« S’agit-il d’un excès de table ou d’hyperphagie boulimique ? »
Nous répondons à vos questions sur l’hyperphagie boulimique, un trouble alimentaire qui est loin d’être un simple abus de nourriture.
« Qu’est-ce que l’hyperphagie boulimique ? »
Il arrive que l’on mange trop, probablement parce que les plats sont devant nous (notamment lorsqu’on reprend du dessert), lors d’une occasion spéciale comme un repas d’anniversaire ou en vacances. L’hyperphagie boulimique, c’est beaucoup plus que manger avec excès de temps à autre. En fait, les critères de diagnostic sont très précis.
En 2013, l’Association américaine de psychiatrie a catégorisé l’hyperphagie boulimique dans le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5), l’ouvrage de référence à des fins diagnostiques des professionnels en santé mentale. D’après le DSM-5, cette maladie se caractérise par des épisodes de compulsion alimentaire (une consommation excessive d’aliments en peu de temps) qui surviennent au moins une fois par semaine sur une période de trois mois ou plus. Les personnes atteintes d’hyperphagie boulimique peuvent manger plus vite qu’à l’habitude ou en cachette même si elles n’ont pas faim.
Ce trouble influe sur la façon de manger et sur les émotions. Une personne aux prises avec l’hyperphagie boulimique est incapable de se contrôler durant un épisode de compulsion alimentaire. Elle peut alors s’empiffrer au point de se sentir incommodée parce qu’elle est trop rassasiée. Il peut en résulter un sentiment de détresse, de culpabilité ou de dégoût.
Lors du diagnostic, l’hyperphagie boulimique peut être classée de légère (un à trois épisodes par semaine) à très grave (14 épisodes ou plus par semaine).
« Qu’est-ce qui provoque un épisode de compulsion alimentaire ? »
Selon le DSM-5, les épisodes de compulsion alimentaire sont provoqués par des éléments déclencheurs. Le fait d’être de mauvaise humeur juste avant la survenue d’un épisode compte pour beaucoup. Parmi les autres éléments déclencheurs figurent le stress, la restriction alimentaire, le fait d’être insatisfait de son poids ou de son image corporelle et même le fait de se sentir coupable de manger certains aliments. L’hyperphagie boulimique peut devenir un cercle vicieux : un épisode de compulsion alimentaire, suivi d’un sentiment de culpabilité, suivi d’un autre épisode de compulsion alimentaire.
« En quoi l’hyperphagie boulimique diffère-t-elle de la boulimie ? »
Tout comme l’hyperphagie boulimique, la boulimie implique des épisodes fréquents de compulsion alimentaire et une perte de contrôle. Cependant, dans le cas de la boulimie, la personne tente d’éliminer les calories ingérées au moyen de vomissements provoqués, d’un abus de laxatifs ou d’exercices physiques excessifs.
L’hyperphagie boulimique est plus courante que la boulimie. Une étude menée par la faculté de médecine de l’Université Harvard a démontré que chez les femmes la prévalence de l’hyperphagie boulimique au cours d’une vie était de 3,5 %, comparativement à 1,5 % pour la boulimie. Quant aux hommes, on estime que 2 % d’entre eux souffriront d’hyperphagie boulimique et que 0,5 % seront aux prises avec la boulimie.
« À quel point l’hyperphagie boulimique est-elle répandue ? »
Bien que l’hyperphagie boulimique soit plus répandue que l’anorexie et la boulimie combinées, toutes les personnes qui ont besoin d’aide ne vont pas nécessairement en obtenir. En 2013, une étude menée auprès des participants au sondage sur la santé mentale de l’Organisation mondiale de la santé a révélé que seulement 38 % des gens ayant reçu un diagnostic d’hyperphagie boulimique avaient suivi un traitement. Dans le cadre de cette étude, ayant permis de recueillir de l’information dans 14 pays, il a aussi été démontré que les hommes étaient moins susceptibles de recevoir un traitement que les femmes.
« Comment en parler à mon médecin ? »
On peut éprouver de la réticence à discuter de troubles alimentaires avec son médecin puisqu’il s’agit d’un sujet délicat. Néanmoins, vous devez vous rappeler que l’hyperphagie boulimique est de plus en plus reconnue comme un problème médical et que les professionnels de la santé sont de mieux en mieux informés sur la maladie et les choix de traitement. Si vous croyez souffrir d’hyperphagie boulimique, consultez votre médecin de famille et engagez la conversation.