Dix questions pour un médecin
Ne vous présentez pas sans cet article à votre prochain rendez-vous.
Vous est-il arrivé, en sortant du cabinet du médecin, de réaliser que vous aviez oublié de lui parler d’un problème qui vous préoccupait? Aimeriez-vous savoir ce que préconisent les plus récentes études scientifiques pour prévenir le cancer du sein ou l’ostéoporose? Nous avons consulté plusieurs experts afin de dresser la liste des 10 questions que toute femme devrait poser à son médecin.
1. Quel est le meilleur dépistage contre le cancer du sein?
Pour les femmes de 50 à 69 ans présentant un risque moyen, c’est la mammographie, tranche Heather Chappell, directrice des politiques de lutte contre le cancer à la Société canadienne du cancer. L’échographie et l’imagerie à résonance magnétique (IRM) peuvent la compléter utilement lorsque le risque est supérieur à la moyenne, notamment en raison de l’hérédité. «L’échographie et l’IRM ne sont pas forcément plus fiables, sauf si elles sont associées à une mammographie», précise le docteur Jan Christilaw, conseillère médicale dans une clinique pour femmes de Colombie-Britannique. La mammographie détecte les petites calcifications qui signalent le stade initial du cancer, l’échographie permet un meilleur suivi quand le tissu mammaire est très dense, l’IRM est indiqué dans les cas à haut risque. Si des femmes de votre famille ont eu un cancer du sein, le test de dépistage des gènes BRCA1 ou BRCA2 permettra à votre médecin d’élaborer un programme de prévention adapté à votre cas.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus se fait en général par frottis cervical. À ce test de Papanicolaou peut s’en ajouter un autre, malheureusement encore peu répandu, qui détecte le virus du papillome humain.
2. Suis-je obèse?
Environ 5,5 millions de Canadiens sont obèses au sens clinique du terme, c’est-à-dire que leur indice de masse corporelle est égal ou supérieur à 30. Seulement 40 pour cent sont suivis par un médecin bien que l’obésité prépare le terrain au diabète de type 2, aux maladies cardiaques et au cancer. «Le médecin a rarement le temps d’aborder les problèmes de poids au terme de la consultation», note le docteur Sue Pedersen, endocrinologue à l’Université de Calgary. Demandez au vôtre de mesurer votre tour de taille ; s’il dépasse 80 centimètres, discutez des traitements possibles. À ce stade, une perte de poids de 5 à 10 pour cent seulement vous serait bénéfique.
3. Mes maux de dos ou mes douleurs articulaires sont-ils symptomatiques d’une maladie chronique?
Les calculs rénaux, mais aussi les tumeurs ovariennes ou pancréatiques causent parfois des maux de dos chroniques. Une enquête à la clinique universitaire des femmes de Tokyo a révélé que 30 pour cent des patientes traitées pour un cancer du pancréas avaient des maux de dos ou de ventre. Certaines maladies comme le lupus se manifestent souvent par des douleurs articulaires.
4. Dois-je craindre l’hypertension avant 50 ans?
Oui, si vous en avez fait pendant une grossesse ou qu’il y a des cas dans votre famille. «Le risque d’hypertension grave est plus élevé pendant 10 ans après la grossesse, et le risque de troubles cardiaques augmente 10 ans plus tôt que dans l’ensemble de la population», souligne Christilaw. Le traitement que nos artères reçoivent entre 30 et 50 ans est déterminant. «Ayez un régime raisonnable, pauvre en cholestérol, conservez un poids normal, faites de l’exercice», martèle Christilaw. La méthode DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) de dashdiet.org est efficace, mais seulement 19 pour cent des Américains souffrant d’hypertension l’appliquent, selon une étude récente.
5. Devrais-je subir une ostéodensitométrie avant 50 ans?
S’il y a des cas de dégénérescence osseuse dans votre famille, posez la question à votre médecin, répond Tanya Long d’Ostéoporose Canada. Après 50 ans, toute femme présentant au moins un facteur de risque majeur ou deux facteurs mineurs doit subir cet examen (Il devrait être universel après 65 ans). On peut atténuer les risques en faisant de l’exercice avec charge ou contre résistance trois fois par semaine. Les femmes de plus de 50 ans devraient aussi prendre quotidiennement 1 500 mg de calcium et au moins 800 mg de vitamine D. Avant 50 ans, on recommande 1 000 mg de calcium et au moins 400 mg de vitamine D.
6. Pourquoi ce violent mal de tête ne passe-t-il pas?
Par «violent» on entend une douleur plus aiguë que tout ce que vous avez déjà ressenti. Même si c’est la première fois, appelez votre médecin, a fortiori s’il s’agit d’une récurrence. Si le mal de tête s’accompagne de nausées, de vomissements, de convulsions ou d’autres symptômes neurologiques, allez plutôt à l’urgence. Il peut s’agir d’une migraine, mais aussi d’une rupture d’anévrisme ‘ une explosion potentiellement fatale d’un vaisseau sanguin dilaté dans le cerveau. Si vous êtes soignée à temps, vous avez une chance.
7. Pourquoi ma grippe refuse-t-elle de guérir?
Une grippe dure trois ou quatre jours et se caractérise par une forte fièvre, des frissons, une toux sèche et des courbatures. Si les symptômes perdurent, vous souffrez peut-être d’une surinfection ‘ pneumonie, mononucléose, laryngite, infection à staphylocoque ‘ ou encore d’un cancer du poumon au stade initial. «Si la toux est chronique ou produit du mucus coloré, vous devez consulter», dit Christilaw.
8. Dois-je me protéger contre les maladies transmises sexuellement?
Quel que soit votre âge, le risque existe si vous avez un nouveau partenaire. Depuis cinq ans, les cas de VIH augmentent chez les plus de 30 ans parce que les aînés sont plus actifs sexuellement, mais moins conscients du danger. Il est d’autant plus important d’utiliser un préservatif que le risque d’infection augmente avec l’âge. «Après la ménopause, la paroi vaginale s’amincit et s’irrite plus facilement, ce qui accroît la probabilité de contracter le VIH», explique Christilaw. Les chlamydioses, la gonorrhée et les papillomes sont également en progression. «Une femme postménopausée qui contracte une gonorrhée n’aura pas autant de pertes vaginales qu’une femme plus jeune ; l’infection peut devenir beaucoup plus grave avant qu’elle n’en prenne conscience.»
9. Pourquoi ai-je mal au ventre?
Les ballonnements, gaz et crampes abdominales ne sont pas toujours le produit d’une mauvaise digestion. Un malaise chronique peut être le signe d’une appendicite, d’un kyste ovarien, d’une diverticulite ou d’une infection pelvienne. La diagnostic se fait par palpation et, au besoin, par radiographie. «Si vous souffrez beaucoup, que la douleur s’aggrave après 24 ou 48 heures, que vous avez de la fièvre ou que vos intestins ne fonctionnent pas comme d’habitude, vous devez consulter», dit Christilaw.
10. Pourquoi ai-je des brûlures d’estomac et le souffle court?
Les symptômes cardiaques des femmes sont souvent plus subtils et durables que ceux des hommes. Au lieu d’une angine de poitrine ou d’un engourdissement du bras, dit Christilaw, «la femme qui fait une crise cardiaque se sentira essoufflée ou nauséeuse. L’erreur de diagnostic classique, c’est la brûlure d’estomac.» Un échauffement gastrique chronique peut aussi être causé par une remontée d’acide dans l’œsophage ‘ ce qu’on appelle «reflux gastro-œsophagien». Si ces brûlures apparaissent subitement ou qu’elles persistent, faites faire un diagnostic exact.