Thérapies cognitives et comportementales, quels sont les bienfaits?
Les thérapies comportementales et cognitives se proposent de modifier des comportements perturbés par un travail sur les pensées et les émotions.
Les thérapies comportementales et cognitives : qu’est-ce que c’est?
Les thérapies comportementales et cognitives se proposent de modifier en quelques séances des comportements perturbés (phobies, dépendances) par un travail sur les pensées et les émotions permettant notamment de réhabiliter l’estime de soi.
- Les thérapies comportementales et cognitives (ou thérapies cognitivo-comportementales ou TCC) se caractérisent par leur aspect très pratique. Ce sont des psychothérapies brèves — en général dix à vingt-cinq séances, à raison d’une à deux par semaine — qui visent à modifier des comportements inadaptés, signes d’une souffrance psychique.
- Leur objectif est juste de traiter les symptômes. Contrairement à la psychanalyse, elles n’en cherchent pas la cause profonde dans l’histoire du sujet et ne fouillent pas l’inconscient.
- En s’appuyant sur les théories de l’apprentissage et sur la psychologie cognitive (travail sur les pensées, les opinions, les émotions et les images mentales), elles peuvent par exemple aider à « désapprendre » un comportement gênant pour le remplacer par un autre, moins handicapant.
Ce que proposent les thérapies comportementales et cognitives
Les thérapies comportementales et cognitives s’adressent aux personnes souffrant de phobies, quelles qu’elles soient : peur des espaces ouverts ou de la foule (agoraphobie), peur de rester dans un lieu fermé (claustrophobie), angoisse provoquée par le regard des autres, peur des araignées, etc., et à celles qui sont handicapées au quotidien par un trouble obsessionnel et/ou compulsif (obsession de la propreté, de l’ordre ou de la symétrie, kleptomanie, achats incontrôlés…).
- Vous pouvez aussi y recourir si vous êtes anorexique ou boulimique, voulez vous débarrasser d’une dépendance (tabagisme, alcoolisme, toxicomanie, jeu), êtes anxieux ou dépressif, avez des crises de panique, souffrez d’un stress post-traumatique, etc.
- Quelques séances vous aideront peut-être également en cas de troubles du sommeil et problèmes sexuels.
- Enfin, ces thérapies font partie de la prise en charge des troubles de la personnalité et des psychoses.
Thérapies comportementales
Les thérapies comportementales ont pour origine les recherches menées au début du XXe siècle sur l’apprentissage, principalement celles d’Ivan Pavlov (1849-1936), qui décrivit les réflexes conditionnels (ou conditionnés), et de John Watson, fondateur en 1913 du béhaviorisme ou comportementalisme.
Ce courant majeur de la psychologie expérimentale se fonde sur l’observation objective des comportements, considérés comme des réponses à certaines actions de l’environnement, et laisse de côté ce qui concerne l’introspection.
Les thérapies comportementales prennent en compte différents modèles de l’apprentissage :
- le conditionnement, qui décrit la mise en place d’une réponse à une stimulation ;
- l’apprentissage social, qui s’effectue par imitation de modèles.
Dans certaines circonstances, l’apprentissage comportemental et émotionnel est inadapté, voire pathologique. La thérapie comportementale se donne pour objectif de le reprogrammer. Elle s’attache, par exemple, à réduire l’anxiété provoquée par certaines situations chez une personne phobique et l’aidera à affronter ses peurs au lieu de rester figée dans un comportement d’évitement.
Les thérapies cognitives
Les premières thérapies cognitives ont été élaborées dans les années 1960 par les psychiatres américains Albert Ellis et Aaron Beck. Pour eux, les croyances et les perceptions erronées, irrationnelles, peuvent être à l’origine d’émotions et de comportements inappropriés.
La dépression, par exemple, n’est pas causée directement par un environnement défavorable — comment expliquer sinon qu’il n’y ait pas plus de dépressifs dans un pays en guerre ? — mais par les pensées et les schémas mentaux que nous utilisons pour interpréter cet environnement.
Selon Beck, chez les personnes déprimées, les cognitions (c’est-à-dire les idées que l’on a sur soi, sur le monde et les autres ou sur l’avenir) et les représentations que l’on se fait du réel (les unes et les autres sont subjectives) sont fortement décalées par rapport à la réalité :
- « Je suis nul »
- « La vie ne vaut rien »
- « Je n’y arriverai jamais »
- Etc.
Il est donc possible de les aider par un travail sur ces pensées et schémas mentaux erronés.
Les différentes techniques
- Le thérapeute dispose d’une large palette de techniques qu’il adapte aux troubles dont vous souffrez.
- Les techniques d’exposition sont adaptées au traitement des angoisses, phobies, paniques ou obsessions. Elles consistent en une mise en situation progressive, pour apprendre à gérer l’anxiété, en particulier grâce à la relaxation. Dans certains cas, le thérapeute vous accompagne en dehors de son cabinet, sur le terrain.
- Pour être efficace, la mise en situation n’est pas nécessairement réelle, elle peut être virtuelle. S’il vous est trop difficile de vous confronter à la situation qui vous angoisse (ou si c’est matériellement compliqué, par exemple quand il s’agit de prendre l’avion), le thérapeute vous incite à visualiser cette situation.
- Les jeux de rôle, les méthodes d’affirmation de soi et les psychodrames joués en groupe sont notamment utiles pour améliorer les problèmes de communication ou encore pour amener à une prise de conscience du comportement.
- Le thérapeute peut proposer des exercices permettant de dissocier stimulus et réponse comportementale (ne pas allumer tout de suite sa cigarette, par exemple).
- La stratégie d’évitement sert à ne pas vous retrouver dans les situations qui déclenchent vos crises (par exemple, changer de contexte) ou à mettre en place des alternatives au comportement qui gâche la vie (boire un verre d’eau au lieu de se précipiter sur la nourriture).
- Le renforcement de la motivation permet de faire un rappel fréquent des objectifs ou même de répéter en boucle des slogans positifs.
- La restructuration cognitive vise à corriger votre façon de voir les choses par rapport à la réalité objective. Le thérapeute vous demande de faire une description par écrit d’une situation stressante, de noter de 1 à 10 vos sensations, émotions, pensées automatiques et comportements dans cette situation, d’identifier les décalages entre la réalité et la façon dont vous l’appréhendez (généralisation sans fondement,minimisation de la réussite et maximalisation de l’échec, pensée en noir et blanc) et de développer des parades: prendre du recul, relativiser, dédramatiser, etc.
Comment se déroule une séance
Il existe différentes formes de thérapie: individuelle, de groupe, de couple ou familiale. Le thérapeute vous reçoit en moyenne trente à soixante minutes, une ou deux fois par semaine dans un premier temps ; puis les séances peuvent s’espacer.
- Lors du premier rendez-vous, vous exposez vos problèmes. C’est l’occasion pour le thérapeute d’instaurer un vrai dialogue, d’égal à égal, interactif et chaleureux, qui constitue en quelque sorte la marque de fabrique des TCC.
- Au cours des séances suivantes, il vous aide à mieux décrire ces problèmes, à l’aide de questionnaires très précis (analyse fonctionnelle). Il peut vous demander de décrire par le menu une de vos journées, d’établir une liste des situations les plus difficiles, etc.
- Après trois ou quatre séances, vous élaborez ensemble un véritable contrat, assorti des objectifs à atteindre.
- Le contenu des séances suivantes est adapté à vos troubles et à vos progrès. Vous tenez un carnet de bord, dans lequel vous notez les exercices que vous avez faits, les modifications intervenues dans votre comportement ou au contraire les rechutes, etc. La discussion, fondée sur le contenu de ce carnet, vous permet de faire le point sur vos progrès et vos difficultés.
- Le thérapeute peut ensuite vous proposer de nouvelles techniques et vous apprendre de nouveaux exercices. Ensemble, vous préparez votre programme pour la semaine. En fin de séance, les points importants apparus au cours de l’entretien sont résumés.
Contre-indications et mises en garde des thérapies comportementales et cognitives
- Les TCC sont contre-indiquées en cas d’état délirant ou de perte de contact avec la réalité. Elles ne doivent pas être entreprises avant un traitement médicamenteux si le patient souffre de troubles maniaco-dépressifs ou de dépression grave.
• Dans ce type de thérapie, la motivation du patient est essentielle pour parvenir à un résultat. Dans le cas contraire, abstenez-vous. - Les TCC ne permettent pas de répondre à un mal-être indéfini ou à un besoin de parler et d’être écouté. Elles ne sont pas destinées à structurer l’identité.
Ces thérapies de courte durée sont intensives. Elles peuvent être déstabilisantes dans un premier temps, car elles amènent à remettre en cause des règles de vie et des croyances bien établies.
Le soulagement des symptômes n’est pas une guérison. Il est préférable d’associer différents traitements. Ainsi, si vous souffrez d’un trouble du comportement alimentaire ou d’une phobie, une psychothérapie analytique peut compléter la thérapie comportementale pour s’attaquer aux causes profondes. En cas de dépression, la thérapie cognitive peut être combinée à une prescription de médicaments antidépresseurs.
Comment trouver un praticien
Assurez-vous de choisir un thérapeute compétent. S’il n’est pas membre d’un ordre professionnel, fait-il partie d’une association reconnue qui possède des normes de pratique, un code d’éthique, qui offre des recours, etc. ? Quelle est son expérience ? Peut-il vous fournir des références? Adressez-vous à l’Ordre des psychologues du Québec (www.ordrepsy.qc.ca) ou à la Société québécoise des psychothérapeutes professionnel-les (www.sqpp.org).
Ce qu’en dit la science
Depuis les années 1960, de nombreuses recherches contrôlées ont été menées pour évaluer et valider les TCC dans le traitement de différents troubles psychologiques. Les thérapeutes peuvent ainsi s’appuyer sur des pratiques ayant fait la preuve de leur efficacité.
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