Parlez moins, écoutez plus
Fiona Heath, 49 ans, pasteure unitarienne à Mississauga, s’est longtemps sentie coupable et mal à l’aise d’être l’une de ces personnes qui trouvent leur bonheur à lire chez elles. Quand elle a eu fini l’ouvrage de Susan Cain, La force des discrets : le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard, elle a enfin été capable d’expliquer son penchant pour la solitude : «Je me nourris du silence, j’apprécie la lucidité, le calme et la capacité d’écoute qu’il me procure.»
Elle a donc ajouté deux minutes de silence à ses services religieux hebdomadaires et a formé de petits groupes de paroissiens qui se rassemblent à l’église pour apprendre à écouter. «Écouter, c’est difficile, dit-elle. C’est une faculté qu’on met du temps à acquérir parce qu’on a l’habitude de dépenser notre énergie en paroles et en échanges. Écouter attentivement est une excellente façon de tisser des liens, c’est l’un des plus grands services qu’on puisse rendre à quelqu’un.»
Lisez ce témoignage d’une ex-angoissée qui a su trouver la sérénité.
Baissez le son
Il y a quelques années, Cheryl Breukelman, cadre et conseillère en santé personnelle chez Epiphany Consulting, a cessé de prendre l’avion pour les courts trajets. Elle préfère rouler pendant plusieurs heures pour aller de Hamilton, où elle vit, chez ses clients de Kingston, Ottawa ou Sudbury. Pendant toutes ses heures au volant, elle n’allume jamais la radio.
« Dans ma vie professionnelle aussi bien que familiale, le silence est une denrée rare. Ces déplacements en voiture sont infiniment précieux, dit-elle. Ils m’apportent la paix et le calme, me recentrent et me détendent. Je peux réfléchir à plein de choses. » Elle recommande à ses clients de se réserver des plages de tranquillité pour améliorer leur efficacité.
« Au calme, la conscience de soi augmente de plusieurs manières, explique-t-elle. On perçoit la fatigue, les douleurs, les tensions qu’il faut dénouer, les émotions qui nous traversent, même la faim, le besoin de marcher ou de se dégourdir les muscles. Le calme nous renseigne sur notre état et nous aide à faire les bons choix. »
Vous avez l’impression que tout va mal? Essayez l’un de ces 10 trucs pour retrouver le calme.
Méditez – ne serait-ce que cinq minutes
« L’époque où les adeptes de la méditation passaient pour des hurluberlus est révolue », dit Chris Hecimovich, un Néo-Écossais qui enseigne la pleine conscience à des cadres supérieurs et à des athlètes professionnels au Canada et aux États-Unis. Il a raison, comme le démontre la popularité de cette pratique.
Chris Hecimovich était un cadre commercial dynamique jusqu’à ce que l’épuisement professionnel le terrasse en 2010. « Je me sentais éteint, seul, dégoûté de la vie », raconte-t-il. Son instinct, qu’il avait bien mis à profit pendant ses 15 ans de carrière, l’a poussé à partir en Inde.
« Je n’avais jamais médité, mais je savais que j’avais besoin d’espace et de paix, dit-il. Pendant 30 jours, je me suis assis sur mon coussin le matin et j’ai récité mentalement : “Que je sois rempli de bonté aimante ; que je me sente bien ; que je sois en paix et serein ; que je sois heureux.” Ces quatre phrases ont changé ma vie. » Il a finalement prolongé son séjour et a passé deux mois dans un ashram. Aujourd’hui, il enseigne à d’autres comment intégrer la pleine conscience sereine dans leur vie quotidienne. Il explique qu’il n’y a pas de mauvaise façon de méditer et que l’important, c’est de persévérer. Les débutants peuvent entamer la journée en méditant au lit ou en prenant leur café. « Commencez par vous sentir à l’aise avec vous-même pendant cinq minutes, recommande-t-il. Le reste viendra tout seul. »
Récitez ces mantras pour en retirer des bienfaits psychologiques et physiques.
Voyagez en solo
Solitaire ne veut pas forcément dire esseulé. Seul, on est plus libre, on ne dépend de personne, on peut donc faire ce qui nous chante. Dans son livre The Call of Solitude, Ester Bucholz qualifie les moments de solitude de « carburant de la vie ».
Cheryl Paterson, de Dundas, en Ontario, y croit dur comme fer. Cette enseignante de 53 ans, mère de trois enfants, recharge ses batteries en voyageant seule. Le parc Algonquin, en Ontario, est sa destination favorite : elle y nage, lit, fait du canot, des randonnées, ou court en forêt. Elle emporte même un siège ergonomique pour méditer. « Voyager seule, c’est formidable, dit-elle. J’adore casser ma routine juste pour avoir la chance de réfléchir à la vie. »
Vous souhaitez vous détendre en vacances, loin des touristes bruyants? Voici comment éviter la foule en voyage.
Recherchez les lieux publics tranquilles
Le photographe torontois Ben Freedman passe beaucoup de temps dans le silence des galeries d’art. Coordonnateur de projets au festival de photographie Contact de la Banque Scotia, il est très occupé à monter des expositions et à en visiter d’autres. Mais, souligne-t-il, sa grande créativité s’exerce en général dans un environnement sonore très calme.
Comme les bibliothèques et les musées d’histoire, les galeries d’art procurent une quiétude sans solitude. Vous avez de la compagnie, mais il est d’usage de parler à voix basse dans ces lieux. « Je préfère toujours la deuxième visite au vernissage, dit Ben Freedman. Quand j’entre dans une galerie, c’est pour apprendre ou vivre quelque chose, un but pas si différent de celui de la méditation. Aujourd’hui, contempler quoi que ce soit en silence pendant longtemps, c’est un cadeau. »
Jetez un coup d’oeil aux photos des musées les plus populaires au monde.
Prenez congé des médias sociaux
Uzma Jalaluddin méprisait les nouvelles technologies avant d’acheter son premier téléphone il y a cinq ans. Tout d’abord, elle s’en est servie uniquement pour téléphoner et texter, mais très vite, elle a été happée par le maelstrom numérique, a commencé à consulter sans arrêt le fil d’actualité de sa page Facebook et à lire les derniers échanges d’une demi-douzaine de groupes de discussion sur WhatsApp. Cette enseignante de 37 ans, mère de deux enfants et rédactrice de deux chroniques hebdomadaires au Toronto Star, explique que sa fixation sur les médias sociaux la rendait plus distraite, réduisait sa concentration quand elle voulait écrire et son envie de lire. Elle a retiré Facebook de son téléphone (mais l’a conservé sur son ordinateur) et a bloqué les notifications de WhatsApp de façon à être moins souvent tentée de lire les nouveaux messages.
« Il a été facile d’y renoncer, dit Uzma Jalaluddin. J’ai soif de tranquillité, et je sais qu’il me faut au moins 30 minutes de silence par jour pour préserver mon équilibre et mon énergie – et ça vaut aussi pour les médias sociaux. » Elle savoure ces moments de paix le matin en buvant son thé et en lisant le journal. « Cela me calme et me rend plus heureuse. »
Les réseaux sociaux vous rendent envieux ou triste? Apprenez à maîtriser le syndrome FOMO.
Prenez un bain de forêt
« Il nous faut le tonique de la nature inculte », a écrit Henry David Thoreau dans Walden ou la vie dans les bois. Plus de 150 ans plus tard, des guides forestiers d’un nouveau genre répondent à l’appel en montrant aux promeneurs comment profiter pleinement de leurs promenades en forêt, à y marcher lentement et d’un pas ferme, quitte à ne parcourir que 400 m en trois heures.
« Beaucoup d’entre nous avaient un refuge en forêt ou ailleurs dans la nature quand ils étaient enfants, note Sky Maria Buitenhuis, formatrice de 34 ans à la section canadienne de l’association américaine Nature and Forest Therapy Guides and Programs. Cela se perd à l’âge adulte. Nous croyons souvent pouvoir résoudre un problème en le ruminant, mais ce qu’il nous faut, c’est trouver le calme dans un milieu naturel afin de laisser éclore sagacité et intuition. »
Les guides forestiers invitent les participants à s’imprégner de la quiétude de la nature, de ses parfums évocateurs ou encore à caresser les nervures d’une feuille de chêne. Cette forme de contemplation est née au Japon, pays où le shinrin-yoku – « bain de forêt » – est considéré comme une véritable thérapie qui stimule le système immunitaire et accroît la tranquillité d’esprit.
Trouvez davantage de bonnes raisons de renouer avec la nature.
Faites taire le cirque familial
L’une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à apprécier la tranquillité, c’est que nous n’y sommes pas habitués : nous n’apprenons pas à lâcher prise. « J’ai grandi dans la campagne anglaise et dans le plus grand calme, explique James R. C. Smith, Vancouvérois d’origine britannique auteur d’un blogue sur la paternité. J’ai appris à écouter les sons de la nature par-dessus tout. » Et c’est ce qu’il tente d’inculquer à sa fille de deux ans qui grandit en ville.
La clé du succès, c’est la souplesse. « Elle est toute petite, dit-il, si elle ne veut pas se calmer, rien ne l’y forcera. Mais c’est moins le bruit qu’il s’agit de réduire que les distractions. » James R. C. Smith a toujours crayons et papier à dessin sous la main afin de proposer à sa fille une activité stimulante qui lui fasse oublier les jouets bruyants et la tablette. La télé est autorisée une heure par jour, et l’ambiance de la maison est feutrée. « La musique n’est jamais forte, personne ne crie, nous parlons à tour de rôle. Nos moments de tranquillité profitent à ma fille comme à nous tous. Ils offrent un temps de réflexion et de compréhension. Nous laissons vagabonder nos esprits. »
Ne manquez pas ces bienfaits du coloriage… pour les adultes!
Inscrivez-vous à un cours de yoga
Anna Muzzin, 36 ans, a perdu une cinquantaine de kilos il y a 10 ans, mais se trouvait quand même un peu ronde – jusqu’à ce qu’elle s’inscrive à un cours de yoga ashtanga. Dans ces classes, les élèves pratiquent à leur rythme une série de postures en recevant chacun les conseils chuchotés de l’instructeur.
« Quand on a été trop grosse toute sa vie, on continue à se voir comme on était avant, dit Anna Muzzin, qui enseigne à présent le yoga ashtanga à Hamilton. Cette forme de yoga m’a rendue plus svelte et forte, mais surtout, il m’a aidée à combattre les sautes d’humeur qui me faisaient percevoir mon corps d’une certaine façon. Le calme que demande l’exercice nous permet d’entendre les signaux internes du corps et nous aide à mieux nous connaître. »
Commencez par exécuter ces postures de yoga faciles durant la journée.
Explorez un labyrinthe
On trouve des labyrinthes dans des cultures du monde entier et ils servent souvent à la marche méditative. Selon Holly Carnegie Letcher, ergothérapeute à Qualicum Beach, en Colombie-Britannique, parcourir lentement un labyrinthe, de l’entrée jusqu’au centre puis en sens inverse, nous oblige à nous concentrer sur le moment présent et tend ainsi à nous affranchir de nos soucis.
Holly Letcher fait circuler ses clients dans des labyrinthes – en général peints sur le sol dans des lieux publics – pour réduire leur tension artérielle et leur stress. Elle y voit une métaphore de l’existence : « Cette promenade, qui reproduit les circonvolutions de nos vies, nous amènera à nous recentrer si nous nous appliquons tout simplement à mettre un pied devant l’autre, à respirer et à tendre l’oreille jusqu’à dépasser le bruit et le chaos. Persuadez-vous que vous êtes là où vous devez être, ajoute-t-elle. Le labyrinthe vous permet d’accéder à la sérénité – et d’écouter votre voix intérieure. »
Vous souffrez d’anxiété? Appliquez nos meilleurs trucs pour réduire votre stress.
Complément d’information par Alexandra Caufin.