La méditation est-elle efficace?
Est-il possible de calmer nos pensées et de libérer notre esprit par la méditation? La journaliste Patricia Pearson nous éclaire sur le sujet.
Je pense trop. Tout le monde me le dit. Un petit ami m’a un jour quittée en me disant: «Tu penses trop».
Je ne sais pas ce que trop réfléchir signifie véritablement, étant donné que je n’ai jamais été dans la peau de quelqu’un d’autre. Les autres éprouvent-ils des sensations de vent ou ont-ils des images mentales de prés flottant autour d’eux?
Se disent-ils par exemple: je vais faire des lasagnes pour le souper, puis oublient carrément le sujet jusqu’à l’heure du repas alors que, pour ma part, je change d’avis 5 fois en ce qui concerne le menu et tout le reste d’ailleurs!
Je sais par contre que chaque fois que j’ai participé à un cours de yoga ou que je me suis retrouvée dans un fauteuil d’hypnotiseur et que l’instructeur a dit: «relaxez votre esprit», j’ai été incapable d’y parvenir. Tel un Border Collie en liberté, mon esprit vagabonde, se saisissant de tous les idées, odeurs et sons dans la pièce jusqu’à ce que je puisse me lever pour partir.
C’est pourquoi j’ai toujours évité comme la peste la méditation. Je sais pourtant qu’il s’agit d’une technique très recommandée pour réduire le stress, l’anxiété et la douleur. En fait, il faudrait m’administrer des narcotiques pour que je puisse me concentrer uniquement sur ma respiration durant 30 minutes.
De plus, comment dois-je m’asseoir? Les personnes ayant de l’expérience en méditation disent que la façon de s’asseoir fait partie intégrante du processus. La plupart des femmes d’un certain âge sont toutefois incapables de s’asseoir les jambes croisées, comme Buddha, les chevilles sur les genoux. Si elles tentent l’expérience, elles seront incapables de se déplier et devront être transportées dans une brouette chez le chiropraticien. Pour ma part, en guise de détente, je privilégie les siestes qui remplacent la méditation.
J’ai décidé récemment de donner une chance à la méditation après avoir parlé à mon ami Jeff, atteint d’un trouble déficitaire de l’attention. Jeff a de la difficulté à se concentrer. J’étais intriguée par le fait qu’il ait découvert une pratique efficace de méditation axée sur la pleine conscience. Il médite désormais une demi-heure chaque matin et semble bien plus calme qu’avant.
Jeff est journaliste scientifique; il a commencé à étudier cette technique particulière nommée méditation Vipassana auprès de Shinzen Young, praticien ayant un doctorat en études bouddhistes, de l’Université du Wisconsin. Dans cette université, les neuroscientifiques mènent, depuis 10 ans, des recherches sur le cerveau des moines tibétains.
Les chercheurs étudient, au moyen d’examens IRM, le cerveau de moines qui méditent, comparant les novices à ceux qui ont une longue expérience de la pratique. Ils ont découvert chez les sujets une étonnante plasticité cérébrale, qui est la capacité du cerveau à se restructurer. Lors de la méditation, on observe chez les sujets expérimentés une augmentation intense de l’activité des neurones dans le cortex préfrontal gauche, qui, selon le neuroscientifique Richard Davidson, est à l’origine d’un état d’esprit plus positif, comme le bonheur et le calme.
Il existe toutefois diverses manières d’aborder la méditation, ce que je ne savais pas auparavant. Tous les jeudis, en soirée, Jeff montre à un petit groupe d’amis comment utiliser les techniques Vipassana en vue d’atteindre deux objectifs, la clarté et la sérénité. Ces deux concepts sont importants pour bien appréhender le processus.
Il ne s’agit pas simplement de se concentrer sur un mot (comme ohm) ou sur une action comme la respiration’ pour finir immanquablement par manquer de concentration. L’objectif est de parvenir à un état de conscience de soi où la concentration est élevée ou à ce que Shinzen Young nomme «l’observation systématique des portes du sens». Essayez de prendre conscience de votre respiration, de vos pensées ou des émotions qui vous habitent; ensuite, tel un observateur, prenez un peu de recul pour atteindre la «sérénité». Ainsi, il n’est pas question d’essayer d’oublier une pensée précise, mais bien d’être un calme témoin de votre être intérieur.
«La pratique de la pleine conscience entraîne votre système nerveux à mieux se connaître et à moins intervenir», a écrit Shinzen Young. La connaissance de soi est l’élément de clarté et le détachement l’élément de sérénité. En d’autres termes, on peut considérer la «sérénité comme une attitude légèrement prosaïque face à notre expérience sensorielle».
Voici un exemple. J’ai dû récemment faire la queue interminablement au service des permis de conduire. Mon permis avait été suspendu, car le chèque que je croyais avoir posté s’était malencontreusement retrouvé sous le siège de ma voiture. J’ai donc dû attendre pour payer une amende, assortie d’une autre amende pour le permis suspendu et de frais de rétablissement du permis.
Je suis restée assise une heure sur une chaise inconfortable, ne pouvant quitter ma place ou me détendre, car les numéros s’affichent si rarement qu’il est impossible de prévoir son tour.
J’ai commencé par éprouver de la rage et de l’ennui, à dose égale. Jeff m’avait toutefois expliqué les concepts de clarté et de sérénité. J’ai donc fermé les yeux afin de parcourir mon corps pour comprendre où se manifestait la fureur (au niveau de ma gorge et de ma poitrine). Cette méthode s’intitule la méditation dite «de conscience» lorsque le lieu de la conscience de soi est l’expression physique de l’émotion. Plutôt que de permettre aux sensations physiques d’envoyer à mon cerveau une série de pensées désagréables, j’étais censée noter simplement les sensations, puis les laisser s’estomper.
En fait, je n’ai pas réussi, car pour parvenir à l’état de clarté et de sérénité, il faut un peu de pratique. J’ai continué à éprouver de la colère et de l’ennui, mais en notant les sensations qui m’habitaient, je me suis toutefois quelque peu rapprochée de l’esprit de détachement recherché.
La méditation me permettra-t-elle un jour d’avoir une attitude décontractée? J’ai décidé de suivre cinq cours de deux heures avec Jeff pour intégrer cinq techniques bien précises. À suivre’