Le stress cause-t-il des ulcères?
Mis à jour: Nov. 12, 2021
On croit souvent que le stress cause des ulcères, mais la réalité est bien plus complexe.
Augmentation du stress
Les niveaux de stress ont augmenté au cours de la pandémie. Allons-nous assister à une épidémie d’ulcères?
Il n’est pas rare d’entendre que le stress psychologique fait des trous dans l’estomac, sauf que ce n’est pas vrai. Quand on est stressé, le niveau de cortisol dans l’organisme augmente et cela entraîne une contraction de l’estomac qui peut s’accompagner de douleurs – mais ce n’est pas ce qui cause un ulcère.
Les gens stressés connaissent souvent également des épisodes de digestion difficile, de dyspepsie, responsables de rots, de ballonnements et de brûlures d’estomac, explique le Dr Dan Sadowski, professeur à la faculté de médecine de l’université de l’Alberta. Bien que le stress n’en soit pas la cause, l’afflux de cortisol augmente l’intensité de la douleur. Il arrive aussi que le stress pousse à boire plus d’alcool, ce qui ne peut qu’exacerber le problème. Dans la majorité des cas, il est heureusement possible de soulager les symptômes de dyspepsie avec des antiacides vendus sans ordonnance.
Sachez reconnaître les signes que le stress vous rend malade.
Mais alors d’où viennent les ulcères?
L’ulcère de l’estomac, une petite lésion située dans le tube digestif, se développe pour deux raisons principales. La première réside dans l’usage d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène et le naproxène, largement prescrits pour soulager la douleur. De fait, 29% des Canadiens ont recours à des AINS. Sans danger à court terme, ils peuvent à la longue, notamment pour combattre une affection chronique comme la migraine, l’arthrite ou les maux de dos, causer une irritation et une érosion de la muqueuse de l’estomac – éventuellement un ulcère. Cela se produit après deux mois, parfois moins. L’autre raison principale est l’infection par Helicobacter pylori (H. pylori), une bactérie commune qui se loge dans la paroi interne de l’estomac et se transmet par des aliments ou de l’eau contaminés ou encore par un contact direct avec une personne touchée.
Le Dr Christopher Teshima, gastroentérologue à l’hôpital St. Michaels, à Toronto, pense que l’infection se produit généralement durant l’enfance. Seuls 20% des enfants infectés présentent des symptômes. La plupart des cas de H. pylori – un facteur de risque pour le cancer – resteront asymptomatiques et seulement 10 à 15% des Canadiens infectés développeront un ulcère. Les infections sont plus fréquentes dans les pays où le traitement de l’eau est défaillant. Enfin, les personnes âgées sont plus vulnérables.
Comment savoir si on a un ulcère gastrique?
Le symptôme le plus fréquent consiste en une douleur aiguë entre le sternum et le nombril – une sensation de brûlure à l’acide à l’endroit de la lésion. Par-delà la dyspepsie qu’un ulcère peut causer, il peut s’agir d’un cas plus grave si la douleur est parfois présente la nuit et que les selles sont noires, sanguinolentes ou goudronneuses.
Si les douleurs évoquent un ulcère, consultez un médecin pour un test H. pylori. Les vomissements ou les selles noires sont des symptômes qui peuvent suggérer un ulcère hémorragique, une urgence absolue qui nécessite de se rendre immédiatement à l’hôpital. L’équipe médicale pratiquera une endoscopie et cautérisera l’ulcère pour arrêter le saignement.
Vous l’ignorez sans doute, mais ces symptômes bizarres sont liés au stress.
Comment soigne-t-on un ulcère?
Si l’ulcère résulte de la prise d’AINS, le médecin recommandera sans doute de réduire la dose, de choisir un autre médicament comme l’acétaminophène ou encore de privilégier l’exercice et la physiothérapie. Les patients se voient aussi prescrire un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) pour réduire le niveau d’acidité dans l’estomac.
Si les symptômes persistent, l’examen de l’estomac au moyen d’un endoscope permet d’éliminer d’autres causes possibles, notamment le cancer. En général, pour les infections à H. pylori, un traitement de deux semaines qui réunit un antibiotique, un antifongique et un inhibiteur de la pompe à protons permet d’éliminer la bactérie. Certains patients doivent toutefois continuer le traitement quelques mois.
En attendant, les antiacides et les inhibiteurs de la production d’acide gastrique en vente libre soulagent les symptômes.
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