Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur?
Vous êtes-vous déjà demandé comment vous aviez obtenu votre emploi actuel, ou comment vous vous étiez retrouvé avec une famille aussi extraordinaire? Avez-vous déjà imaginé qu’on cesserait de vous aimer si on découvrait qui vous étiez vraiment? Craignez-vous qu’on vous «dévoile», même si vous n’avez jamais rien caché?
Si c’est le cas, vous pourriez souffrir d’un trouble psychologique courant, appelé le syndrome de l’imposteur. Il vous fait douter de vos propres capacités, vous donne un sentiment d’illégitimité et vous fait croire que vos réalisations sont le fruit du hasard, et non de vos talents, explique Sanam Hafeez, neuropsychologue et membre du corps professoral de l’Université de Columbia, à New York. Une étude a même démontré que les gens qui souffraient du syndrome de l’imposteur avaient tendance à attribuer leurs réussites à des facteurs externes.
Même s’il ne figure pas dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), qui est la référence absolue pour le diagnostic des maladies psychiatriques, ce syndrome est décrit par les experts comme un trouble profond d’insécurité pouvant nuire à la carrière, à la vie privée et aux relations des personnes touchées. Elles peuvent se sentir indignes des bonnes choses, et craindre sans arrêt d’être «découvertes» et de tout perdre, précise Andrea J. Marsden, professeure adjointe en services sociaux et psychologie au Beacon College de Leesburg.
Toute cette peur peut mener à des troubles chroniques, comme la dépression ou l’anxiété. L’angoisse que suscite le syndrome de l’imposteur peut forcer la personne à surcompenser, ou à développer des comportements obsessionnels compulsifs.
L’anxiété chronique crée également un important impact sur la santé physique. Si votre réaction en lisant ces lignes est: «Mais c’est tout moi!», sachez que le syndrome de l’imposteur frappe sans distinction.
«Il n’est pas rare que l’on vive des épisodes occasionnels du syndrome de l’imposteur», souligne Andrea Marsden. «En fait, il se présente chez environ 70% de la population à un moment donné de leur vie.» Ces sentiments peuvent être déclenchés par un patron trop critique ou par un être cher, mais le syndrome de l’imposteur peut aussi survenir chez des gens qui manquent au départ de confiance en eux.
Votre réussite est méritée! Vous devriez arrêter de vous excuser dans ces situations!
Votre pire ennemi
Dans son essence, le syndrome de l’imposteur est une forme d’auto-sabotage, explique la Dre Christine B. L. Adams, psychiatre et auteure de Living on Automatic. Et voici ce qu’il faut faire si vous souffrez d’auto-sabotage.
Il peut se transformer en prophétie autoréalisatrice. Ne pas croire que l’on mérite ce que l’on a peut provoquer une immense inquiétude à l’idée de le perdre, ce qui, à son tour, peut nuire à l’atteinte de nos objectifs et à la façon dont nous fonctionnons.
Il peut, par exemple, vous faire refuser une promotion prometteuse, ou une sortie avec un amoureux potentiel, parce que vous ne vous sentez pas à la hauteur.
C’est un syndrome sournois qui peut débuter comme un léger doute sur soi et se transformer en pensées obsessionnelles et en sentiments très pénibles.
Ce syndrome peut être difficile à reconnaître, d’où l’importance d’en savoir plus à son sujet. Vous pourrez ainsi prendre les mesures qu’il faut pour vérifier la situation avant de saborder votre quiétude, précise Sanam Hafeez.
«Les gens ont besoin d’en savoir plus sur le syndrome de l’imposteur afin d’être en mesure d’en repérer les symptômes et de développer des stratégies pour gérer leurs émotions et atténuer son impact», ajoute-t-elle.
Les personnes les plus ciblées
Tout le monde peut développer un syndrome de l’imposteur. Il semble cependant plus prépondérant chez les gens tournés vers le succès, précise Sanam Hafeez. Si on y ajoute la pression sociale, qui glorifie les résultats et les confond souvent à la valeur de l’individu, on obtient un mélange parfait pour un syndrome de l’imposteur. L’éducation compte pour beaucoup dans la vulnérabilité à ce syndrome, souligne la Dre Adams.
«Les enfants poussés vers le succès sans être félicités, et élevés dans le refus des compliments conservent souvent ces sentiments jusqu’à l’âge adulte», dit la Dre Adams. Les gens qui font partie de groupes victimes d’une pression sociétale accrue, de micro-agressions au travail ou de doute profond sur eux-mêmes sont également à risque. Ils peuvent comprendre la communauté LGBTQ, les femmes et les gens de couleur.
«Des facteurs comme les stéréotypes, la discrimination et l’oppression accroissent le phénomène du syndrome de l’imposteur chez ces individus», précise Sanam Hafeez. Un bouleversement tel qu’un divorce ou un changement de carrière vulnérabilise aussi par la perte d’estime de soi qu’il provoque, souligne Andrea Marsden. Alors que ces signes prouvent que vous êtes prêt pour un changement de carrière.
Signes du symptôme de l’imposteur
L’impression d’être un fraudeur ou un imposteur dans sa carrière, son couple ou sa vie en général, est le premier symptôme de ce syndrome. Mais vous pourriez ne pas vous rendre compte que vous avez ce sentiment.
Les questions suivantes, rédigées par nos experts, permettent de mieux identifier et nommer les sentiments ressentis:
- Pensez-vous ne pas mériter le succès ou le bonheur?
- Avez-vous de la difficulté à accepter les compliments?
- Est-ce que recevoir un prix ou des éloges publics vous terrifie ou vous fâche?
- Remettez-vous constamment en question vos compétences et vos aptitudes?
- Craignez-vous de n’avoir réussi quelque chose qu’en réaction à la consternation que vous suscitiez chez les autres?
- Vos attentes envers vous-même sont-elles trop élevées?
- Êtes-vous très susceptible à la critique?
- Avez-vous une faible estime de vous-même ou une faible confiance en vous?
- Ruminez-vous des pensées négatives sur vous-même, vos relations, votre travail ou votre existence?
- Vous inquiétez-vous à l’idée que s’ils vous connaissaient vraiment, les gens cesseraient de vous aimer?
- Si quelqu’un vous demande d’énumérer vos cinq plus grandes forces, est-il difficile pour vous de nommer vos compétences?
- Avez-vous déjà exprimé de la colère à quelqu’un qui essayait de vous faire un compliment?
- Avez-vous l’habitude de rejeter les compliments?
- Donnez-vous plus de crédit aux autres pour les succès collectifs?
On peut tous avoir des doutes sur soi à l’occasion, mais si vous avez répondu oui à la plupart des questions et qu’elles vous tourmentent très souvent, il pourrait s’agir d’un syndrome de l’imposteur, prévient Sanam Hafeez.
Surmonter le syndrome de l’imposteur
Ces modèles de pensée peuvent paraître ancrés, mais vous pouvez les court-circuiter et arrêter le cycle avant qu’il ne vous fasse couler. Ceci vous aidera à arrêter de vous sentir coupable tout le temps. Voici quelques étapes vers la guérison:
Consulter un professionnel
Vaincre le syndrome de l’imposteur en se débarrassant simplement de ses pensées négatives serait tellement facile. Mais elles peuvent être profondément ancrées, et souvent depuis l’enfance, précise la Dre Adams. En discuter avec un psychologue ou un professionnel de la santé mentale est une première étape constructive vers l’identification des sources des modèles de pensée et la façon de les réorienter.
Établir des objectifs réalistes
Les perfectionnistes visent très haut, risquant la frustration et les doutes sur eux-mêmes. Fixez-vous plutôt des objectifs réalistes qui répondent à vos véritables capacités.
Éliminer les gens toxiques
Le syndrome de l’imposteur peut être dans votre esprit, mais les gens qui vous entourent peuvent le déclencher ou l’aggraver en vous critiquant ou en vous rabaissant. Vous n’arriverez pas à guérir si vous ne sortez pas d’un environnement qui comprend des personnes toxiques, affirme Sanam Hafeez. Alors, pour votre bien-être apprenez à mettre fin aux relations toxiques.
Faire une liste de ses réussites
Présenter objectivement les choses peut vous permettre de mieux identifier vos bons coups et d’apprendre à ressentir de la fierté pour vos réalisations.
Si vous avez de la difficulté à rédiger cette liste, demandez de l’aide à un ou une ami(e) ou à un mentor, conseille Sanam Hafeez.
Arrêter de se comparer aux autres
Les gens qui souffrent de ce syndrome tombent souvent dans le piège de comparer leurs faiblesses aux forces des autres, ce qui peut accroître leur sentiment d’imposture, dit Andrea Marsden.
«Les comparaisons sont contre-productives, ajoute-t-elle. Au lieu de scruter les autres, assumez votre succès et acceptez qu’il ne vous est pas arrivé par hasard.» Adopter ces gestes vous permettra d’augmenter votre confiance en vous!
Tenir un «journal positif»
Vous recevez un compliment agréable? On vous fait des honneurs au travail? Un collègue vous félicite? Tenez un journal personnel des choses positives qui vous arrivent en notant chacun de ces éléments encourageants, si minimes soient-ils. Ce n’est pas toujours évident, mais ces trucs vous permettront de mieux accepter un compliment.
«Dès que le sentiment d’imposture vous envahit, sortez votre journal positif et refaites le bilan de tous vos succès», conseille Andrea Marsden.
S’entraîner à recevoir des éloges
Si le fait qu’on vous fasse des éloges ou qu’on vous récompense vous rend totalement inconfortable, mal à l’aise ou même irrité, essayez un jeu de rôles avec un ou une ami(e). Vous pourrez ainsi vous entraîner à remercier poliment et à éviter l’auto-dépréciation ou les réponses colériques, dit la Dre Adams.
S’observer soi-même
Imaginez que vous êtes un étranger vous regardant vivre. Que penseriez-vous de vous-même dans les circonstances? Ou imaginez qu’un ami soit à votre place et vous demande ce que vous lui diriez. Tenter de s’observer et de se voir agir de l’extérieur peut vous aider à mieux comprendre la situation avec plus d’objectivité et d’indulgence, recommande la Dre Adams. Apprenez l’art de l’indulgence envers soi-même.
Se faire traiter pour un problème psychologique
Le syndrome de l’imposteur peut alimenter la dépression, l’anxiété et d’autres problèmes psychologiques, qui peuvent amplifier à leur tour les symptômes du syndrome de l’imposteur. Vérifiez si c’est votre cas: voici comment savoir si vous avez besoin de l’aide d’un psychologue.
Il faut parfois de l’aide professionnelle, comme une thérapie ou de la médication pour briser le cycle. Traiter les troubles sous-jacents pourrait être une amorce essentielle, explique la Dre Adams.
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