Il n’a jamais fait aussi bon vivre dans le monde et ça va continuer d’aller de mieux en mieux.» Telle est l’opinion de l’écrivain britannique Matt Ridley, 54ans, auteur de plusieurs essais scientifiques et dont le dernier livre, pas encore traduit, s’intitule The Rational Optimist (« l’optimiste rationnel »). Dans un monde frappé par la crise et rongé par la pauvreté, la maladie et la guerre, ces paroles résonnent comme une véritable provocation. Ses détracteurs l’accusent d’être dans le déni, disent qu’il est scandaleux de «prendre la réalité autant à la légère», surtout en matière de climat et d’économie.
Pourtant, Matt Ridley n’en démord pas. «Il n’y a rien d’insensé à croire en un avenir meilleur pour l’homme et la planète», martèle-t-il. Docteur en zoologie, spécialiste d’économie, il ne craint pas de brosser un tableau détaillé de cet avenir radieux. «Les gens clament que je suis fou d’être à ce point optimiste, mais je ne peux pas m’en empêcher.» Alors, génial analyste ou doux rêveur? À vous de juger!
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1. On vit mieux qu’autrefois
Comparativement à il y a 50 ans, l’homme, en général, gagne presque le triple (en tenant compte de l’inflation), ingurgite un tiers de calories en plus, voit la mortalité de sa progéniture réduite de deux tiers, et peut espérer que sa vie se prolonge d’un tiers. En fait, il est difficile aujourd’hui de trouver un endroit sur terre où l’on vive moins bien qu’avant, même si la population mondiale a plus que doublé sur la même période.
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2. La pauvreté est en chute libre
Les riches sont plus riches, mais les pauvres font mieux encore. Entre 1980 et l’an 2000, ces derniers ont doublé leur consommation. Les Chinois sont 10 fois plus fortunés et vivent environ 25 ans de plus qu’il y a un demi-siècle. Les Nigérians sont deux fois plus aisés et ont gagné neuf ans d’espérance de vie. La proportion d’êtres humains extrêmement pauvres a été divisée par deux. Les Nations unies estiment que la misère a davantage reculé en 50 ans qu’en un demi-millénaire.
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3. La vie coûte moins cher
Pourquoi sommes-nous plus riches, en meilleure santé, plus grands, plus intelligents, plus libres et pourquoi vivons-nous plus longtemps qu’avant? Tout simplement parce que les besoins humains fondamentaux – nourriture, habillement, chauffage et logement – sont devenus bien moins chers. Prenons un exemple: en 1800, une bougie qui éclairait pendant une heure coûtait six heures de travail. Dans les années 1880, pour payer cette même heure d’éclairage fournie par une lampe au kérosène, 15 minutes de travail suffisaient, ramenées à huit secondes en 1950 et à une demi-seconde aujourd’hui. Selon ces critères, nous sommes 43200 fois plus riches qu’en 1800.
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4. L’environnement est moins pollué qu’on ne l’imagine
Aux États-Unis, les rivières, les lacs, les mers et l’air sont de plus en plus propres. Aujourd’hui, une voiture roulant à pleine vitesse est moins polluante qu’un véhicule en stationnement et perdant de l’huile dans les années 1970.
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5. La consommation aide l’innovation
Sans ignorer les personnes qui vivent encore dans un grand état de pauvreté, notre propre génération a accès à davantage de calories, de watts, de chevaux-vapeur, de gigaoctets, de mégahertz, de mètres carrés, de milles aériens, de tonnes à l’hectare, de kilomètres au litre et, bien sûr, à plus d’argent que nos aïeux. Et cela va se poursuivre aussi longtemps que nous utiliserons toutes ces choses pour en faire d’autres. Plus nous nous spécialiserons et échangerons, mieux nous serons lotis.
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6. Le bon vieux temps? pas si bon que ça!
Des nostalgiques regrettent la simplicité et la tranquillité qui régnaient autrefois, la dévotion religieuse, la civilité d’antan. Mais les personnes qui regrettent cette époque bénie sont bien souvent les plus nanties. Car il est plus facile de louer les mérites de la vie rustique quand on n’a pas connu soi-même les toilettes au fond du jardin. La plus grande expérience de tous les temps en matière de retour à la terre – façon hippie – fait figure aujourd’hui d’âge des ténèbres.
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7. La croissance démographique n’est pas synonyme de menace
La population mondiale continue d’augmenter, mais à un rythme moins élevé depuis 50 ans. Partout dans le monde, le taux de natalité est inférieur à ce qu’il était en 1960 et, dans les régions les moins développées, ce taux a été à peu près divisé par deux. Et ce en dépit de l’allongement de l’espérance de vie et de la baisse de la mortalité infantile. Selon une étude des Nations unies, la population mondiale commencera à diminuer quand elle aura atteint 9,2milliards d’individus, en 2075. Il est donc tout à fait permis de penser que nourrir tout ce monde ne sera jamais un problème. Après tout, on est déjà 7milliards sur terre et on mange de mieux en mieux depuis des décennies.
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8. Notre génération est la plus vernie
La génération actuelle est celle qui connaît la plus grande période de paix, la plus grande liberté, la plus grande accessibilité à l’éducation et aux soins médicaux. Elle est également celle qui voyage le plus. Et pourtant, à la première occasion, elle sombre dans la morosité. C’est ainsi par exemple que les consommateurs ne disent pas: «Quelle chance d’avoir un tel choix de produits!», mais: «On est complètement submergés.» Or, quand je vais au supermarché, je ne constate pas que les clients sont au supplice devant l’impossibilité de choisir.
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9. Les grandes idées continuent de fuser
La prospérité engendre la prospérité. Plus on invente, plus on est inventif. En théorie, notre réserve d’idées et de découvertes est inépuisable.
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10. Nous pouvons résoudre tous nos problèmes
Si vous dites que le monde va de mieux en mieux, on vous prend pour un fou. Si vous déclarez qu’on est au bord du précipice, il se pourrait fort que vous receviez le prix Nobel de la paix. Les rayons des librairies croulent sous le pessimisme. Les ondes nous accablent de propos lugubres. J’ai toujours entendu dire que le monde ne pourrait survivre qu’en renonçant à la croissance économique. Mais le monde bouge. L’espèce humaine est devenue une machine à résoudre les problèmes: elle les résout en changeant sa manière de faire. Le vrai danger serait d’imposer un frein à ce changement.
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11. Cette dépression n’a rien de… déprimant
La dépression des années 1930 n’a été qu’un fléchissement dans la courbe ascendante du niveau de vie. Dès 1939, même les pays les plus touchés par la crise – les États-Unis et l’Allemagne – étaient plus riches qu’ils ne l’avaient été dans les années 1930. Toutes sortes de nouveaux produits et de nouvelles industries ont vu le jour pendant la dépression. Nous allons donc assister à une reprise de la croissance, à moins qu’elle ne soit freinée par de mauvaises mesures politiques. Ici on crée un logiciel, là on teste un nouveau matériau, ailleurs on transfère un gène, tout cela pour rendre la vie plus facile et plus belle.
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12. Les optimistes ont raison
Depuis 200 ans, les oiseaux de mauvais augure font la une des journaux bien que les optimistes aient eu beaucoup plus souvent raison. Il y a en somme tout intérêt à être pessimiste. On ne remplit en effet pas les caisses des organisations caritatives en disant que ça va mieux. Aucun journaliste n’a fait la couverture de quotidiens en expliquant que la catastrophe qu’on craignait était finalement peu probable. Les groupes de pression et leurs clients – les médias – sont en permanence à l’affût du moindre signe de sinistrose. Ne vous laissez pas intimider: osez l’optimisme!
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