Causes et facteurs de risque de la dépression
Bien que la dépression ne frappe pas que des femmes, plus de femmes que d’hommes sont atteintes de la maladie; deux fois plus, pour être exact, dit la Dre Nasreen Khatri, psychologue-clinicienne et chercheure à l’Institut de recherche Rotman, de Toronto : « 10 % à 25 % des femmes peuvent s’attendre à vivre un épisode dépressif au cours de leur vie, » dit-elle.
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans le développement de la dépression, qui peut conduire à des sentiments de tristesse ou de désespoir, à une baisse d’énergie, à des perturbations du sommeil, à la colère ou à l’irritabilité et à l’incapacité de prendre des décisions.
Selon la Dre Khatri, les femmes qui prennent soin des autres, celles dans la trentaine et la quarantaine qui s’occupent d’enfants et de parents âgés, courent un risque plus élevé de devenir déprimées.
Touchées par les bouleversements hormonaux de la préménopause ou de la ménopause, en plus du stress au travail et du sentiment d’être coincées, ces nombreuses femmes se sentent dépassées.
« Elles sont frappées par un tsunami d’agresseurs environnementaux et, peut-être, par des facteurs de stress biologiques qui les prédisposent à la dépression. Elles éteignent continuellement des incendies, » dit la Dre Khatri.
La thérapie cognitivo-comportementale pour traiter la dépression
Mais il y a de l’espoir. La façon dont la dépression est jugée et traitée, aujourd’hui, représente un changement radical sur le passé. Le consensus parmi les experts en santé mentale est que la dépression est une maladie chronique, comme l’asthme ou l’arthrite, qui peut apparaître et disparaître tout au long de la vie. La notion que les médicaments vont ramener la bonne humeur et le bonheur a disparu.
« Cette maladie ressemble plus au diabète qu’à une fracture, » dit la Dre Khatri. « C’est un mal chronique, qui demande un traitement efficace et un programme d’auto-prise en charge pour maintenir une bonne santé mentale et fonctionner. »
Alors que les médicaments jouent certainement un rôle important dans le contrôle de l’humeur et pour assurer un bon fonctionnement au jour le jour, les spécialistes comme Nasreen Khatri pensent que ceux qui souffrent de dépression doivent aussi apprendre des stratégies comportementales.
Comme beaucoup d’experts dans ce domaine, la Dre Khatri croit que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) représente la première ligne de défense en cas de dépression légère à modérée. En traitement administré par un psychologue ou un psychothérapeute, la TCC aide les patients à identifier et à modifier les schémas de pensée négatifs.
Le thérapeute aide le patient à se confronter à une situation stressante de manière progressive, tout en lui enseignant à faire face aux émotions qui surgissent. « La TCC est l’étalon-or dans le traitement de la dépression et l’anxiété, » dit la Dre Khatri. « Les médicaments et la TCC sont tout aussi efficaces quand une personne est en traitement.
La TCC est deux fois plus efficace que les médicaments en post-traitement, parce qu’elle apprend aux patients à gérer leur humeur. »
Le sport efficace pour combattre la dépression
Un autre traitement simple pour gérer l’humeur est l’exercice. Pour les personnes qui présentent une dépression légère ou modérée, un entraînement régulier apporte de grands changements, suggère une nouvelle étude, surtout si vous êtes une femme.
George Mammen, étudiant au doctorat à l’Université de Toronto, a publié une revue de recherche dans l’American Journal of Preventive Medicine en 2013. On y lisait que, dans 25 des 30 études, les femmes qui marchaient en moyenne 1 h 30 par semaine, présentaient un risque significativement plus faible de développer la dépression que les femmes moins actives.
« Même de faibles niveaux d’exercice physique pouvaient aider, dit George Mammen. Les médecins sont prompts à prescrire un produit pharmaceutique, dit-il, mais l’activité physique n’a aucun effet secondaire. »
Les traitements qui fonctionnent vraiment pour la dépression
Lorsque des traitements sont requis, il y a plus d’options, et de meilleures options que jamais auparavant. De nouvelles techniques de stimulation cérébrale sont prometteuses et elles présentent moins d’effets secondaires que les traitements invasifs comme l’ectroconvulsivothérapie (ECT) ou électrochocs.
De plus, elles peuvent aider à calmer les symptômes lorsque les antidépresseurs sont inefficaces, ce qui représente 30 % à 50 % des cas, selon le Dr Jeff Daskalakis, détenteur de la chaire Temerty en Intervention thérapeutique du cerveau au Centre for Addiction and Mental Health (CAMH) de Toronto. « Ce sont des traitements novateurs. Il y a énormément d’espoir, » dit-il.
Après avoir essayé les antidépresseurs, le yoga, la méditation et l’ECT, Mme Webber bénéficie de traitements réguliers de thérapie convulsive magnétique (MST), un nouveau traitement offert au CAMH. C’est une technique par laquelle une charge magnétique déclenche une petite convulsion dans le cerveau. Elle est très efficace contre la dépression qui résiste aux médicaments, selon le Dr Daskalakis.
Nécessitant une anesthésie générale, ce traitement est, en général, administré trois fois par semaine, pendant quatre à six semaines, avant que l’on puisse constater une réduction les symptômes. À l’heure actuelle, il est disponible au CAMH, à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas à Montréal. « Les convulsions peuvent avoir un effet thérapeutique dans la dépression », dit le Dr Daskalakis, qui ajoute que le taux de succès est de 50 % à 60 % et que les effets secondaires sont presque inexistants. (Les patients dorment et n’ont donc pas connaissance de ce qui se passe, mais peuvent éprouver des maux de tête.) Jane Webber, qui reçoit des MST depuis deux ans, a immédiatement vu une amélioration. « J’ai remarqué une différence dès la première séance, » dit-elle.
Un autre traitement efficace est la stimulation magnétique transcrânienne (SMT) répétée, ce qui implique l’utilisation d’un aimant au lieu d’un courant électrique pour activer le cerveau et modifier la structure de mise à feu des neurones. La plupart des patients ne ressentent qu’une légère sensation de picotement, elle entraîne une amélioration après des doses quotidiennes pendant quatre à six semaines. C’est une procédure plus douce que la MST, sans anesthésie générale.
Nouveaux traitements contre la dépression
Et tandis que les antidépresseurs n’ont pas radicalement changé ces dernières années, les nouveaux médicaments « me-too (moi aussi) » ont émergé. La grande nouveauté est que Abilify (aripiprazole) et Seroquel (quétiapine) augmentent l’efficacité des antidépresseurs quand ceux-ci deviennent moins efficaces.
De plus, ils permettent au patient de prendre moins d’inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), selon le Dr Darrell Mousseau, professeur de psychiatrie à l’Université de la Saskatchewan.
« Ils sont efficaces chez environ la moitié des personnes qui en prennent, » confirme la Dre Donna Stewart, directrice et première titulaire de la chaire de santé des femmes au University Health Network et à l’Université de Toronto, qui ajoute que les médecins prescrivent de plus en plus les antidépresseurs, en combinaison avec d’autres médicaments, comme le lithium ou les hormones thyroïdiennes, pour augmenter leur efficacité.
Même avec toutes ces nouvelles options, un adjuvant de longue date dans le traitement de la dépression reste capital : avoir une attitude saine. C’est quelque chose qui est plus facile à faire aujourd’hui, compte tenu de la prise de conscience croissante de la maladie.
Des vedettes, comme Ellen DeGeneres et Gwyneth Paltrow, qui ont rendu publique leur lutte contre la dépression, ont fait plus de bien qu’elles ne le croient. « Les dépressifs sont moins stigmatisés qu’autrefois, » dit la Dre Stewart.
Jane Webber est bien de cet avis. Le monde a changé depuis qu’elle a reçu son diagnostic il y a vingt ans. « C’était effrayant au début, mais de plus en plus de gens reçoivent des traitements. Je pense que c’est merveilleux que la dépression occupe la place qui lui revient. » Elle boit du café maintenant qu’il a de nouveau bon goût pour elle, elle a ralenti son rythme de vie, passe plus de temps à rester bien et centrée.
Elle a quelques conseils pour les femmes dépressives : « Sortez de votre zone. Allez de l’avant. N’ayez pas peur. Le bien-être est un processus continu. »
Dépression: en cas de doute, consultez dès maintenant
Si vous ressentez les symptômes de la dépression, dont, mais pas seulement, une difficulté à vous concentrer, une somnolence excessive et une perte d’appétit, consultez votre médecin sans tarder. Un traitement précoce de la maladie peut l’empêcher de s’aggraver. « Plus la dépression perdure, plus elle est difficile à traiter », dit la Dre Donna Stewart. Voici les trois meilleures façons d’agir dès maintenant :
Parlez-en à votre médecin généraliste. Ne soyez pas intimidée. Si votre médecin n’a que cinq minutes à vous consacrer, demandez un rendez-vous plus long pour parler de vos symptômes et de vos préoccupations.
Demandez une consultation chez un professionnel de la santé mentale. Vous avez besoin de quelqu’un qui vous écoutera et sera respectueux.
Explorez toutes vos options. Si vous avez des antécédents familiaux de démence, parlez-en à votre médecin pour qu’il examine d’autres traitements en plus des médicaments. Si les modifications de style de vie ne fonctionnent pas, envisagez le counseling ou d’autres thérapies.
Un lien entre la dépression, la maladie d’Alzheimer et la démence?
Un diagnostic de dépression dans la fleur de l’âge est une chose. Mais, fait plus troublant, la dépression est de plus en plus liée aux problèmes cognitifs tardifs. Une nouvelle étude met en évidence un lien entre la dépression, la maladie d’Alzheimer et la démence.
Le Dr Darrell Mousseau, professeur de psychiatrie à l’Université de la Saskatchewan a étudié la dépression et la maladie d’Alzheimer pendant plus de dix ans. Ses recherches révèlent qu’un petit pourcentage de patients souffrant de dépression présente des problèmes cognitifs, des difficultés avec le calcul mental ou des tâches quotidiennes, qui les rendraient plus vulnérables à la démence dans les années suivantes. Il dit que des études ont révélé que « certaines personnes atteintes de dépression ont une quantité semblable de plaque, ces changements physiologiques dans le cerveau qui ressemblent à la maladie d’Alzheimer. »
Et les femmes souffrant de dépression présentent plus de cette plaque que les hommes.
Cela ne signifie pas que toutes les personnes atteintes de dépression seront atteintes de démence, met en garde le Dr. Mousseau, loin s’en faut.
Son équipe travaille actuellement à déterminer quels gènes sont impliqués dans ce processus, afin de développer des traitements médicamenteux pour en freiner la progression. « Nous pensons que nous savons maintenant comment distinguer les femmes à risque de l’Alzheimer, de celles qui ne le sont pas. »
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