Souhaiter être plus loquace
Les gens introvertis ou calmes ne sont pas forcément timides: la différence vient du degré de malaise qu’ils éprouvent. Et les personnes introverties ne sont pas toujours nerveuses en société: elles ont simplement tendance à préférer les groupes plus petits ou les cadres plus calmes, dit le Dr Bernardo Carducci, directeur de l’Institut de recherche sur la timidité de l’Université de l’Indiana du sud-est. Si une personne parle peu, on ne peut pas en déduire qu’elle doit vaincre sa timidité, ajoute Debra Kissen, membre de la MHSA et directrice clinique d’un centre de recherche sur le traitement de l’anxiété. Il y a des gens qui choisissent leurs mots plus minutieusement.
D’autre part, la timidité est plus étroitement liée à l’anxiété sociale. «Les personnes timides veulent se montrer sociables, dit le Dr Carducci. Le problème, c’est que dans une sortie en public, elles ne savent pas trop quoi faire. Elles ne savent pas comment s’adresser aux gens.» La timidité n’est pas un manque de caractère, mais si vous n’apprenez pas à la contrôler, c’est elle qui va prendre le dessus.
Essayez ces façons simples de vaincre votre anxiété sociale.
Éprouver un sentiment d’isolement
Quand on a du mal à se lier aux autres, on a tendance à se persuader qu’on est rejeté. «Les personnes timides pensent qu’elles sont seules de leur espèce, que personne d’autre dans la salle ne se sent aussi pitoyable, dit le Dr Carducci. Voici de quoi vous rassurer: d’après ses recherches, environ 40 pour 100 des gens pensent être timides.
Il est probable que beaucoup de personnes autour de vous se sentent gauches. Donc, n’hésitez pas à prendre l’initiative. Commencez par présenter des invités les uns aux autres, conseille Carducci. Quand vous aurez maîtrisé l’art des présentations – deux personnes de l’assemblée travaillent peut-être dans le même domaine, ou vivent dans la même ville – vous allez sans doute vous gagner une réputation d’efficace «agent de liaison» social.
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Arriver toujours un peu en retard
En théorie, arriver en retard à une fête semble une bonne idée, puisque cela vous permet de vous fondre dans le décor. Mais selon Carducci, les gens timides qui utilisent cette stratégie auront plus de difficultés à se sentir à l’aise: «Les invités sont déjà en train de bavarder. Ils ont déjà formés des sous-groupes. Donc, il sera plus difficile de se joindre à une conversation.»
Résistez plutôt à la tentation d’arriver en retard, conseille-t-il, et présentez-vous à l’heure juste. S’il y a seulement une poignée de gens, les présentations seront plus faciles, et le temps que les autres invités arrivent, vous vous serez mêlé à la conversation.
Ne pas savoir entamer une conversation
Les personnes timides ont souvent du mal à engager la conversation parce qu’elles ne savent pas par où commencer. Pourtant, une bonne entrée en matière n’a pas à être géniale. Selon Carducci, un commentaire sur ce qui vous entoure est un bon point de départ, car il concerne les deux interlocuteurs.
Dans une file d’attente, discutez du film que vous allez voir. Ou des arrangements floraux dans une réception de mariage. Et, ajoute-t-il, il y a toujours la pluie et le beau temps. «Plus votre entrée en matière est simple, plus elle facilite la réponse de l’autre personne. De plus, il y a un sous-texte: ‘J’aimerais bien qu’on discute. Et vous?’» Une remarque simple ouvre la porte à une conversation plus en profondeur.
Retenez ces trucs qui vous aideront à entamer la conversation et capter l’attention.
Devenir un moulin à paroles en compagnie d’amis
Les timides peuvent se transformer complètement en famille ou devant leurs amis proches. Vous savez que ceux qui vous aiment ne vont pas vous juger, dit Debra Kissen. Donc, le stress de trouver les bons mots vous gêne moins devant eux. Pour atteindre ce niveau de décontraction devant des inconnus, elle conseille de faire en public quelque chose d’un peu gênant.
Par exemple, au café du coin, donnez des pichenettes dans les sachets de sucre. Observez ensuite les réactions des autres clients: ils vont lever les yeux une seconde, puis détourner la tête. Cette petite expérience vous aidera à relativiser dans les circonstances où le rouge de la honte vous montera au visage. «Votre cortex préfrontal, siège de la raison, vous dira que ce n’est pas la fin du monde, dit Kissen. C’est l’amygdale, chargée de la réponse émotionnelle, qui est terrifiée par la possibilité du jugement.»
En arrêtant d’angoisser sur la façon dont les autres vous perçoivent, vous permettez à la part logique de votre cerveau de prendre le contrôle lorsque vous cherchez à lier connaissance.
Après tout, même ceux qui ont plus confiance en eux peuvent parfois se sentir intimidés lors d’une fête ou de toute autre occasion sociale. Découvrez des trucs de pros qui aident à prendre de l’assurance, ou au moins à se sentir plus à l’aise en société.
Avoir peur de la «première impression»
Selon Carducci, les personnes timides pensent qu’elles ont une chance, une seule, de faire bonne impression, et qu’elles ne doivent pas la rater. En vous creusant la tête à la recherche d’une entrée en matière étincelante, non seulement vous tardez à entamer la conversation, mais cette attitude met aussi la barre très haute, car il va falloir poursuivre dans la même veine.
Le simple bavardage n’a pas besoin d’être un feu roulant de mots d’esprit, souligne Carducci. Il suffit de donner l’impression d’être une personne agréable.
Avoir peur de dire une ânerie
Votre timidité ne signifie pas forcément que vous n’avez rien à dire, mais que vous évitez d’ouvrir la bouche, de peur d’avoir l’air d’une personne terne ou stupide. «Les timides se jugent indignes de participer à une conversation», dit Carducci. Parler sans filtre ne vous aiderait pas pour autant à vous faire des amis, mais arrêtez de supposer que personne n’a envie d’entendre ce que vous avez à dire.
En partageant une anecdote sur une expérience analogue, en demandant plus de détails à quelqu’un, vous montrerez que vous tentez d’établir le contact – et c’est la raison d’être d’une conversation.
Pas de panique, ces phrases magiques vous aideront à vous sauver de l’embarras!
Mettre en scène les conversations à l’avance
Les gens mal à l’aise en société ont tendance à se creuser la tête à la recherche de sujets de conversation avant de se rendre à une soirée. Vous répétez mentalement ce que vous allez dire sur vos projets de fin de semaine, sur les événements récents ou d’autres sujets qui peuvent se présenter.
Selon Carducci, pratiquer à l’avance un échange informel peut avoir un effet calmant, mais Kissen objecte qu’à cause de cette habitude, la personne timide risque de perdre ses moyens si les choses ne se déroulent pas selon le scénario qu’elle a dans la tête: «plus vous imaginez à l’avance, moins vous serez spontané(e) et à l’aise dans votre peau.»
Gardez quelques questions en réserve pour meubler les silences, mais ne faites pas grimper votre stress en cherchant la «réponse parfaite» à toute question qu’on pourrait vous poser.
Il est important de savoir que ces choses du quotidien peuvent déclencher l’anxiété.
La réponse à une invitation est toujours «peut-être»
Manquer de confiance en soi dans l’art de mener une conversation, pour générer une appréhension des sorties en société. Mais selon Kissen, vous devriez résister à l’envie de trouver un prétexte pour vous défiler. Plus vous hésitez (entre y aller ou pas), plus le stress va augmenter.
En décidant de respecter vos plans, ajoute-t-elle, vous mettrez fin au débat intérieur et tiendrez l’anxiété à distance jusqu’à la date de l’invitation.
Si on a envie de rester chez soi sans avoir à sortir avec des amis, annuler peut être la bonne décision. Toutefois, un psychiatre prodigue ses conseils pour vous aider à surmonter l’anxiété sociale.
Être à l’aise avec les nouvelles têtes prend du temps
Comme en général, vous êtes tendu(e) en arrivant à une fête, vous sortez sans doute un peu de votre coquille quand vous trouvez le moyen de participer à une conversation.
Selon Carducci, «les gens timides ont besoin d’un moment pour se réchauffer, pour s’ajuster. Un outil qui peut les aider, c’est justement de s’y prendre à l’avance.» Partez de chez vous assez tôt pour avoir le temps de trouver une place de stationnement et de régler d’autres détails matériels, afin d’être plus calme à votre arrivée.
Les longs silences sont paniquants
Tous les «anges qui passent» ne sont pas gênants, mais les personnes timides ont tendance à ressentir les pauses dans la conversation comme des catastrophes. Non, dit Carducci, ce n’est pas forcément le signe que votre interlocuteur s’ennuie ou pense que votre dernière remarque était stupide.
En fait, cette personne réfléchit sans doute à ce qu’elle va dire. «Comme vous y attachez trop d’importance, un silence de quelques secondes vous paraîtra durer au moins trois minutes.» La clé, c’est de ne pas penser au silence, mais à ce que vous allez dire ou à ce qu’on vient de vous dire.
Apprenez à faire la différence entre le bon stress et le mauvais stress.
«Casser les oreilles» à quelqu’un sur un seul sujet
Ironiquement, il arrive que les personnes timides monopolisent la conversation. Si celle-ci débouche sur un sujet qui leur est familier, elles ont tendance à s’y accrocher et à s’y étendre en long et en large.
Mais jacasser à n’en plus finir sur un seul sujet ne signifie pas que vous avez réussi à surmonter votre timidité. «Vous parlez aux gens, mais pas avec les gens», observe Carducci. Il recommande de faire de courtes pauses pour laisser aux autres l’occasion de parler. Si vos interlocuteurs veulent en savoir plus, c’est parfait, ils vont l’exprimer! Mais s’ils changent de sujet, sachez capter le message.
Il faut à tous prix éviter les discussions qui se déclinent au «moi, moi et moi…», signe que vous êtes un narcissique conversationnel.
Utiliser l’alcool comme antistress
En groupe, il arrive que vous vous tourniez vers l’alcool pour calmer votre nervosité. «Les gens pensent qu’en buvant, ils vont se sentir moins timides, plus sociables, souligne Carducci. C’est une erreur.» L’alcool va peut-être atténuer votre anxiété, mais il va aussi rendre vos pensées plus confuses, ce qui jouera vraiment en votre défaveur.
Quelle que soit votre nervosité, buvez avec modération pour garder l’esprit clair. N’utilisez pas l’alcool comme une béquille et arrêtez de penser que pour paraître sociable, il vous faut un verre à la main.
Essayez plutôt l’un de ces petits gestes rapides pour arrêter de stresser.
Faute de réseautage, une carrière au point mort
La timidité devient toxique quand elle vous empêche d’atteindre vos objectifs. Si vous êtes réticent à vous exprimer dans des réunions ou à vous créer un réseau dans votre sphère d’activité, vous allez avoir du mal à grimper les échelons. «Chez les timides, la crainte du jugement d’autrui peut devenir plus forte que l’envie d’aller de l’avant, dit Kissen. La peur est un puissant facteur de renforcement négatif: elle met en balance la possibilité d’une situation pénible et une chance de succès jugée aléatoire.»
Cependant, la confiance en soi ne surgit pas en l’espace d’une nuit. Forcez-vous à la mettre en pratique, conseille Kissen. Allez discuter de votre profession dans une réunion de réseautage, où l’enjeu sera moins sérieux que, par exemple, faire impression sur votre patron.
Il n’y a pas que des côtés négatifs à être timide! Apprenez-en plus sur les qualités et les avantages des introvertis.
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