identiques (qui ont la même structure moléculaire que celles de la femme). Le traitement classique conjugue le Premarin (provenant de l’urine de jument enceinte) et le Provera (une progestine de synthèse). Les hormones bio-identiques sont des extraits de graine de soja et d’igname modifiés en laboratoire. « L’éventail des options s’élargit sans cesse, ce qui permet d’adapter le traitement à chaque cas », dit le médecin.
En 2002, une vaste enquête intitulée Women’s Health Initiative avait évalué les risques et avantages de l’hormonothérapie dans la prévention de certaines maladies chroniques. Les premiers résultats avaient révélé que les femmes qui prenaient du Premarin et du Provera avaient des taux plus élevés de crises cardiaques et de caillots sanguins dans les poumons ou les jambes. Les médecins pensent à présent que, si l’hormonothérapie est à déconseiller aux femmes ayant fait un cancer du sein ou une embolie veineuse profonde, elle n’est pas dangereuse à faible dose pour une brève période si elle est prescrite au début de la ménopause. « Nous conseillons de commencer le plus vite possible après l’apparition des symptômes », dit la Dre Fedorkow. Il arrive toutefois que la femme consulte jusqu’à un an après, quand elle n’en peut plus. « Si elle a moins de 70 ans, le risque cardiaque n’est pas important, précise-t-elle. La règle d’or pharmacologique est de prescrire la plus faible dose pour la plus courte durée possible. »