Donneur en série
Personne au Canada n’a versé plus de sang que Michel Thérien.
Le 21 octobre dernier, il a retroussé sa manche pour la 1000e fois, ce qui fait de lui le plus grand donneur de sang au Canada. «Avec plus de 1000 dons, explique Manon Pepin, de Héma-Québec, Michel Thérien n’est pas seulement un merveilleux ambassadeur, c’est un véritable héros!»
Un héros qui a commencé à donner du sang à l’âge de 18 ans, surtout pour les accidentés de la route. «Ils étaient plus nombreux à l’époque, se souvient-il. Il s’agissait souvent de transfusions sanguines urgentes.»
Six fois par année, l’ingénieur se rendait au centre de prélèvement. Ce rythme va s’accélérer au milieu des années 1980, quand une infirmière confie à Michel que les besoins en plasma sont au moins aussi criants que les dons de sang. Le plasma, c’est la partie liquide du sang. On l’extrait par aphérèse: le sang circule dans une centrifugeuse qui sépare le plasma des globules rouges et retourne ces derniers au donneur. Le liquide jaunâtre qui reste, bourré de protéines et de nutriments, est indispensable à la survie des grands brûlés, des hémophiles, des patients souffrant de graves déficits immunitaires et des petits leucémiques. Et contrairement au sang total, qui ne peut être prélevé qu’une fois tous les 56 jours, on peut donner son plasma une fois par semaine – jusqu’à concurrence de 13 litres par an. La formule séduit aussitôt le jeune père de famille. «Je voulais apporter ma contribution pour aider ces enfants», dit-il.
Le 26 octobre dernier, lors de la cérémonie organisée par Héma-Québec pour rendre hommage à son exceptionnelle générosité, Michel a rencontré le petit Jérémy Plourde, âgé de sept ans. Atteint d’un déficit immunitaire humoral depuis la naissance, l’enfant ne pourrait survivre sans une injection de plasma toutes les deux ou trois semaines.
«Le corps de Jérémy ne fabrique pas d’anticorps, explique sa mère, Marie-Claude Levesque. Une simple infection pourrait le tuer. Une chance qu’il existe des gens comme Michel Thérien. Le plasma ne coûte rien à celui qui le donne, mais n’a pas de prix pour celui qui le reçoit.»
Elle peut dormir tranquille: Michel Thérien n’a pas l’intention de s’arrêter là. Son objectif? «Toujours le prochain don, un don à la fois…» Au moment de mettre sous presse, il en était au 1025e!