L’homéopathie peut-elle être utile pour la santé?
L’homéopathie est une méthode thérapeutique qui veut amener l’organisme à se guérir par lui-même. Elle se fonde sur la loi de similitude. Les symptômes d’une maladie, comme la fièvre ou l’inflammation, sont des signes de ce qu’il faut au corps pour s’autosoigner. En étudiant ces signes, l’homéopathe découvre comment aider l’organisme. Est-elle vraiment utile pour la santé?
Plutôt que d’essayer de supprimer les symptômes, comme le ferait un adepte de la médecine classique, l’homéopathe peut faire appel à des remèdes qui les accentuent. Imaginons que vous avez un rhume : vos yeux et votre nez coulent. Plutôt que de vous donner de l’antihistamine pour tarir ces sécrétions, l’homéopathe vous prescrirait de l’Allium cepa, remède à base d’oignon, qui les décuplerait.
Comment prépare-t-on les médicaments ?
Les médicaments sont préparés à partir de substances végétales, minérales ou animales extrêmement diluées. Regardez une préparation homéopathique dans un magasin d’aliments naturels ou à la pharmacie. Vous verrez qu’un chiffre suit le nom, le plus souvent 6, ainsi que d’autres chiffres en progression : 30, 200, 1M (1 000). Parfois un « C » – pour centésimal (un centième) – suit le chiffre. Il précise la dilution. Elle peut être si importante qu’il ne reste plus de trace détectable de la substance initiale.
Après chaque dilution, on secoue énergiquement la préparation, procédé appelé dynamisation qui assurerait la libération de ce que les homéopathes appelle « l’énergie » primaire de la substance et son déplacement vers le remède. Plus le nombre des dilutions et des dynamisations est élevé, plus grand est le pouvoir du remède, croient les homéopathes. On peut se demander comment fonctionne l’homéopathie si sa base est si diluée. Les praticiens rétorquent qu’ils pratiquent une médecine fondée sur l’énergie. Cette énergie transfère aux patients le pouvoir curatif du remède, un peu comme la batterie d’une voiture aide à faire démarrer une autre voiture. Cette explica- tion rend les praticiens de la médecine classique et les scientifiques très sceptiques. Comment si peu que rien peut-il agir sur quelque chose ?
Pourtant la recherche soutient que les remèdes homéopathiques atténuent les symptômes de maladies, migraines et allergies saisonnières par exemple. Une analyse de 89 études publiée dans The Lancet a conclu que le traitement homéopathique ne s’explique pas par un effet placebo. Par rapport à un placebo, presque deux fois plus de patients en moyenne ont très probablement bénéficié des bons effets d’un remède homéopathique. Les médicaments homéopathiques se présentent souvent sous la forme de granules qu’on laisse fondre sous la langue.
Le pire avant le mieux
Étant donné la dilution des remèdes homéopathiques, il y a peu de risques qu’ils soient nocifs : un enfant pourrait en avaler une bouteille entière sans problème. C’est dire qu’il est généralement sans danger de soigner des troubles mineurs à la maison avec une trousse homéopathique de premiers soins vendue dans plusieurs pharmacies. Néanmoins, le choix du bon remède est problématique parce que les patients ne sont pas tous soignés avec le même médicament pour la même maladie. Contre un rhume, par exemple, on peut prescrire à une personne un remède différent de celui qu’on prescrit à une autre personne ; tout dépend de la nature de leur toux et de leur état de santé général. Lors de votre première visite chez un homéopathe, on vous posera des questions précises sur vos symptômes, mais aussi sur votre humeur, vos intérêts, vos aliments préférés, vos miccions et votre énergie, de façon à avoir de vous un portrait global reliant votre esprit à votre corps.
On peut vous faire subir un examen général, surtout si votre homéopathe est aussi médecin. Quand vous prenez le médicament qu’on vous prescrit, vous pouvez vous sentir plus mal avant de vous sentir mieux, le principe étant d’intensifier les symptômes pour provoquer la réponse immunitaire. Les sceptiques ont alors beau jeu de dire que ce principe met le remède à l’abri de toute critique et que le corps se guérit de lui-même sans que le médicament y soit pour quelque chose.
Y a-t-il des risques ? Les microdoses ne peuvent, seules, vous causer du tort car les remèdes homéopathiques sont tellement dilués que leurs ingrédients actifs ne le sont plus. La belladone homéopathique, par exemple, ne contient probablement pas de vraie belladone. Pourtant, les patients peuvent être tentés de se soigner eux-mêmes avec des remèdes aux étiquettes vagues pour soulager des symptômes bien réels, comme maux d’oreille, surmenage ou douleur. Or, l’homéopathie coûte assez cher et est rarement remboursée par les assurances médicales. L’Association médicale canadienne n’autorise ni ne rejette l’homéopathie, mais la tient pour une médecine alternative laissée au libre choix du médecin.
Pour en tirer le plus de bienfaits
C’est connu, les remèdes homéopathiques sont très sensibles à leur environnement. Divers éléments peuvent réduire leurs atouts à néant, dont les suivants :
– Odeurs fortes : Le café, le camphre, les parfums, les épices et même les odeurs de cuisine peuvent les neutraliser.
– Lumière : La lumière vive du soleil, d’un tube fluorescent ou d’une ampoule halogène peu- vent tuer leur énergie fragile. C’est pour cela que plusieurs remèdes sont vendus en conditionnements opaques.
– Chaleur : La forte chaleur, comme dans une voiture en été, peut détruire le remède, mais ni le froid ni le gel.
– Champs magnétiques : Ordinateurs, détecteurs de métal, couvertures
Le pouvoir des fleurs
Comme l’homéopathie, les fleurs de Bach ont été mises au point, au début du XXe siècle, par un médecin britannique, Edward Bach, pour traiter des êtres humains et non des maladies ou des symptômes. Chacun des 38 remèdes créés par Bach vise un état d’âme comme « l’indécision » ou « l’incapacité à apprendre de ses erreurs ». Ils sont élaborés à partir d’inflorescences exposées au soleil dans un bol d’eau purifiée, puis diluée et coupée d’eau-de-vie comme agent de conservation. L’énergie des fleurs ainsi préservée peut transformer des attitudes négatives, sources de maladie, en attitudes positives qui stimulent la guérison. Moins étudiées que l’homéopathie et considérées avec scepticisme par les médecins, les fleurs de Back deviennent populaires.
Le fameux remède d’urgence élaboré selon les principes de Bach – le Rescue, « à employer dans tous les cas d’urgence » – se vend par millions de flacons tous les ans dans le monde entier. On prend la teinture telle quelle, quelques gouttes à la fois ; on peut aussi en mettre trois ou quatre gouttes dans de l’eau et en prendre de temps à autre durant la journée.
Nouvelles de dernière heure
Dans le British Medical Journal, on a fait état d’un essai selon lequel, pour certaines maladies, les remèdes homéopathiques sont plus efficaces que les placebos inactifs. Des chercheurs de Glasgow, en Écosse, ont choisi au hasard 51 personnes souffrant de rhume des foins chronique et les ont divisées en deux groupes : 24 ont reçu un remède homéopathique chaque jour et 27, un placebo chaque jour, pendant quatre semaines. On a demandé à chaque sujet de tenir un compte rendu quotidien : mesure du passage de l’air dans le nez, éternuements, écoulement nasal, larmoiement et malaises thoraciques.
Résultat : les patients traités en homéopathie ont vu leur état s’améliorer de 28 %, mais l’amélioration n’a été que de 3 % chez les patients traités par placebo.
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