Arthrite rhumatoïde
Quand les articulations font mal et sont sensibles, la moindre activité, aussi simple soit-elle, devient une pénible corvée. Heureusement, les dernières percées en pharmacologie ont révolutionné le traitement de cette maladie inflammatoire qu’est l’arthrite rhumatoïde, permettant à ceux qui en souffrent de mener à nouveau un vie active et productive.
Ce qu’est l’arthrite rhumatoïde
Normalement, les os, et le cartilage qui les revêt, glissent l’un contre l’autre en douceur et les mouvements se font sans douleur. Cependant, chez ceux qui souffrent d’arthrite rhumatoïde (AR), le cartilage s’enflamme et se dégrade, provoquant de la douleur, de la raideur et de l’enflure. Si la maladie progresse, les os et les ligaments risquent l’usure permanente. Elle cause des lésions au coeur, aux poumons, aux muscles et à la peau, et les personnes qui en sont atteintes courent un risque plus élevé de souffrir du cancer du sang ou de la lymphe.
A la différence de la simple usure articulaire caractéristique de l’arthrose, l’arthrite rhumatoïde résulte d’une défaillance du système immunitaire, qui s’attaque aux tissus sains des articulations. Personne ne sait ce qui la déclenche. Les scientifiques ont émis l’hypothèse qu’elle pouvait résulter d’une infection, ou encore, d’une infection se doublant de facteurs génétiques exacerbant la susceptibilité. Lors d’une crise d’arthrite rhumatoïde, les globules blancs s’accumulent dans les articulations et lancent une attaque inflammatoire, secrétant en cours de route des cytokines, substances qui se joignent au combat. Le facteur onconécrosant-α, protéine destructive, et l’interleukine 1, appartiennent à cette catégorie. Pour se défendre, les cellules des articulations attaquées libèrent des substances chimiques appelées prostaglandines, qui provoquent de la rougeur, de la douleur et de l’enflure. Ce processus inflammatoire est caractéristique de la maladie, bien qu’il en existe des formes moins graves que d’autres.
Traitement de l’ arthrite rhumatoïde
Le traitement vise en premier lieu à stopper l’inflammation. Au cours des dix dernières années, on a vu apparaître de nouveaux médicaments capables de freiner l’inflammation et la progression de la maladie. Les autosoins sont également importants. Pour les cas les plus graves, on a recours à divers traitements chirurgicaux et non chirurgicaux. Les possibilités de traitement sont telles qu’il serait avisé d’en parler avec votre médecin afin qu’il vous recommande celui qui serait le mieux approprié à votre problème. Bien qu’aucun ne guérisse la maladie, certains peuvent apporter un soulagement à long terme.
Dans le passé, l’approche classique consistait à recommander en premier lieu les médicaments les moins toxiques, par exemple l’aspirine. Si cela ne fonctionnait pas, on avait recours à des médicaments de plus en plus puissants et, par conséquent, présentant des effets secondaires de plus en plus marqués. De nos jours, les médecins prescrivent des traitements puissants dès le départ afin de stopper l’inflammation et freiner l’évolution de la maladie à un stade précoce, avant que les lésions ne s’aggravent. Ce traitement pourrait être particulièrement utile si votre arthrite rhumatoïde est grave. Gardez toutefois à l’esprit que vous connaîtrez des bons et des mauvais jours et de longues périodes de rémission où vous aurez l’impression que la maladie est complètement guérie.
Médicaments contre l’arthrite rhumatoïde
De nombreux médicaments contre l’arthrite rhumatoïde sont apparus au cours des dernières années. L’important est de trouver celui qui vous convient. Vous pourriez obtenir un soulagement rapide en prenant un simple antidouleur, par exemple de l’aspirine ou un autre anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) en vente libre ou d’ordonnance, tels que le naproxène, l’ibuprofène ou l’indométhacine. Les inhibiteurs de la COX-2, nouvelle famille d’AINS, qui ont pour effet de moduler l’action inflammatoire des prostaglandines, pourraient causer moins d’effets indésirables. Le célécoxib (Celebrex) et le valdécoxib (Bextra) en font partie. Si les AINS n’arrivent pas à combattre l’inflammation, vous devrez peut-être prendre des médicaments plus puissants.
Bien qu’ils présentent plus d’effets indésirables, les corticostéroïdes administrés par voie orale combattent rapidement l’inflammation. Pour minimiser les effets du prednisone, corticostéroïde fréquemment prescrit, on recommande de le prendre lorsque l’organisme produit naturellement des stéroïdes, soit tôt le matin, entre 5 et 7 heures. On peut également injecter directement le stéroïde dans les articulations pour soulager les accès inflammatoires. On ne doit toutefois pas y avoir recours trop souvent, cette pratique risquant de causer des lésions.
Habituellement, on entreprend rapidement le traitement au moyen de médicaments plus puissants afin de protéger les articulations et les organes des lésions à long terme. Les antirhumatismaux modificateurs de la maladie, ou ARMM, sont utilisés à cette fin. Le méthotrexate (Rheumatrex), à l’origine un anticancéreux, est celui que l’on prescrit le plus souvent. Administré à faibles doses, il combat l’inflammation, soulageant la douleur et les autres symptômes Le sulfasalazine (Azulfidine), l’or, administré par voie orale ou intraveineuse, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), le pénicillamine (Cuprimine, Depen) et la cyclosporine (Sandimmune, Neoral), un immunodépresseur, sont également utilisés. Quant au léflunomide (Arava), il soulage l’inflammation en bloquant l’action de l’interleukine-1. Cependant, il augmente le risque d’infections sériques. Les ARMM sont parfois administrés en association.
Les modificateurs de la réponse biologique, une nouvelle famille d’antirhumatismaux, pourraient également vous soulager. Utilisés dans les stades précoces, ils préviennent l’érosion progressive des articulations. L’infliximab (Remicade), qui est administré par intraveineuse toutes les quatre à six semaines par le médecin, l’étanercept (Enbrel), que vous pouvez vous injecter vous-même deux fois par semaine, et l’adalimumab (Humira) font partie de cette famille de médicaments. Ils ont tous pour effet de bloquer l’action du facteur onconécrosant-α et, pour cette raison, portent aussi le nom de bloqueurs du TNF-α. L’anikinra (Kineret), un autre modificateur de la réponse biologique, pourrait également être utile. Lors d’essais, on a observé que les patients se sentaient mieux après avoir pris ces médicaments et, dans certains cas, on a obtenu un soulagement complet de certains symptômes Il serait peut-être plus efficace de les associer au méthotrexate ou à d’autres ARMM. Pour les crises plus graves et en cas de rechute, le médecin pourrait vous administrer de puissants immunodépresseurs, tels que l’azathioprine (Imuran), le chlorambucil (Leukeran) ou le cyclophosphamide (Cytoxan). Ces médicaments suppriment l’activité du système immunitaire mais peuvent être très toxiques.
N’importe lequel de ces médicaments pourrait vous soulager en quelques semaines mais le traitement est habituellement administré sur le long terme. Au bout d’un certain temps, le médecin pourra décider de diminuer votre dosage ou de vous administrer une nouvelle association de médicaments.
Changements dans le mode de vie
Bien que l’arthrite rhumatoïde soit une maladie grave, certaines mesures pourraient contribuer à vous soulager.
- Les exercices sans heurts pourraient vous être utiles. Essayez la marche ou le vélo, ou apprenez les gracieux mouvements du tai chi.
- La cure thermale, qui consiste à se tremper dans de l’eau de source naturellement chaude, est utilisée de longue date pour soulager les troubles rhumatismaux. Les résultats d’études indiquent que les exercices en eau chaude son efficaces chez certains. La température optimale de l’eau devrait osciller entre 28 et 31° C. En outre, pour détendre vos muscles et préserver votre souplesse, les massages en douceur peuvent être fort utiles. Consultez un massothérapeute professionnel.
- Les bains à la paraffine fondue peuvent soulager la douleur et la raideur des mains, qui se manifeste surtout le matin. On trouve dans le commerce des trousses facilitant le traitement.
- Il est primordial que vous preniez beaucoup de repos, particulièrement durant les crises, afin de préserver votre énergie et avoir la force d’affronter votre maladie.
- Une alimentation riche en fruits et en légumes renfermant les vitamines antioxydantes C et E, pourrait contribuer à protéger vos articulations des lésions (bien qu’aucun aliment ne puisse guérir l’arthrite rhumatoïde). Le zinc, présent dans la viande, les oeufs, les produits laitiers, les fruits de mer, les noix et autres oléagineux, possède également des propriétés antioxydantes.
Interventions pour le traitement de l’arthrite rhumatoïde
Le prosorba, une nouvelle technique de filtration du sang (immunoadsorption de la protéine A) constitue une solution pour ceux que les médicaments ne soulagent pas. Elle consiste à retirer le sang par un bras, là e filtrer dans une colonne où il est séparé des substances inflammatoires, puis à le retourner dans l’organisme par l’autre bras. Les séances s’étendent sur 12 semaines, à raison d’une par semaine. Vous devriez commencer à aller mieux peu de temps après votre dernier traitement et les bienfaits devraient se prolonger sur une période de 18 mois. Seulement lorsque la détérioration est très grave, aura-t-on recours à des interventions chirurgicales consistant à remplacer l’articulation d’une hanche, d’un genou ou d’un doigt (arthroplastie par remplacement).
Approches alternatives pour le traitement de l’arthrite rhumatoïde
Grâce à ses propriétés anti-inflammatoires, l’huile d’onagre (1000 mg, trois fois par jour) peut soulager les articulations endolories. Le boswellia (150 mg, trois fois par jour) est utilisé de longue date en Inde pour traiter l’inflammation. Vous pouvez également appliquer de la crème de capsicine (composé présent dans les piments forts) sur les articulations malades trois ou quatre fois par jour. En outre, les médecins ayant une approche nutritionnelle de la maladie recommandent d’adopter une alimentation d’où sont exclus les aliments susceptibles de déclencher les symptômes de l’arthrite rhumatoïde.
Questions à poser à votre médecin
- Mon arthrite rhumatoïde est-elle légère ou grave? Mes symptômes risquent-ils de s’aggraver?
- Pendant combien de temps devrai-je prendre des médicaments?
- Est-ce que ça m’aiderait si je modifiais mon alimentation?
- Puis-je être enceinte pendant que je suis traitée?
- Mes symptômes sont-ils tous liés à ma maladie ou y en a-t-il qui sont causés par les médicaments que je prend?
- Dois-je me faire déclarer invalide?
- Devrai-je subir une arthroplastie par remplacement?
Vivre avec l’arthrite rhumatoïde
Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge votre arthrite rhumatoïde:
- Consultez des spécialistes. Le rhumatologue (médecin spécialisé dans les troubles arthritiques) vous aidera à mettre sur pied un traitement sur mesure. Vous devrez également être suivi par un médecin de premier recours, et consulter un physiothérapeute, dont le travail consistera à préserver la souplesse de vos articulations, ainsi qu’un ergothérapeute qui vous donnera des trucs pour vous faciliter la vie tant à la maison qu’au travail.
- Prenez garde aux interactions médicamenteuses. Ne prenez pas de prednisone en même temps qu’un AINS; cette association peut provoquer la formation d’un ulcère d’estomac.
- Faites-vous soigner dès l’apparition de vos premiers symptômes. Lors d’une étude dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Rheumatology, on a découvert que les personnes dont l’arthrite rhumatoïde en était au stade précoce mais qui avaient repoussé le traitement de neuf mois, se sentaient plus mal (même au bout de trois ans) que celles qui avaient entrepris promptement le traitement. Le traitement précoce est primordial si on veut diminuer le risque de lésions et s’épargner les traitements plus coûteux, notamment l’intervention chirurgicale.
- Si vous fumez, écrasez. On a montré dans des études que l’usage du tabac pouvait aggraver les symptômes de l’arthrite rhumatoïde. Si vous subissez une arthroplastie par remplacement, l’usage du tabac risque de ralentir votre rétablissement.