Ensemble, c’est mieux
Susan Biali, médecin et mentor personnel, nous dit pourquoi même une « superwoman » a besoin d’aide pour s’épanouir pleinement.
J’ai conseillé beaucoup de femmes comme médecin et comme mentor : des mères aux foyer, des cadres supérieures, même des chefs militaires. Peu importe leur destin personnel, la plupart des femmes sont prisonnières du même dilemme que Cora Coady, gagnante du défi Vichy-Best Health. Piégées dans des relations destructrices, nous perdons notre propre intérêt de vue à force de penser aux autres et n’avons plus assez de temps pour réaliser nos rêves à nous.
Les femmes semblent programmées pour tenter l’impossible et ont souvent du mal à se laisser aider. Comme Cora, nous tenons à notre indépendance, à notre autonomie. C’est souvent une armure pour nous protéger des déceptions et abandons. Nous pouvons même en arriver à nous croire supérieures aux gens qui dépendent de nous ou à nous poser en martyres parce que nous en faisons tellement pour les autres. Résultat : nous nous épuisons à force de jongler avec trop de balles à la fois.
Je suis une femme comme les autres, j’ai commis tous ces péchés-là moi aussi. Avant de me marier, à 36 ans, je voyageais tout le temps en solo et je me débrouillais comme une grande. J’ai appris à déléguer, mais c’est encore moi qui paie les factures, et je fais des tas de choses que mon mari pourrait facilement faire à ma place – parce que, je l’avoue, j’aime à me croire indispensable. Pourtant, chaque fois que j’en fais trop, je m’épuise et je commence à râler que « je dois tout faire, c’est injuste ». Mon pauvre mari !
Non seulement nous nous voulons surhumaines, mais nous possédons cette fameuse « intuition féminine » qui nous laisse deviner les besoins des autres (avant même qu’ils n’en soient conscients, parfois). Ce qui n’est pas un cadeau, car nous attendons la même prévenance de nos proches. Quand ils échouent, nous présumons que c’est par paresse, égoïsme ou indifférence, nous remâchons notre déception et finissons par gémir à qui veut l’entendre que nous en faisons trop et que la vie est injuste.
En fait, les hommes ne demandent qu’à nous donner un coup de main et se sentent même flattés d’y être autorisés, mais il faut leur demander leur aide (et souvent, leur dire exactement quoi faire). Nous devons aussi les laisser nous aider à leur façon – même si elle nous semble imparfaite. Nous hésitons souvent à faire appel à leurs services parce que nous sommes sûres de faire mieux, mais nous devons changer d’attitude.
Comment ? Exercez-vous à demander un coup de main et à accepter aimablement l’aide qui vous est proposée. Si je meurs de faim, mais que j’ai mille choses à régler en me levant, je demande à mon mari de préparer le déjeuner. Et je me garde bien de dénigrer son omelette, même si j’aurais fait mieux. Je dis merci, j’arrose l’omelette de sauce piquante, et le tour est joué.
Une fois que vous aurez appris à déléguer gentiment, des trous apparaîtront comme par magie dans votre horaire. Ne laissez pas vos autres corvées envahir ces plages de liberté. Consacrez-les à la personne qui compte le plus pour vous : vous-même. Méditez sur ce que vous êtes et faites, ce qui vous fait vibrer, ce qui manque à votre vie. Dressez une liste de ce que vous aimez et ne trouvez jamais le temps de faire : lire un bon roman, marcher au grand air, tenir un journal intime, prendre un bain chaud ou des leçons de yoga…
Pour commencer, réservez-vous 60 minutes par semaine, si possible toujours le même jour à la même heure, et dites à votre famille qu’elles sont intouchables. Tenez cet engagement envers vous-même contre vents et marées. Ensuite, cherchez d’autres occasions de vous libérer et consacrez chaque heure supplémentaire à une des activités de votre liste. Votre fardeau vous paraîtra moins lourd, vos rapports avec les autres s’amélioreront parce que vous serez plus heureuse. Votre vie deviendra une célébration plutôt qu’une punition.
Susan Biali est médecin et mentor personnel à Vancouver, conférencière invitée dans le monde entier et danseuse professionnelle de flamenco. Elle a écrit Live A Life You Love: 7 Steps to a Healthier, Happier, More Passionate You.
La science a démontré récemment que les femmes sont plus aptes que les hommes à exécuter plusieurs tâches simultanément, mais ce n’est pas une raison pour en faire trop.