Résilience: l’acceptation totale
Il est tentant de penser pouvoir corriger les défauts de nos conjoints, amis, parents et enfants adultes. Il y a des décennies, la comédie musicale Guys and Dolls a ridiculisé cette idée : « Épouse l’homme aujourd’hui et change-le demain. »
Notre amour-propre nous convainc souvent du bien-fondé de notre opinion, mais il est contre-productif de vouloir « corriger » l’autre, affirme Paul Coleman, psychologue et auteur de We Need to Talk : Tough Conversations With Your Spouse.
« Cela sous-entend une sagesse et une compréhension plus profonde de ce qui est mieux pour l’autre », dit-il. La personne visée pourrait se sentir rabaissée et éprouver du ressentiment.
Eli Finkel, professeur de psychologie à l’Université Northwestern, préconise une approche plus saine : l’introspection empathique. Si votre conjoint déteste les grands rassemblements, songez à sortir seule la prochaine fois pour ne pas le forcer à discuter et vous obliger à rentrer tôt. Si votre fils refuse, pour l’instant, d’aller à l’université, montrez-vous enthousiaste envers sa carrière naissante de guide naturaliste au lieu d’insister sur les palmarès universitaires. Reconnaissez vos divergences, et rappelez-vous la formule de Paul Coleman : « Nous avons des différends chroniques, mais nous devons apprendre à vivre ensemble. »
Indulgence pour les enfants
Les parents surprotecteurs, qui jouent les redresseurs de torts dans l’aire de jeux ou submergent les écoles de messages, exaspèrent profondément les spécialistes du développement et le personnel enseignant. « L’énorme méfiance envers les institutions publiques pousse les individus à outrepasser leur rôle parental, explique Hara Estroff Marano, qui a publié A Nation of Wimps : The High Cost of Invasive Parenting.
Les parents doutent aussi de la volonté d’indépendance de leurs enfants et refusent que la nature puisse influer sur leur développement. » Mais trop vouloir protéger les enfants contre le stress peut leur nuire à long terme. En étudiant des centaines de paires parent/jeune adulte, Michelle Givertz, qui enseigne en communication à l’Université d’État de Californie, à Chico, a conclu qu’une ingérence parentale exagérée et inadaptée à l’âge prédisposait les enfants (puis les adultes) à la dépression, au désœuvrement et à l’indécision.
Il est préférable, autant que possible, de laisser vos enfants vivre des déceptions épisodiques et résoudre seuls leurs problèmes, tout en les assurant de votre écoute (même si vous êtes celui qui dit « non »), de votre disponibilité et de votre soutien. Croyez en eux. « Notre devoir, en tant que parents, est d’aider nos enfants à devenir autonomes », affirme Mme Givertz.
Les contraires ne s’attirent pas éternellement
La clé d’une relation heureuse et saine est de choisir un partenaire qui nous ressemble et qui nous conforte dans nos opinions et habitudes. Des études ont souligné à maintes reprises l’importance des points communs : valeurs, traits de caractère, milieux socioéconomiques, religion et proximité d’âge.
Par des questions sur le mode de vie, la politique, l’éducation des enfants, l’éthique et les finances, Glenn Wilson, psychologue et professeur au Gresham College de Londres, en Angleterre, a démontré que compatibilité des réponses et satisfaction des conjoints allaient de pair. Avec un bémol : « Quand les conjoints se ressemblent trop, leur relation peut s’apparenter à celle d’un frère et d’une sœur : trop prévisible, sans grande nouveauté. »
Où trouver le juste milieu ? Un partenaire dont les passions diffèrent assez des vôtres pour enrichir votre vie, mais qui partage votre vision en termes de démonstration d’affection, d’éthique de vie et d’éducation des enfants.
De l’importance des réseaux sociaux
Cultivez vos amitiés. « La quantité et la qualité de vos relations jouent sur votre espérance de vie », affirme Bert Uchino, psychologue et professeur à l’Université de l’Utah. Selon une étude, il est tout aussi néfaste d’avoir peu d’interactions sociales que de fumer 15 cigarettes par jour. Sheldon Cohen, professeur de psychologie à l’Université Carnegie Mellon, a administré des gouttes nasales avec un virus du rhume à des sujets. Ceux qui avaient les liens sociaux les plus diversifiés avaient quatre fois moins de risque de développer un rhume que ceux qui avaient des relations moins diversifiées.
Mais, selon les recherches de M. Uchino, la qualité des relations compte autant que leur quantité. En comparant la tension artérielle de 88 femmes en situation de stress (avant de faire un discours), il a constaté l’effet apaisant de la présence et du soutien d’un ami proche. Les chercheurs supposent que le stress dû au faible soutien social entraîne des réactions négatives en chaîne. Pouvoir compter sur ses amis peut donc être salutaire, explique M. Cohen.
Le désir décline, l’amour perdure
Les couples concluent trop souvent à l’échec de leur relation quand la fièvre romantique cesse, et que naissent les disputes. Mais la recherche réfute cette idée. Selon Howard Markman, professeur de psychologie à l’Université de Denver et coauteur de Fighting for Your Marriage, les couples qui durent se disputent. C’est l’attitude qui importe. Ainsi, des conjoints heureux évitent les reparties acerbes. Formuler ses griefs permet aux membres du couple d’exprimer le fond de leur pensée et d’assumer la responsabilité de leurs erreurs.
La baisse du désir est aussi normale. « L’amour romantique est un état émotionnel intense, qui dure en général environ un an et demi, explique Will Meek, psychologue et directeur adjoint des services d’aide de l’Université de Portland. L’amour profond vient de l’engagement qui suit l’acceptation des imperfections de l’autre. »