À éviter sur les médias sociaux: s’en servir comme d’une tribune
Les médias sociaux ne sont pas forcément la meilleure tribune pour les sujets polémiques, estime la spécialiste en étiquette Louise Fox. « Les sujets touchant à la politique sont délicats, et sans le ton de la voix ou le langage non-verbal pour aider vos interlocuteurs à interpréter votre message, les avis exprimés ont souvent l’air de manquer de nuance. » S’il vous tient néanmoins à cœur de partager vos opinions religieuses ou politiques, faites-le à petite dose afin de ne pas vous retrouver exclu des listes d’amis. C’est le sort que réserve Cathy*, une universitaire de 50 ans originaire d’Halifax, à un ancien camarade du secondaire qui lui a récemment envoyé une demande d’amitié. « Il publie des diatribes politiques deux à trois fois par jour, et il est rapidement devenu très clair que je ne partage pas du tout ses opinions », raconte-t-elle. « Lorsque j’ai publié un lien vers une nouvelle d’actualité, il est intervenu sur ma page avec une réponse de 500 mots. C’est comme s’il venait frapper à ma porte, et se mettait à me faire la morale cinq minutes après être entré chez moi. »
À éviter sur les médias sociaux: partager son intimité
Publier les détails peu ragoûtants d’un problème de santé ou les photos d’une soirée entre filles bien arrosée peu avoir des conséquences à long terme, d’autant plus que nos réseaux Facebook incluent souvent des contacts professionnels. C’est ce qui est arrivé lorsque Simone*, une responsable du marketing de 44 ans résidant à Oakville, en Ontario, a accepté la demande d’amitié d’un commercial avec lequel elle travaillait régulièrement.
« Il faisait des commentaires ignobles et postait des liens vers des images pornographiques », se souvient-elle. « Je l’ai non seulement supprimé de ma liste d’amis, mais à cause de ses publications irréfléchies il m’a également perdue comme cliente. » Les jeunes générations, qui ont grandi avec les médias sociaux, peuvent avoir davantage tendance à partager trop de détails et à en sous-estimer les conséquences négatives: leurs futurs employeurs potentiels feront des recherches sur Internet pour obtenir des informations sur eux. « Même si vos paramètres de confidentialité limitent vos publications à vos amis, l’un d’entre eux pourrait avoir un profil public, permettant ainsi à tout le monde de les voir », souligne Mencel. Dans certains cas, cela peut influer sur les chances d’une personne d’être embauchée.
À éviter sur Facebook: critiquer publiquement un ami
Commenter les méthodes éducatives d’un ami pour les critiquer, ou descendre en flammes votre sœur sur Facebook, c’est non ! « Des taquineries inoffensives entre personnes qui se connaissent et se comprennent assez bien peuvent passer », précise Fox, mais la méchanceté ou la chicane en public ne sont jamais appropriées. « Quelqu’un pourrait finir par être vraiment vexé, et il existe des façons plus constructives de communiquer en privé. »
À éviter sur les médias sociaux: faire sa promotion
Sophie,* 30 ans, concierge à Calgary, s’est récemment « désabonnée » d’une amie qui la bombardait de publications à propos des produits de santé qu’elle vend. « Elle encombrait mon fil d’actualités; je recevais des notifications et lorsque je cliquais, cela m’emmenait vers des publicités pour son entreprise. C’était extrêmement agaçant. » Ce genre de comportement peut également vous faire exclure complètement des listes d’amis, selon un sondage réalisé par NM Incite, une entreprise d’analyse des médias sociaux. « Il/elle essaie de me vendre quelque chose » était la troisième raison la plus citée pour retirer quelqu’un de sa liste d’amis (juste après « commentaires insultants » et « je ne le/la connais pas bien »). « Exploiter son réseau Facebook pour trouver des clients constitue un abus d’amitié », affirme Mencel. « Si vous voulez faire la promotion de votre commerce, il vaut mieux créer une page Facebook spécialement prévue à cet effet, de cette façon les gens peuvent choisir de s’y abonner ou non. »
À éviter sur Facebook: se comparer aux autres
La plupart des gens veulent se montrer sous un jour favorable sur Facebook, et il n’y a aucun mal à ça. Tel un album de scrapbooking du XXIème siècle, « Facebook est un espace où l’ont met en valeur nos atouts et les évènements heureux de notre vie », constate Phoenix Deerhawke, psychologue agréée à Calgary.
Mais si nous voyons uniquement des publications enthousiastes et des images de bonheur sur les profils de nos amis, cela peut nous donner le sentiment que notre propre vie est bien morne en comparaison. Cette pratique a été baptisée le fakebooking (« fauxbooking ») et peut avoir un impact négatif sur le moral. Dans une étude publiée en 2012 dans la revue Cyberpsychology, Behavior, and Social Networking, des sociologues ont en effet découvert que les étudiants qui utilisaient le plus Facebook estimaient que leurs « amis » -y compris ceux qu’ils ne connaissaient pas personnellement- étaient plus heureux et menaient des vies plus épanouissantes qu’eux.
Si le temps passé sur Facebook vous plombe le moral, vous devriez peut-être voir les choses sous un autre angle: « Facebook fonctionne un peu comme la bande-annonce d’un film », observe Deerhawke. « On ne voit que les meilleurs moments; on ne connaît pas toute l’histoire, on ne voit ni la fin ni le bêtisier. » Si regarder les profils de vos amis sur Facebook vous déprime, gardez à l’esprit que les gens sont généralement moins enclins à publier toutes leurs mésaventures, comme le rappelle Deerhawke. Après tout, qui voudrait immortaliser un événement malheureux ou prendre un selfie lors de ses mauvais jours ?
À éviter sur Facebook: chercher à attirer l’attention
Nous sommes tous déjà tombés sur un de ces statuts mystérieux, destinés à susciter l’inquiétude ou à obtenir de la compassion, tels que « C’est la pire journée de ma vie! » ou encore « Je suis sous le choc… ». Bien qu’ils puissent obtenir les réactions espérées de la part de certains amis, ces comportements sont perçus par les autres comme de pathétiques tentatives pour attirer l’attention. « Servez-vous de votre intelligence sociale avant de publier quelque chose, et interrogez-vous sur vos motivations », conseille Fox. « Êtes-vous en train de poster une information sur vous-même que vous voulez réellement partager avec autrui, ou votre but est-il purement intéressé, comme récolter des compliments sous votre dernier selfie ? » Si c’est plutôt la seconde réponse, pensez-y à deux fois.
Ne pas faire preuve de retenue
Sur Facebook, les gens ont tendance à dire et faire des choses qui ne leur viendraient jamais à l’esprit dans la vie de tous les jours, comme harceler leurs amis avec des chaînes de superstition, faire suivre des liens douteux ou poster des opinions politiques incendiaires. « Lorsqu’on est seul face à son ordinateur, il est facile d’oublier qu’on s’adresse en réalité à une pièce remplie de gens », constate Deerhawke. « Comme on se trouve à l’écart et non en face à face, la distance physique donne le courage de tenir des propos que l’on n’aurait pas dans la vraie vie. » Avant de publier quoi que ce soit, demandez-vous si vous diriez la même chose à un ami autour d’une tasse de café, dans la réalité, recommande Mencel. « Si vous hésiteriez à le dire à quelqu’un en face, ne le publiez pas sur Internet. »
Ne pas utiliser les paramètres de gestion des contacts
Les usagers de Facebook canadiens comptent en moyenne 190 amis : il est donc probable que de très vagues connaissances, voire des gens que vous n’appréciez pas spécialement, se trouvent dans votre liste. Mais refuser une demande d’amitié de la part de votre patron peut être délicat, et si une personne réalise que vous l’avez retirée de votre liste d’amis, elle pourrait en être blessée. « La Liste des utilisateurs restreints de Facebook est justement faite pour ce type d’amis », rappelle Alexandra Samuel, experte en médias sociaux à Vancouver. « De cette façon, ils ne voient que ce que vous postez publiquement, pas le contenu réservé à vos amis, et ils n’ont pas conscience d’avoir un accès restreint à vos publications. »
Pour créer votre Liste d’utilisateurs restreints, cliquez sur la flèche située à l’extrémité supérieure droite de la barre d’outils bleue de Facebook. Cliquez sur Paramètres, puis sur Blocage. Vous trouverez la Liste des utilisateurs restreints juste sous Gérer le blocage. Cliquez sur Modifier la liste (à droite) afin d’y ajouter des noms.
Si vous êtes simplement peu intéressé ou régulièrement ennuyé par les publications d’un ami, mais que vous ne voulez pas le retirer de votre liste ou l’empêcher de voir vos propres publications, vous avez toujours l’option de vous désabonner de son fil d’actualités. Sur votre page d’accueil, cliquez sur l’une de ses publications (la flèche en haut à droite) et choisissez l’option « Ne plus suivre… ».
Faire la promotion de vos exploits sur les médias sociaux
En faire des tonnes dans le registre « moi, moi, moi » et publier vos exploits à longueur de temps peut rebuter vos amis. « Ma cousine poste un statut à chaque fois que ses enfants ont une bonne note à l’école, et ne cesse de jacasser à propos de ses vêtements de marque branchés ou de ses incroyables voyages », se plaint Jane*, 43 ans, mère de deux enfants vivant à Toronto. « Elle ne publie que le meilleur et cela donne l’impression que sa vie est trop parfaite alors que je sais bien que ce n’est pas le cas! Comme c’est ma cousine je ne peux pas l’enlever de ma liste d’amis, mais je me suis désabonnée de ses publications. »
Entre ceux qui n’arrêtent pas de se vanter et ceux qui postent des selfies en rafale, vous commencez à vous demander si certains de vos amis Facebook ne seraient pas narcissiques -ce qui est bien possible, selon certaines études. Toutefois, Deerhawke pense que les amis qui nous paraissent un peu trop imbus d’eux-mêmes se sentent peut-être tout simplement isolés. « Lorsque l’on passe le plus clair de ses journées à affronter le monde seul, il est tentant de dégainer son téléphone intelligent pour prendre vite fait une photo de sa nourriture ou de soi-même », souligne-t-elle. « Quand on publie et que les gens « aiment », on a l’impression qu’ils sont présents à nos côtés. En ce sens, Facebook crée un sentiment de communauté. »
Ne pas regrouper vos amis en fonction d’intérêts communs
Si vous ne voulez pas ennuyer tous vos amis avec des publications hebdomadaires sur les victoires de votre fils au football ou, pire encore, mourir vous-même d’ennui à cause de vidéos de chats postées quotidiennement par un ami, créez des listes d’amis personnalisées. Par exemple, vous pourriez avoir une liste V.I.P contenant les amis avec lesquels vous interagissez le plus, et plusieurs autres listes pour ceux avec lesquels vous partagez des centres d’intérêt, comme les amis des animaux ou les amateurs de cuisine.
« Je conseille aux parents de créer une liste « Enfants » réservée aux amis de confiance, avec qui vous êtes l’aise de partager des informations où vos enfants sont identifiables, et qui sont aussi susceptibles d’être intéressés par les publications portant sur votre progéniture », déclare Samuel. Les listes vous permettent aussi de mieux profiter du temps passé sur Facebook : au lieu de parcourir les publications de tout un chacun sur votre fil d’actualités, vous pouvez jeter un œil directement à vos listes personnalisées afin de ne pas manquer les publications qui vous intéressent davantage. Pour créer des listes personnalisées, cliquez sur Amis, dans le menu situé à gauche de la page d’accueil, puis sur Créer une liste.
Abuser des demandes d’amitié
Si vous êtes un employeur, il est mal vu d’envoyer des demandes d’amitié à vos employés sur Facebook. « C’est inapproprié car il y a un déséquilibre de pouvoir », souligne Mencel. « Si vous souhaitez en apprendre davantage sur vos employés, envoyez-leur une demande sur LinkedIn, qui est un réseau professionnel. »
À mesure que vos enfants atteignent l’âge adulte, vous pourriez avoir envie de décliner leurs demandes d’amitié ou de les supprimer de votre réseau virtuel, autant pour votre bien que pour le leur. C’était en tout cas la bonne décision pour Karen*, 55 ans, infirmière à Moncton, au Nouveau-Brunswick. « Ma fille de 23 ans m’a demandée en amie, mais avoir accès à ses photos de soirées et ses publications vulgaires me perturbait et je m’inquiétais pour elle », raconte-t-elle. « Depuis que je l’ai ôtée de ma liste d’amis, notre relation s’est améliorée. » Une excellente initiative, d’après Deerhawke. « Sur le plan du développement, l’objectif d’un enfant de 18 ou 19 ans est de constituer son indépendance, ce qui peut se traduire par des actions et des propos vraiment stupides », prévient-elle. « Partager cela avec ses parents n’est absolument pas approprié. »
Ne pas faire preuve d’empathie et de sensibilité
« Désormais, les gens utilisent les médias sociaux à la manière de communiqués de presse personnels », observe Fox. Relayer la mort d’une célébrité sur Facebook est une chose, annoncer à vos contacts le décès d’un proche en est une autre. Rompre avec quelqu’un de cette façon est tout aussi inapproprié. « C’est trop personnel », insiste Fox. « Dans les situations chargées en émotions, rien ne remplace une conversation en face à face ou un appel téléphonique. »
*Les prénoms ont été changés