Le mot « mouvement » évoque sans doute pour vous l’entraînement, autrement dit une séance de course ou de gymnastique destinée à vous garder svelte ou à améliorer votre résistance. En réalité, l’activité physique fait plus que vous muscler ; selon certaines recherches, elle peut prévenir et même soigner des maladies complexes.
Voilà pourquoi des médecins de Leduc, en Alberta, délivrent des « ordonnances d’activité » aux patients menacés d’obésité ou de maladie chronique, puis les aident à se fixer des objectifs et les adressent à un spécialiste du conditionnement physique.
Depuis un an et demi, plus de 200 personnes ont profité d’un abonnement gratuit d’un mois au gymnase municipal, et près de 30 % d’entre elles ont persévéré par la suite. La stratégie albertaine est calquée sur le programme Green Prescription offert par les cliniques de première ligne en Nouvelle-Zélande, dans le cadre duquel les médecins suggèrent à leurs patients des façons d’améliorer leur forme physique et leur qualité de vie. Ces « prescriptions vertes » ont provoqué une hausse de 10 % de l’activité physique des participants.
Qu’elle ait lieu au gym ou ailleurs, l’activité physique aide à combattre les effets malsains de la position assise dans laquelle le Canadien type passe 62 % de ses heures d’éveil.
« C’est simple : on se rend au bureau en voiture, on bosse huit heures devant un écran, on retourne à la maison en auto, on s’écrase devant la télé, et on se couche. La journée est perdue d’avance », observe Kirk Nylen, directeur de la diffusion à l’Institut ontarien du cerveau.
Rester assis si longtemps nous rend plus vulnérables aux maladies cardiaques, au diabète, aux cancers du côlon et du sein. Quelques séances de gym sporadiques ne peuvent pas compenser les effets d’une sédentarité complète.
Nous avons toutes les raisons de croire que l’exercice – au moins 30 minutes par jour – fait autant de bien au cerveau qu’au corps. « Il augmente la sécrétion du facteur neurotrophique dérivé du cerveau, protéine qui est l’équivalent cérébral de l’herbe aux chats, explique M. Nylen. Elle stimule le développement des neurones et les rend plus vigoureux. »
Certaines études avancent que l’exercice limite la perte de masse cérébrale chez les personnes âgées. Selon un rapport récent de l’Institut ontarien du cerveau, il pourrait même prévenir la maladie d’Alzheimer : chez les sujets qui s’entraînaient vigoureusement, le risque d’en être atteint était inférieur de près de 40 %. « C’est plus efficace que n’importe quel médicament ou traitement connu », confie Kirk Nylen.
Les effets de l’activité sont encore plus importants chez les diabétiques. Une équipe de chercheurs des universités Harvard et Stanford et de l’École de sciences économiques et politiques de Londres a conclu que l’exercice stoppe la progression du prédiabète aussi efficacement que la médication. Les prédiabétiques qui s’entraînent une demi-heure par jour et perdent de 5 % à 10 % de leur poids réduisent de presque 60 % le risque de souffrir du diabète de type 2.
Chez les personnes déjà atteintes, l’activité physique peut améliorer l’efficacité de l’insuline. « Il y a 15 ans, nous ne voyions pas bien comment l’exercice pourrait aider les diabétiques, reconnaît Teresa Liu-Ambrose, enseignante à l’Université de Colombie-Britannique. Depuis 10 ans, nous avons réussi à démontrer qu’il peut modifier l’évolution de maladies comme le diabète, l’hypertension ou les premiers stades de la démence. »
Ceux que la maladie épargne ne profitent pas moins de leurs efforts : « L’activité les protège contre certaines maladies chroniques », précise Mme Liu-Ambrose. Un article publié en mai dans le Journal of the American Medical Association rapporte que, chez des sujets de 70 ans et plus qui avaient entamé un programme d’entraînement léger, le risque de devenir infirme au cours des deux ans et demi suivants avait diminué de 28 %.
« Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour s’y mettre », conclut Kirk Nylen. Alors qu’attendez-vous pour bouger ?