De nombreuses sources de colère
L’automobiliste qui vous fait une queue de poisson; les voisins qui ne ramassent pas les crottes de leur chien; la compagnie d’assurances qui vous laisse poireauter une éternité au bout du fil. Dans ces situations exaspérantes, le rythme cardiaque s’accélère, et la tension artérielle monte en flèche.
La colère n’est jamais une émotion agréable, mais la façon dont la plupart y réagissent ne l’est pas davantage. Certains la ravalent, d’autres explosent de rage. Dans les deux cas, le corps, l’esprit et les rapports avec autrui s’en ressentent.
Même une phrase, en apparence anodine, peut déclencher la colère. Voici 15 choses que les femmes disent qui énervent les hommes.
Pénible, mais normale
La colère peut paraître pénible, mais elle n’est ni anormale ni malsaine. « On lui fait si mauvaise presse que beaucoup croient nécessaire de l’étouffer, dit Patrick Keelan, psychologue à Calgary. Or, la colère est un sentiment dont nous avons été dotés pour nous signaler qu’il nous faut combler un besoin. » Quand nous prenons conscience de cet avertissement et corrigeons le problème au lieu de faire comme si de rien n’était, nous nous portons en général beaucoup mieux.
Vous sentez que la pression monte? Appliquez ces conseils pour gérer votre colère.
Quand la frustration se change en colère
C’est un mouvement qui nous envahit, mon mari et moi, quand nous n’arrivons pas à trouver une place de stationnement. Il conduit une fourgonnette équipée d’un fauteuil roulant et a besoin de plus d’espace pour se garer, mais les places adéquates sont rares. Il y a deux ans, nous avons découvert à notre grand agacement que la jardinerie locale avait réduit la section pour handicapés en y rangeant des palettes de terreau. Avec calme, nous nous sommes adressés à la direction. On nous a promis de corriger la situation.
Quand nous sommes revenus, un mois plus tard, les palettes étaient toujours là, et un assortiment de galets avait été placé juste à côté. Nous étions furieux. J’ai pris des photos et les ai envoyées par voie électronique aux propriétaires de l’entreprise avec une note expliquant clairement le problème, assortie d’un avertissement : « Votre entreprise viole la Loi sur les droits de la personne, qui interdit la discrimination à l’encontre des clients handicapés. » Vingt-quatre heures plus tard, la place était libre et elle l’est restée depuis.
Une personne de votre entourage vous exaspère? Voyez comment gérer une personne avec un caractère difficile.
Pourquoi nous nous mettons en colère
Les changements physiologiques qui surviennent quand la colère nous prend – la hausse de la tension artérielle, l’accélération de la respiration, la sécrétion d’hormones de stress comme l’adrénaline et le cortisol – sont déclenchés par l’amygdale, sorte de premier intervenant cérébral. L’évolution n’a pas produit ces réactions par caprice. « Un certain nombre d’organes travaillent alors de concert pour vous préparer soit à combattre soit à fuir, explique Diane McIntosh, psychiatre à Vancouver. Vous vous battrez parce que vous êtes en colère ou vous fuirez parce que vous avez peur. »
De nos jours, il est rare qu’on en vienne aux mains avec un automobiliste imprudent ou avec le maître irresponsable d’un chien! Cela ne signifie pas pour autant qu’on doive étouffer sa colère. « Il existe une façon adéquate de réagir à un accès de colère, affirme Patrick Keelan. Si on a fait quelque chose qui me dérange, je peux le signaler calmement et clairement au responsable. »
Apprenez-en plus sur les réactions de votre corps lorsque vous êtes en colère.
Ravaler sa colère est nocif
Malheureusement, beaucoup ont appris à dissimuler leurs réactions – les femmes, en particulier. « La colère est l’un des sept péchés dits capitaux, note Cheryl van Daalen-Smith, de l’école des sciences infirmières de l’université York à Toronto. Les femmes y voient le contraire de la tendresse et de la compassion qu’on attend d’elles. Et elles s’imposent plutôt le silence. »
Mais selon un nombre grandissant d’études scientifiques, ravaler sa colère expose à toutes sortes de dommages, dont des affections causées par le stress comme les maladies auto-immunes. Selon des chercheurs de l’université de Rochester, les personnes qui répriment systématiquement leurs émotions vivraient moins longtemps. Elles seraient plus susceptibles de mourir prématurément d’un cancer, par exemple.
Une réaction saine face au stress
Selon Diane McIntosh, quand la réaction au stress est ininterrompue, le corps peut devenir insensible aux effets anti-inflammatoires du cortisol et subir une inflammation permanente qui l’expose à des maladies comme le diabète et à des troubles mentaux comme la dépression. Découvrez ces autres réactions méconnues de votre corps face au stress.
Si vous croyez épargner vos proches en contenant votre colère, détrompez-vous. « À force de l’étouffer, vous risquez l’explosion », dit la psychiatre. Au lieu d’avoir une discussion plus tôt sur ce qui vous dérange, vous entrerez en conflit avec l’autre et serez malheureux tous les deux.
Se défouler ne vaut pas mieux
Est-il alors préférable de hurler et de râler quand on est furieux? Vous vous rendrez vite compte qu’une réaction violente ne vous soulage pas davantage. Les crises de rage affectent tout autant la santé physique et mentale que la répression des émotions.
« Toute émotion violente a des conséquences physiologiques – maux de tête, crampes d’estomac, etc. », explique Nancy MacDonald, directrice générale des services à la famille pour l’est de la Nouvelle-Écosse et responsable d’un groupe de gestion de la colère. Selon une vaste étude de l’université McMaster, en Ontario, le risque de crise cardiaque est multiplié par deux et plus après un accès de colère. L’augmentation de la tension artérielle et du rythme cardiaque stresse l’appareil cardiovasculaire et, en présence de dépôts de plaque, l’irrigation sanguine du muscle cardiaque peut se réduire. Nancy MacDonald ajoute que la honte d’avoir piqué une crise « a souvent un effet dépressif ».
Faire la différence entre colère et agressivité
Les « salles de défoulement » qui se répandent dans certaines villes nord-américaines ne sont pas non plus une solution. Leurs adeptes sont censés se calmer en cassant tout ce qui leur tombe sous la main dans un cadre protégé, mais il y a un hic. « On croit que purger l’organisme de la colère en donnant libre cours à celle-ci vous libérera, dit Patrick Keelan. La recherche démontre plutôt que ces manifestations d’agressivité peuvent en fait accroître l’intensité de la colère et la probabilité d’une réaction agressive ultérieure. »
Quant aux conséquences sociales, nul besoin d’imagination pour prédire les effets vraisemblables d’une crise de rage sur vos rapports avec votre partenaire, vos enfants ou vos collègues. C’est l’une des raisons pour lesquelles la colère a mauvaise presse. Mais il faut éviter de confondre colère et violence. « La colère est une émotion, l’agression, un comportement, dit Cheryl van Daalen-Smith. Nous devons bien distinguer les deux. L’émotion doit être exprimée, et il faut que nous trouvions un moyen de faire accepter et apprécier les manifestations de colère des femmes. »
Prenez conscience de votre colère
S’il est tout autant malsain d’étouffer sa colère que de l’exprimer agressivement, que faire quand quelque chose nous irrite? « Le but n’est pas de ne pas éprouver de colère. Les émotions sont normales », dit Nancy MacDonald. Ce sont les pics et les creux extrêmes qui minent la santé, et si vous parvenez à appliquer des techniques qui les atténuent, vous souffrirez moins.
Commencez par vous demander ce qui la provoque. La colère peut être déclenchée par un événement irritant, mais elle est souvent nourrie par la peur, l’anxiété, la déception ou la culpabilité. C’est pourquoi elle est souvent qualifiée d’émotion secondaire. Vous pouvez croire que votre colère tient au retard de votre partenaire alors que c’est plutôt la crainte d’un accident de voiture qui vous travaille parce qu’il fait mauvais. En prenant conscience du motif primaire, vous vous donnez du jeu pour réfléchir et prendre acte de ce qui vous trouble.
Portez aussi davantage attention aux déclencheurs – ces sources quotidiennes d’irritation comme les longues files d’attente à la caisse du supermarché qui ont tendance à vous faire exploser. Vous ne pouvez pas toujours les éviter, mais vous pouvez trouver des palliatifs. L’un d’eux consiste à recadrer le problème. « Prenez un peu de recul, explique Nancy MacDonald, et essayez de voir les choses sous un angle différent. » Quand je me dis que les gens qui bloquent les places de stationnement dont nous avons besoin ne savent pas pourquoi elles sont plus grandes, c’est vrai que je leur en veux un peu moins.
Ne manquez pas ces conseils éprouvés pour mettre du calme dans votre vie.
Comment exprimer sa colère
Il existe beaucoup de manières de manifester sa colère sans taper sur autrui. Comme on le dit aux enfants à la garderie, utilisez des mots. Parler de sa colère soulage.
La science cherche encore pourquoi, mais ça marche. Des images du cerveau prises à l’université de Californie à Los Angeles et ailleurs ont révélé une réduction de l’activité de l’amygdale, l’organe qui nous prépare à combattre ou à fuir, quand le cerveau rattache des mots à une émotion.
Le langage est particulièrement utile quand la colère est provoquée par un comportement précis. « Exprimez votre insatisfaction : c’est l’occasion d’obtenir un changement », rappelle Diane McIntosh.
Prendre le temps de s’expliquer
Il peut être utile d’attendre un peu avant de parler – pour laisser se dissiper la surcharge d’adrénaline, réfléchir à ce qui vous dérange exactement et choisir un moment où l’interlocuteur semble réceptif. Pour recouvrer votre sang-froid, vous pouvez faire des exercices de respiration ou un effort physique. « On le sait, l’exercice atténue l’anxiété et la dépression, et aide à surmonter la colère », indique Diane McIntosh.
Une fois venu le moment de parler à l’autre, Patrick Keelan recommande de se concentrer sur le comportement qui vous dérange, non sur sa personne. « Vous avez de bonnes raisons de lui parler, dit-il. Vous voulez que l’autre y réfléchisse, non qu’il soit distrait par des manifestations d’agressivité. » Évitez donc les invectives, les accusations d’indélicatesse, les jurons et les généralisations du genre : « C’est toujours comme ça avec toi! » ou « Quelque chose ne va pas chez toi? »
Utilisez ces meilleurs trucs pour résoudre vos conflits émotionnels.
Trouver un terrain d’entente
« La règle d’or, dit Patrick Keelan, c’est de présenter des arguments raisonnables de la façon la plus susceptible de provoquer une réaction constructive plutôt que défensive. »
Si vous mettez quelqu’un en colère, souvenez-vous qu’il y a des avantages à comprendre son point de vue et, le cas échéant, à faire amende honorable. On sera plus tenté de s’adresser à vous de manière constructive à l’avenir au lieu de se taire ou d’exploser. Tout le monde s’en portera mieux.
Vous pensez avoir dépassé les limites? Suivez ce guide pour maîtriser l’art du mea culpa.