La science des changements climatiques a plus de 150 ans et c’est probablement le domaine le plus étudié de la science moderne . Cependant, le secteur de l’énergie, les lobbyistes politiques et d’autres ont passé les 30 dernières années à semer le doute sur cette science, là où pourtant, ces doutes ne devraient pas exister.
Selon les dernières estimations, les cinq plus grandes compagnies pétrolières et gazières publiques du monde dépensent environ 200 millions de dollars par an pour faire pression afin de contrôler, retarder ou bloquer des politiques contraignantes motivées par le climat.
Ce déni organisé et orchestré de la science des changements climatiques a contribué à l’absence de progrès dans la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), au point où nous sommes confrontés à une urgence climatique mondiale. Les chiffres parlent, en voici la preuve avec ces 14 statistiques sur les changements climatiques.
Et lorsque les négationnistes du changement climatique utilisent certains mythes – au mieux des fausses nouvelles et au pire des mensonges – pour miner la science des changements climatiques, les gens ordinaires peuvent trouver difficile de démêler le vrai du faux.
Voici les cinq mythes couramment véhiculés, et ce que la science en dit…
Les changements climatiques font partie du cycle naturel
Le climat de la Terre a toujours changé, mais l’étude de la paléoclimatologie ou «climats passés» nous montre que les changements des 150 dernières années – depuis le début de la révolution industrielle – ont été exceptionnels et ne peuvent être naturels. Les modélisations suggèrent que le futur réchauffement prévu pourrait être sans précédent par rapport aux cinq millions d’années précédentes.
L’argument des «changements naturels» est conforté par la théorie selon laquelle le climat de la Terre se remet à peine des températures plus fraîches du Petit Âge glaciaire (1300-1850) et que les températures actuelles sont les mêmes que celles de la période de réchauffement médiéval (900-1300). Le problème est que le Petit Âge glaciaire et la période de réchauffement médiéval n’étaient pas des changements globaux mais régionaux dans le climat affectant l’Europe du Nord-Ouest, l’Amérique orientale, le Groenland et l’Islande.
Une étude utilisant 700 relevés climatiques a montré qu’au cours des 2 000 dernières années, un seul changement climatique dans le monde a eu lieu en même temps et dans la même direction, et il s’est produit au cours des 150 dernières années: plus de 98% de la surface de la planète s’est réchauffée.
Et il n’y a pas que les températures qui sont touchées. Apprenez comment les changements climatiques affectent votre santé.
Les changements sont causés par des rayons cosmiques galactiques
Les taches solaires sont des tempêtes à la surface du soleil qui s’accompagnent d’une activité magnétique intense et parfois, d’éruptions solaires. Ces taches solaires ont le pouvoir de modifier le climat de la Terre. Les scientifiques qui utilisent des capteurs sur les satellites enregistrent la quantité d’énergie solaire qui frappe la Terre. Depuis 1978, il n’y a pas eu de tendance à la hausse. Ils ne peuvent donc pas être à l’origine du récent réchauffement climatique.
Les rayons cosmiques galactiques sont des rayonnements à haute énergie qui proviennent de l’extérieur de notre système solaire et parfois même de galaxies éloignées. Il a été suggéré qu’ils peuvent aider à «faire» des nuages. Ainsi, une réduction de ces rayons frappant la Terre signifierait moins de nuages, ce qui réfléchirait moins de lumière solaire dans l’espace et provoquerait un réchauffement de la Terre.
Mais il y a deux problèmes avec cette idée. Tout d’abord, les preuves scientifiques montrent que ces rayons ne sont pas très efficaces pour créer des nuages. Deuxièmement, au cours des 50 dernières années, le nombre de ces rayons a en fait augmenté, atteignant des niveaux records au cours des dernières années. Si cette idée était correcte, les rayons cosmiques devraient refroidir la Terre, ce qui n’est pas le cas.
Le CO₂ n’a pas d’effet l’atmosphère…
Le CO₂ ne forme qu’une petite partie de l’atmosphère – il ne peut donc pas avoir d’effet sur elle. Il s’agit d’une tentative de jouer la carte du «gros bon sens», mais elle est complètement fausse. En 1856, une scientifique américaine Eunice Newton Foote a mené une expérience avec une pompe à air, deux cylindres de verre et quatre thermomètres. Elle a montré qu’un cylindre contenant du dioxyde de carbone et placé au soleil emprisonnait plus de chaleur et restait plus chaud plus longtemps qu’un cylindre avec de l’air normal. Les scientifiques ont répété ces expériences en laboratoire et dans l’atmosphère, démontrant encore et encore l’effet de serre du dioxyde de carbone.
Quant à l’argument de l’échelle du «bon sens» selon lequel une très petite partie de quelque chose ne peut pas avoir beaucoup d’effet sur elle, il suffit de 0,1 gramme de cyanure pour tuer un adulte, ce qui représente environ 0,0001% de votre poids corporel. Comparez cela avec le dioxyde de carbone, qui constitue actuellement 0,04% de l’atmosphère et qui est un gaz à effet de serre important. Pendant ce temps, l’azote représente 78%de l’atmosphère et pourtant, il est très peu réactif.
Les scientifiques manipulent les données…
Les scientifiques manipulent les données pour montrer une tendance au réchauffement. Ce n’est pas vrai et c’est un argument simpliste utilisé pour attaquer la crédibilité des climatologues. Il faudrait une conspiration couvrant des milliers de scientifiques dans plus de 100 pays pour atteindre l’échelle nécessaire à cette fin.
Les scientifiques corrigent et valident des données tout le temps. Par exemple, nous devons corriger les enregistrements de température à travers le temps car la façon dont ils ont été mesurés a changé. Entre 1856 et 1941, la plupart des températures de la mer ont été mesurées à l’aide d’eau hissée sur le pont dans un seau. Même cela n’était pas constant, car les seaux en bois ont été changés pour des seaux en toile et les voiliers, pour des navires à vapeur, ce qui a modifié la hauteur du pont du navire. Ces changements ont à leur tour modifié la quantité de refroidissement causée par l’évaporation lorsque le seau était soulevé sur le pont. Depuis 1941, la plupart des mesures ont été effectuées aux prises d’eau des moteurs du navire, de sorte qu’on n’a pas à tenir compte d’un refroidissement par évaporation.
Nous devons également tenir compte du fait que de nombreuses villes se sont développées et que les stations météorologiques qui se trouvaient dans les zones rurales sont désormais dans des zones urbaines, généralement beaucoup plus chaudes que la campagne environnante.
Si nous n’avions pas apporté ces changements aux mesures initiales, le réchauffement de la Terre au cours des 150 dernières années aurait semblé encore plus important que celui qui a été observé, qui est maintenant d’environ 1˚C.
Les modèles climatiques ne sont pas fiables…
Les modèles climatiques ne sont pas fiables et sont trop sensibles au dioxyde de carbone. C’est inexact et c’est une mauvaise compréhension de la façon dont les modèles fonctionnent. C’est une façon de minimiser la gravité des futurs changements climatiques. Il existe une vaste gamme de modèles climatiques, allant de ceux qui visent des mécanismes spécifiques tels que la compréhension des nuages, aux modèles de circulation générale (MCG) qui sont utilisés pour prédire le climat futur de notre planète.
Il y a plus de 20 grands centres internationaux où des équipes composées de personnes parmi les plus intelligentes du monde ont construit et exploité des MCG contenant des millions de lignes de code représentant les toutes dernières connaissances sur le système climatique. Ces modèles sont continuellement testés par rapport aux données historiques et paléoclimatiques ainsi qu’aux événements climatiques tels que les grandes éruptions volcaniques.
Aucun modèle ne devrait jamais être considéré comme correct, car il représente un système climatique mondial très complexe. Mais avoir autant de modèles différents construits et calibrés indépendamment signifie que nous pouvons avoir confiance lorsqu’ils sont en accord .
Si l’on considère l’ensemble des modèles climatiques, un doublement du dioxyde de carbone pourrait réchauffer la planète de 2˚C à 4,5˚C, avec une moyenne de 3,1˚C.
Tous les modèles montrent un réchauffement important lorsque du dioxyde de carbone supplémentaire est ajouté à l’atmosphère. L’ampleur du réchauffement prévu est restée très similaire au cours des 30 dernières années malgré l’énorme augmentation de la complexité des modèles, ce qui montre qu’il s’agit d’un solide résultat scientifique.
En combinant toutes nos connaissances scientifiques sur les facteurs naturels (solaire, volcanique, aérosols et ozone) et anthropiques (gaz à effet de serre et changements d’affectation des sols) de réchauffement et de refroidissement, le climat montre que 100% du réchauffement observé depuis 150 ans est dû aux humains.
Il n’y a aucune preuve scientifique pour appuyer le déni continu des changements climatiques. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), créé par les Nations Unies pour donner les derniers résultats scientifiques de manière ouverte et transparente, fournit six sources de données claires sur le changement climatique. À mesure que les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents, les gens se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin de scientifiques pour leur dire que le climat est en train de changer – ils le voient et le vivent de première main.
Mark Maslin, Professeur de sciences du système terrestre, UCL
La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.