«Comment ça va?»
Cette question si simple et bien intentionnée est en réalité une question piège pour une femme qui a récemment fait une fausse couche. Selon la psychologue Stephanie O’Leary, «la réponse honnête se situe entre “c’est terrible” et “je suis dévastée”, mais poser la question met votre amie dans une position inconfortable : elle doit cacher ce qu’elle ressent ou revivre des émotions désagréables».
Dites-lui plutôt quelque chose qui montre votre soutien et votre compassion, comme «je suis désolée pour ta fausse couche». «C’est une manière directe de transmettre vos intentions et elle peut se contenter de vous remercier», explique la Mme O’Leary.
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«Ça arrive souvent»
Bien que ce soit vrai et que les fausses couches se produisent plus souvent qu’on ne le pense (environ une grossesse sur six), ce n’est pas le moment d’évoquer des statistiques. «Votre tentative de normaliser la situation de votre amie risque de paraître condescendante et froide, alors que ce n’est pas votre intention, déclare Mme O’Leary. Et puis il est probable que votre amie ne souhaite pas utiliser son propre deuil comme une donnée pour les statistiques ou comme un prétexte à évoquer d’autres situations.»
Au lieu d’essayer de la rassurer avec des phrases vides, la psychologue conseille d’être honnête et sincère, quitte à ne rien dire du tout.
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«Je comprends tout à fait ce que c’est»
«Si elle vous demande de parler de votre expérience, faites-le en gardant en tête que ce qui a été bénéfique pour vous ne l’est pas forcément pour tout le monde», conseille Mayra Mendez, thérapeute matrimoniale et familiale agréée du Providence Saint John’s Child and Family Development Center à Santa Monica, en Californie. Elle ajoute qu’il ne faut pas presser votre amie de passer à autre chose, mais que vous pouvez lui donner des conseils.
Suggérez-lui d’en parler avec d’autres personnes, comme des professionnels si nécessaire. Vous pouvez aussi lui recommander des sites utiles, des groupes de soutien ou des services d’écoute téléphonique. Toutefois, il lui appartient de les utiliser ou non quand elle sera prête à demander de l’aide.
«Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt?»
Une fausse couche est un événement fondamentalement intime. Même si vous êtes sa meilleure amie et sa confidente, votre amie n’avait peut-être pas envie d’en parler. Soyez-lui plutôt reconnaissante d’avoir changé d’avis et de vous faire confiance. «Souvenez-vous que la décision de partager cette information revient à la femme ou au couple, rappelle Laurel Steinberg, thérapeute new-yorkaise spécialisée en relation et enseignante de psychologie à l’Université Columbia.
Dites-lui plutôt qu’elle peut compter sur vous quand elle aura envie de parler.»
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«Il y a sûrement une raison»
Votre amie en plein deuil n’a sûrement pas envie d’entendre que sa grossesse était probablement vouée à l’échec ou que quelque chose n’allait pas avec le bébé. «Les causes d’une fausse couche sont soit impossibles à déterminer, soit reliées à d’autres problèmes de santé ou de fertilité, explique Stephanie O’Leary.
Essayer de prouver la logique de la situation par des faits scientifiques ou médicaux pourrait être une source d’anxiété pour elle et générer des tensions entre vous.» Offrez-lui plutôt votre compassion et votre soutien.
«Ça va aller»
«Voilà ce que beaucoup disent quand l’émotion ou le sujet discuté les mettent mal à l’aise, explique Mme O’Leary. Mais c’est comme dire à votre amie que vous avez du mal à prendre au sérieux l’expérience douloureuse et compliquée qu’elle traverse.»
La psychologue suggère plutôt de lui offrir votre soutien et de lui assurer votre présence quand elle souhaitera en parler à quelqu’un, ou quand elle voudra penser à autre chose. Ou simplement quand elle aura envie de compagnie. «Ça lui laisse entendre que vous êtes consciente que se remettre d’une fausse couche est un travail difficile et que vous êtes à ses côtés.»
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«C’est plus facile de gérer une perte quand…»
Mayra Mendez explique que chacun de nous fait son deuil de façon différente. «Essayer de nier la perte et la tristesse empêche l’évolution et la résolution du deuil. Cela peut à son tour entraîner des symptômes plus profonds qui persisteront même après le deuil, affirme-t-elle, et nécessiter un accompagnement plus sérieux.»
Au lieu de donner des conseils, essayer de légitimer les sentiments de perte et de tristesse. «Ouvrez la communication pour parler de son expérience et de ses sentiments calmement et sans jugement.»
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«Ne t’en fais pas, tu pourras bientôt réessayer»
Dire à votre amie de ne pas s’inquiéter minimise ce qu’elle ressent. Cela revient à miser sur le futur de sa fertilité, ce qui échappe totalement à votre pouvoir (et même du sien). «Il n’est pas facile pour certaines femmes de réessayer et d’autres problèmes peuvent survenir explique Mme O’Leary.
Si elle mentionne l’éventualité d’une nouvelle grossesse, contentez-vous d’écouter et d’apporter votre soutien.» Si elle cherche à être rassurée, donnez une réponse simple: «Je suis certaine que, le moment venu, tu prendras la bonne décision.»
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«Un jour, tu n’y penseras plus.»
En réalité, il y a peu de chances que votre amie oublie qu’elle a perdu son bébé, aussi normale et fréquente que soit une fausse couche. Pour elle, c’est un événement personnel bouleversant, qui la suivra toute sa vie. «Insinuer qu’elle finira par oublier revient à lui dire de ne pas honorer la mémoire de ce fœtus qui était en elle, explique Laurel Steinberg. Il est possible aussi qu’elle tienne à préserver des souvenirs heureux de sa grossesse.»
Faites-lui comprendre que vous espérez que de bonnes choses lui arriveront bientôt.
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