Quelques chiffres sur le gaspillage alimentaire
Selon le gouvernement du Québec, une famille canadienne moyenne jette plus de 1 100 $ de nourriture par année, ce qui correspond à 140 kg (presque 310 lb) en perte d’aliments. «C’est à cause de la façon dont notre système économique est fait. On vit dans une société du jetable: on achète et on jette sans vraiment se soucier des conséquences», explique Éric Ménard, cofondateur de RÉGAL (un réseau pour lutter contre le gaspillage alimentaire à Montréal).
Selon M. Ménard, il est presque impossible de déterminer le pourcentage réel de gaspillage d’aliments dans le monde. Néanmoins, ses calculs révèlent qu’environ 30% de toute la nourriture serait gaspillée au Canada.
Difficile d’expliquer pourquoi les Canadiens gaspillent autant! Il existe toutefois des trucs pour éviter – ou du moins réduire le gaspillage alimentaire. Bien manger pourrait même sauver la planète!
Maîtriser les dates de péremption
Un autre moyen de moins jeter de nourriture est de bien connaître le système de date de péremption. En effet, le «meilleur avant» indiqué sur vos aliments n’est pas synonyme de périmé: c’est seulement un indicateur que le produit n’est pas à sa fraîcheur optimale. Toutefois, la plupart des aliments qui ont dépassé leur date d’expiration sont encore bons!
«Quand on demande aux consommateurs ce qui les fait le plus gaspiller, c’est vraiment les dates de péremption. Comme consommateur, la première étape, c’est de s’informer sur ces dates», explique Éliane Brisebois, agente de recherche à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste des enjeux des systèmes alimentaires alternatifs. «On peut aussi utiliser ses sens; ce n’est pas fiable à 100%, mais on peut sentir, regarder et juger nous-mêmes si un produit est encore bon.» Pensez à surveiller de près ces aliments qu’il ne faut pas consommer après la date de péremption.
Suivre l’inventaire de ses stocks
D’emblée, faire l’inventaire de vos aliments est une méthode qui ne prend que quelques minutes, mais qui peut vous faire économiser des sommes considérables. Un simple coup d’œil dans le garde-manger avant d’aller faire les courses vous permet d’établir une liste des aliments dont vous avez besoin. Cela peut aussi réduire de beaucoup votre facture d’épicerie.
«Il faut construire son menu en fonction des aliments du frigo qu’on va perdre. C’est correct d’aller acheter d’autres choses pour compléter, mais c’est important de toujours se rapporter à ce qu’on a déjà. Il faut résister à la tentation d’aller acheter de nouvelles choses», soutient Éric Ménard.
Mieux vaut toujours avoir sous la main ces aliments non périssables.
Faire de la préparation de repas
Préparer ses repas au jour le jour peut sembler moins demandant, mais cela fait souvent mal au portefeuille. Planifier les menus de la semaine vous permet de prévoir ce dont vous avez besoin, en plus de vous assurer d’utiliser chaque aliment acheté.
Si vous cuisinez en plus grosse quantité, n’hésitez pas à congeler les restes de table! Cela vous fait des lunchs improvisés, en plus d’éviter les oublis au fond du frigo qui finissent la plupart du temps à la poubelle.
Acheter en vrac
Acheter en vrac n’a jamais été aussi simple! Depuis quelques années, le Québec a vu naître plusieurs initiatives d’épiceries zéro déchet. BocoBoco (en ligne), Loco, Vrac & Bocaux et Méga Vrac n’en sont que quelques exemples.
Acheter en vrac permet de se procurer exactement les quantités requises, et non celles imposées par les emballages. Il suffit d’avoir quelques pots Mason inutilisés à la maison, et le tour est joué!
D’autant plus que le vrac permet d’éviter l’achat de formats géants, aussi appelés formats familiaux. Ces produits peuvent sembler rentables, mais vous n’économisez pas réellement si vous finissez par en jeter la moitié. Vous trouverez votre bonheur dans l’une de ces épiceries zéro déchet où il est possible d’acheter en vrac.
La formule «touski»
Savoir utiliser les restes de table est un atout majeur lorsqu’on veut éviter le gaspillage. Bien qu’il soit normal de jeter les parties non comestibles des aliments, des solutions existent afin de réduire la quantité d’aliments qui terminent à la poubelle.
La formule «touski reste» (tout ce qu’il reste) est une méthode bien simple: il suffit de repérer les aliments qu’on risque de perdre prochainement, de trouver une recette simple qui les inclut (ou d’en inventer une nouvelle!), et de cuisiner!
En faisant une petite recherche sur Google avec le mot-clé: cuisiner les restes, on trouve une foule de trucs et d’astuces de cuisine. Voilà une bonne façon d’éviter le gaspillage, en plus d’avoir des lunchs pour le lendemain!
Composter, plus simple qu’on ne le pense
Une autre solution concrète pour lutter contre le gaspillage alimentaire à la maison est l’installation d’un compost. Si votre arrondissement le permet, un bac à compost est idéal pour disposer de toutes les parties non comestibles de vos aliments. Pelures de patates, cœurs de légumes; presque tout y passe!
Attention toutefois avec la viande et le poisson, qui ne peuvent pas se décomposer adéquatement dans le compost. En plus de ne pas être forcément écologiques, ces mauvaises habitudes alimentaires coûtent cher!
Des initiatives anti-gaspillage
Dans le même ordre d’idées, plusieurs initiatives pour réduire le gaspillage alimentaire sont nées au Québec au cours des dernières années. Des organismes vous offrent désormais des solutions pour mieux consommer, comme des façons alternatives de faire votre épicerie.
Née en 2016, La Transformerie est un organisme à but non lucratif qui récupère les fruits et les légumes invendus dans les épiceries ou les commerces pour les transformer en tartinades sucrées ou salées. Au lieu d’être jetés, ces produits sont alors revendus sous une nouvelle forme dans les mêmes commerces, ce qui permet de réduire le gaspillage. L’organisme a même une boutique en ligne!
Apprenez-en plus sur La Transformerie et l’un de ses créateurs.
La mission du Marché SecondLife est aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire au Québec. Depuis 2015, l’organisme récupère des fruits et des légumes imparfaits directement des fermes et des grossistes pour les revendre à des particuliers. L’équipe a même récemment lancé leur épicerie, où ils vendent d’autres produits non standards qu’ils revalorisent.
«On sauve des ressources; de l’eau, de l’énergie, toutes les ressources qui ont été nécessaires à produire les aliments. On offre un revenu supplémentaire aux fermiers, c’est-à-dire qu’on rachète tous les produits qu’on vend. Ça permet aux fermiers de vivre de leurs récoltes, et ça permet aux gens d’être sensibilisés à la culture du standard de beauté qu’on nous a tous appris», raconte Andrea Berroyer, responsable du marketing pour le Marché SecondLife.
Des applications gratuites existent également pour vous aider à réduire la facture de vos courses, en plus de réduire le gaspillage alimentaire dans les épiceries! Les apps comme FoodHero et Flashfood sont conçues pour vendre au rabais certains produits qui seraient autrement expirés et jetés. Le concept est simple: des épiceries comme Metro et IGA mettent en ligne les produits qui approchent leur date de péremption, et les clients peuvent se les procurer à moindre prix en les réservant à partir de l’application.
Ainsi, il existe une multitude de trucs et d’astuces pour éviter le gaspillage alimentaire à la maison. L’important est d’acheter raisonnablement, d’utiliser tous vos aliments au maximum et de vous tourner vers des alternatives anti-gaspillage qui feront également du bien à votre portefeuille!
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