Le secret du bonheur
Beaucoup d’éléments contribuent au bonheur, notamment la saine alimentation et le niveau d’activité physique. Le tout premier rapport mondial sur le bonheur, publié en 2012, indique que l’endroit où nous habitons joue également un rôle en matière de bien-être. Le rapport des Nations unies, qui mesure le bien-être économique et social à l’échelle mondiale, classe le Canada au 5e rang des nations les plus heureuses, après le Danemark, la Norvège, la Finlande et les Pays Bas.
Selon les chercheurs, nous avons tous un niveau de bonheur inné. Existe-t-il vraiment un niveau de «bonheur prédéfini» et dans quelle mesure pouvons-nous influencer celui-ci? Les experts en psychologie positive, selon laquelle il faut encourager les émotions positives plutôt que corriger les émotions négatives, sont loin de s’entendre sur le sujet. Kassam et d’autres experts affirment que, quels que soient les hauts et les bas de l’existence, tôt ou tard, notre niveau personnel de bonheur prédéfini refait surface. Ceci explique pourquoi des facteurs externes, comme la hausse du revenu, ne nous rendent pas plus heureux.
D’autres spécialistes, notamment Randy Paterson, psychologue et directeur du centre d’orientation Changeways Clinic, à Vancouver, croient qu’il est possible, en dépit de nos expériences de vie, d’influer sur notre niveau de bonheur en opérant, au quotidien, des changements d’attitude intentionnels et en développant certaines habiletés.
Nous pouvons, à tout le moins, miser sur les 10 conseils suivants s’appuyant sur des éléments probants pour illuminer notre journée et nous indiquer le chemin du bonheur.
1. N’en faites pas trop
Pourquoi sommes-nous parfois si déçus à notre propre fête d’anniversaire? Un article de recherche publié en 2011 dans la revue Perspectives on Psychological Science indique que consacrer trop d’efforts à la recherche du bonheur en soi peut engendrer l’effet inverse voulu. En effet, compter uniquement sur la fête pour nous rendre heureux est une erreur, car la finalité du processus primera sur le fait de prendre simplement part aux activités contribuant au bonheur, dans ce cas, s’entretenir avec les amis et la famille dans une ambiance agréable. «Lorsque les gens ont des attentes (qu’ils doivent être heureux, par exemple), ils peuvent alors être déçus lorsque leurs émotions ne correspondent pas à l’idéal de bonheur qu’ils se sont fixé», indique June Gruber, coauteure de l’étude et professeure adjointe de psychologie à l’Université Yale. «Il est essentiel d’essayer de se libérer des attentes psychologiques, particulièrement de celles qui concernent le bonheur, pour tenter de mieux accepter notre état de bien-être actuel».
2. Fixez-vous des objectifs personnels à atteindre
Selon les recherches effectuées par Bernardo J. Carducci, directeur du Shyness Research Institute, à l’Université d’Indiana, les personnes qui s’efforcent d’atteindre des objectifs personnels s’adonnent résolument à beaucoup d’activités de loisirs et sont par conséquent plus heureuses. Pour ce chercheur, «activité de loisirs» s’entend de toute activité permettant l’autoamélioration et relevant d’un choix – par exemple, s’inscrire à un cours de langue, s’adonner à un passe-temps ou essayer un nouveau sport. «L’adage suivant peut sembler évident, mais ne va pourtant pas de soi: le bonheur découle des efforts déployés pour atteindre nos objectifs».
3. Ne sous-estimez pas vos capacités à reprendre le dessus
Selon une recherche effectuée par Kassam et publiée l’année dernière dans la revue Psychology Science, nous parvenons à trouver le bonheur, et ce, même lorsque tout ne va pas comme nous le souhaiterions. «Nos recherches indiquent que les gens ont tendance à surmonter les événements négatifs bien plus rapidement qu’ils l’imaginent». Nous sommes dotés d’un système immunitaire affectif qui, à l’instar du système immunitaire psychologique, combat les émotions négatives.
Pouvons-nous stimuler cette réaction immunitaire affective? Les recherches ne sont pas encore concluantes, précise Kassam. Nous savons toutefois que nous surmontons plus rapidement les émotions négatives lorsque nous sommes impuissants à changer les choses.
4. Gérez le risque de dérapage quotidien
Des chercheurs de l’Université du Vermont qui ont étudié les mots clés trouvés sur Twitter afin de mesurer le bonheur ont découvert que celui-ci est à son maximum entre 5 et 6 heures du matin, décline abruptement jusqu’à l’heure du midi et atteint graduellement un creux dans la soirée, entre 22 et 23 heures. «Ce processus fait partie intégrante de la fragmentation générale de l’esprit qui s’observe tout au long de la journée», explique Peter Dodds, auteur responsable de l’étude et mathématicien en mathématiques appliquées à l’Université du Vermont.
Que pouvons-nous faire pour remédier à ceci? L’anticipation contrôle les émotions, précise Randy Paterson, alors il faut gérer nos attentes. «Si l’on admet que la vie comporte des défis et que l’on évite de faire trop de prévisions, peut-être pourrons-nous accepter plus facilement les événements du quotidien et maintenir une humeur égale». À titre d’exemple, si vous vous préparez mentalement à ne pas obtenir une promotion professionnelle pour cause de raisons objectives, comme un mauvais trimestre économique, vous serez moins déçu, ayant moins intériorisé vos émotions et votre négativisme. Dans les faits, Randy Paterson nous dit «qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué». Il suggère également de continuer à envisager les choses à long terme. Si nous parvenons à reconnaître le grand ordre légendaire de l’existence, nous pouvons alors minimiser les réactions négatives par rapport aux petites frustrations quotidiennes.
5. Rendez visite à une personne qui vous est chère
Selon la plupart des recherches effectuées sur le bonheur, notamment le Rapport mondial sur le bonheur commandé par les Nations unies, entretenir des relations significatives avec les amis et la famille est un des plus importants déterminants du bonheur. Mais qu’entend on au juste par «relations significatives »? Cela signifie tout d’abord être en présence de la personne et non pas entretenir une simple relation virtuelle, précise Randy Paterson. «Ceci étant dit, une relation significative avec votre sœur, un partenaire ou un ami est une relation authentique qui vous pousse à chercher à comprendre ce que l’autre pense et ressent réellement». Randy Paterson ajoute que, pour être significatif, un lien social doit tendre à profiter, du moins en partie, aux deux personnes et non pas uniquement à vous (pour ce qui est de la recherche d’amusement, de la lutte à la solitude ou du réconfort accru).
6. Ne misez pas sur la thérapie de consommation
Une étude effectuée auprès d’étudiants du secondaire et publiée dans la revue Applied Research in Quality of Life, plus tôt cette année, vient conforter le fait suivant, que nous savions probablement déjà de façon intuitive: le désir de possessions matérielles – que nous obtenions ou pas les possessions convoitées – ne contribue nullement au bonheur. James Roberts, auteur de l’étude et professeur de marketing à l’Université Baylor au Texas, précise: «les possessions matérielles ne peuvent tenir leur promesse de nous rendre heureux. Les êtres humains trouvent le bonheur et la satisfaction dans la façon dont ils se perçoivent, dont ils perçoivent leurs relations avec les autres et leur engagement à l’égard de l’ensemble de la communauté».
Selon les conclusions de cette étude d’une décennie portant sur la psychologie du comportement des consommateurs, James Roberts affirme que l’attachement pour les biens matériels peut en fait nuire à la façon dont nous nous percevons, porter atteinte à nos relations personnelles et nous rendre, en fin de compte, malheureux. L’essentiel est d’être conscient de ce que l’auteur nomme le «tsunami de la consommation» qui nous étourdit et de faire des choix nous permettant de consacrer plus de temps aux relations sociales qui sont à la base de l’épanouissement. Ainsi, il a été démontré dans de nombreuses études que le travail bénévole ou caritatif contribuait au bonheur personnel.
7. Déterminez le temps libre dont vous avez besoin
La recherche de James Roberts indique également que les étudiants les plus épanouis étaient ceux qui trouvaient le juste équilibre entre avoir trop de temps libre et pas assez. «Si trop peu de temps libre engendre du stress et de l’anxiété, trop de temps mène à l’ennui», ajoute-t-il. Ce juste équilibre diffère d’une personne à l’autre. Vous l’aurez atteint lorsque vous ne ressentirez ni stress, ni ennui ni solitude – en bref, lorsque vous serez épanoui.
8. Misez sur le positif et non pas sur ce qui va mal
Des recherches effectuées à l’Université d’Indiana ont démontré que les personnes les plus heureuses avaient tendance à mettre l’accent sur les choses qui leur procuraient du bonheur et que les gens malheureux tendaient principalement à essayer d’éviter de penser aux choses négatives. Bernardo J. Carducci explique «que les gens les plus heureux se concentrent vraiment sur ce qui va bien» – c’est l’histoire du verre à moitié plein que l’on connaît tous. «Si nous nous concentrons uniquement sur les choses qu’il nous reste à accomplir, nous nous exposons inévitablement à des déceptions», précise Randy Paterson. Pour remédier à ceci, il faut, par exemple, modifier notre façon de penser. «En faisant un effort délibéré pour nous concentrer sur ce que nous avons accompli, nous aurons davantage tendance à voir les progrès réalisés».
9. Habillez-vous chic
La prochaine fois que vous vous réveillez d’humeur chagrine, enfilez votre chemisier fuchsia ou tout vêtement qui vous réconforte. Des chercheurs de l’Université d’Hertfordshire, au Royaume-Uni, ont tenté de comprendre pourquoi les femmes optaient pour certains vêtements le matin et ont découvert que le choix dépendait vraiment de leur état émotif. Deux vêtements en particulier, les jeans et les hauts amples, indiquent un état de tristesse éventuel. Plus de la moitié des femmes faisant partie de l’étude ont indiqué qu’elles portaient des jeans lorsqu’elles se sentaient déprimées et 57 % un haut ample. Uniquement 2 % d’entre elles ont indiqué qu’elles mettraient un haut ample en étant de bonne humeur.
Les femmes ont ajouté qu’elles seraient également 10 fois plus susceptibles de mettre leur robe préférée lorsqu’elles sont d’humeur joyeuse plutôt que chagrine. «Bon nombre de femmes ayant pris part à l’étude avaient l’impression qu’elles pouvaient changer leur humeur en changeant de vêtement», indique Karen Pine, auteure de l’étude et professeur de psychologie à l’université. «Ceci prouve le pouvoir psychologique des vêtements et la façon dont les bons choix peuvent influencer notre état d’esprit.»
10. Faites preuve d’empathie et de reconnaissance
Randy Paterson souligne qu’en psychologie clinique, «les drames et les malheurs d’autrui peuvent éveiller notre sentiment de compassion à l’égard des autres, mais également de gratitude envers notre propre chance et son caractère éphémère». Il ajoute que nous ne donnons pas leur juste place aux émotions difficiles. «C’est par l’expression de celles-ci que nous acquérons nos meilleurs traits de caractère et habiletés, à savoir l’empathie, la compassion, l’altruisme et la confiance».
Ceci s’observe à la fois dans la vie réelle et dans l’imaginaire. Regarder un film tragique peut en fait nous rendre plus heureux. Des recherches effectuées après d’étudiants de niveau collégial ont permis d’établir que les comédies, les films d’action et les tragédies ont un effet à court terme sur l’humeur. Les tragédies semblent toutefois avoir une influence plus grande. En étant confrontés aux difficultés que vivent les autres, nous sommes portés à réaliser notre propre chance.
Nous pouvons cultiver un sentiment de reconnaissance en nous remémorant délibérément les éléments positifs qui jalonnent notre existence, ajoute Randy Paterson. «Nous pouvons également nous adonner à des exercices de pleine conscience pour fixer notre attention sur le monde présent, rejeter les regrets du passé et les craintes d’un avenir sombre».
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