Hommes en détresse
- Pas d’énergie? Votre taux de testostérone pourrait être en cause.
Principale hormone sexuelle masculine, la testostérone détermine en grande partie l’état de santé et le bien-être général des hommes. « Sécrétée par les testicules, elle se rend jusqu’aux centres cérébraux qui régissent l’humeur, la cognition et la libido », précise le Dr Jerald Bain, endocrinologue à l’hôpital Mount Sinai de Toronto. « Elle stimule également la production des globules rouges et contribue au maintien de la masse osseuse. »
Que se passe-t-il quand le corps ne produit pas assez de testostérone? Détérioration de la concentration, manque de motivation, léthargie, diminution du désir sexuel. Les testicules eux-mêmes ont besoin de cette hormone pour secréter le sperme. Selon les estimations du Dr Bain, 50 pour cent des hommes de plus de 50 ans pourraient souffrir d’un taux de testostérone biodisponible insuffisant, à tout le moins inférieur à la normale. En l’absence de traitement, l’ostéoporose et le dysfonctionnement érectile les guettent. Une étude récente constate même que les hommes dont le niveau de testostérone est particulièrement bas présentent un risque plus élevé de mort prématurée.
Normalité/anormalité
Le taux de testostérone diminue graduellement au fil du temps. Une étude relève une baisse annuelle de 1,2 pour cent dès l’âge de 25 ans. « Un nombre significatif de Canadiens souffrent probablement de symptômes attribuables à une diminution de la testostérone disponible sans être diagnostiqués ni traités », ajoute le Dr Bain. Un simple test sanguin permet pourtant de déterminer si le corps sécrète cette hormone en quantité suffisante. Le Dr Bain précise que les normales fluctuent selon le laboratoire qui effectue le test. En général, on estime toutefois qu’un taux inférieur à 8 à 10 nanomoles par litre s’avère clairement insuffisant.
Les causes possibles
Le manque de testostérone peut s’expliquer par des problèmes testiculaires (dus à l’âge, à une infection ou à une inflammation virale) ou par une insuffisance de la sécrétion de l’hormone lutéinisante. Fabriquée par la glande pituitaire (hypophyse), l’hormone lutéinisante déclenche des décharges de testostérone à intervalles de 90 minutes. « L’arrêt ou le ralentissement de ces décharges induit une baisse du taux de testostérone qui provoque un certain nombre de symptômes », explique le Dr Richard Spark, directeur du Laboratoire de recherches sur les hormones stéroïdiennes du Centre médical Beth Israel Deaconess de Boston et professeur clinicien associé de médecine à l’École de médecine de Harvard. Les scientifiques n’ont toutefois pas encore déterminé pourquoi ces décharges diminuent chez certains hommes, et pas chez d’autres.
Le Dr Bain indique que de nouvelles recherches associent l’insuffisance du taux de testostérone à l’obésité, au diabète, à l’hypertension artérielle, à l’hypercholestérolémie et aux maladies coronariennes. D’autres facteurs peuvent également intervenir : anomalie chromosomique, tumeur de l’hypophyse, cancer du testicule. Cette maladie étant de plus en plus fréquente chez les jeunes hommes, ceux-ci auraient avantage à pratiquer régulièrement l’auto-examen testiculaire pour détecter nodules et masses suspectes. Ils devraient également profiter de leurs bilans de santé annuels pour demander au médecin d’examiner leurs organes génitaux.
Les traitements envisageables
Pour rétablir le taux de testostérone, l’endocrinologue optera pour l’injection, le comprimé quotidien ou le gel ou les timbres transdermiques. (Il est à noter que ces produits ne sont pas comparables aux médicaments qui ne traitent que le dysfonctionnement érectile, par exemple le Viagra.) « La méthode la plus efficace reste l’injection dans la fesse toutes les deux semaines », précise le Dr Bain. Les autres formes médicamenteuses sont moins prévisibles, car le rythme d’absorption par l’organisme fluctue d’un individu à l’autre. Par ailleurs, la patience reste de mise. Les résultats du traitement sont détectables immédiatement dans le sang, indique le Dr Spark, mais il faut environ un mois pour sentir une réelle différence – parfois plus. « À ce moment-là, ajoute-t-il, le patient constate généralement une amélioration de son humeur, de sa force musculaire et de sa libido. »