Êtes-vous accro à l’exercice?
Si votre vie ne tourne qu’autour de l’entraînement, vous pourriez avoir besoin de traitement pour contrer votre dépendance à l’exercice.
Il est difficile de critiquer quelqu’un parce qu’il fait de l’exercice quand la plupart d’entre nous passent trop de temps sur le divan. Mais quand la mise en forme devient la priorité des priorités dans la vie d’une personne, c’est peut-être le signe d’une dépendance, selon Kathleen Martin-Ginis, professeure de psychologie de la santé et de l’exercice à la McMaster University. «Les personnes qui ont une dépendance à l’exercice ne peuvent pas s’arrêter, même si elles sont malades ou qu’elles ont d’autres obligations.» Si vous les forcez à prendre congé, elles présentent des symptômes de sevrage psychologique, comme de l’anxiété et de l’irritabilité.
Selon une étude effectuée en 2010 à l’University of Southern California, 3% des hommes et des femmes sont également enclins à souffrir de dépendance à l’exercice. Les personnes atteintes de dépendance à l’exercice s’entraînent habituellement de 2 à 3 heures par jour, 6 ou 7 jours par semaine. Mais s’entraîner beaucoup ne laisse pas nécessairement présager un problème. «Si vous vous permettez de sauter l’entraînement quand il y a trop de travail à faire ou quand vous contractez la grippe, ça va», croit le Dr Sachs. «Mais si une raison impérieuse vous empêche de vous entraîner et que vous le faites quand même, c’est que vous avez probablement perdu le contrôle qu’il s’agit dépendance.»
Les personnes dépendantes peuvent se sentir obligées de s’entraîner à outrance, pour soulager leur stress ou ressentir l’endorphine de «l’euphorie du coureur», ou encore pour prévenir les symptômes de sevrage. La dépendance à l’exercice s’accompagne souvent d’un trouble de l’alimentation qui devient une façon de perdre du poids ou de le maintenir, explique la professeure Martin-Ginis.
Les gens perpétuellement angoissés et inquiets sont également plus à risque, car ils utilisent l’entraînement comme prétexte pour gérer leur anxiété. Ils peuvent se mettre à angoisser s’ils ratent une séance, alors ils s’entraînent davantage. Cette dépendance accroît également le risque d’épuisement psychologique marqué par une perte d’intérêt pour d’autres aspects de la vie.
Les individus dépendants à l’exercice courent un risque élevé de blessures physiques. «Ils peuvent pousser malgré la douleur, ce qui peut entraîner des tendinites ou des blessures plus graves aux tendons qui prendront des mois à guérir», relate Meredith Bean, spécialiste de médecine sportive au Kaiser Permanente en Californie. «Pour rester en forme et en bonne santé, nous recommandons de 30 à 90 minutes d’exercice cinq jours par semaine. Pour minimiser les risques de blessures, les gens devraient faire des activités variées. Un coureur, par exemple, pourrait également nager ou faire du vélo.»
Si vos habitudes d’entraînement conduisent à une dépendance, parlez-en à votre médecin qui pourra vous orienter vers un psychologue ou un conseiller. Un expert peut contribuer à découvrir la cause de la dépendance, comme d’utiliser l’entraînement pour éviter les problèmes relationnels, souligne la professeure Martin-Ginis. L’étape suivante est d’obtenir de l’aide pour faire face à cette cause et pour traiter l’anxiété.
Surmonter la dépendance à l’exercice signifie aussi réduire l’entraînement. Au lieu de le faire 3 heures par jour, la personne pourrait s’adonner à une activité agréable pendant une heure. «Ça pourrait être une activité physique, comme la danse ou le jeu avec les enfants», suggère le Dr Sachs. «Mais ça peut s’avérer difficile de réduire l’entraînement pour un accro à l’exercice. Dans ce cas, on doit consulter un psychologue sportif qui nous aidera à trouver le juste équilibre entre la famille, le travail et l’entraînement.»