Définition
« Endométriose » est tiré du grec endon, qui signifie « dedans » et metra, qui signifie « utérus ». Normalement, chez les femmes préménopausées, le tissu utérin se développe tous les mois dans le but de nourrir le bébé en prévision d’une grossesse éventuelle. Cependant, en présence d’endométriose, ce tissu se développe également en dehors de la cavité utérine, essentiellement dans d’autres parties de l’abdomen. Cette affection douloureuse reste encore méconnue, notamment parce que ses symptômes diffèrent d’une femme à l’autre. D’où le fait qu’elle soit parfois diagnostiquée des années après l’apparition des premiers symptômes.
Chez certaines femmes, les symptômes, par exemple des règles abondantes et douloureuses, se manifestent dès l’adolescence tandis que chez d’autres, ils apparaîtront beaucoup plus tard. Nombre de femmes ne découvrent qu’elles en souffrent que lorsque des problèmes de fertilité se présentent.
Causes
On ne connaît pas avec certitude les causes de l’endométriose. Selon la théorie du reflux, chez toutes les femmes, une partie du tissu menstruel refluerait vers les trompes de Fallope et la cavité pelvienne, mais chez certaines, le système immunitaire serait en quelque sorte déréglé et ne permettrait pas de l’évacuer. En outre, les résultats d’une étude menée en 1993 chez des singes exposés de manière chronique à divers taux de dioxine sur une période de quatre ans indiquent que l’incidence et la gravité de la maladie sont plus élevées dix ans après l’exposition. Rappelons que les dioxines sont des sous-produits chimiques qui se retrouvent dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire.
Symptôme : Douleur
Près de 80 % des femmes souffrant d’endométriose éprouvent de la douleur. C’est que, en plus d’expulser la muqueuse utérine durant les règles, l’organisme cherche également à évacuer le tissu endométrial qui se forme en dehors de l’utérus. Cependant, contrairement à la première, qui est évacuée par le vagin, ce dernier ne dispose pas d’une voie de sortie; il provoque donc de l’inflammation et la formation de lésions. Celles-ci se fixent sur les intestins, le col de l’utérus, les ovaires et d’autres organes de l’abdomen, provoquant de la douleur durant les rapports sexuels, l’évacuation des selles et l’ovulation, ainsi que dans le bas du dos, et ce, même en dehors des règles. L’intensité de la douleur va de légère à grave et varie en fonction de divers facteurs, dont l’âge, l’emplacement des lésions et leur importance. Selon un sondage mené en 2010 auprès de 107 femmes atteintes, et publié dans la revue Fertility and Sterility, la plupart des femmes éprouvaient une douleur telle qu’elle les gênait dans leurs activités quotidiennes, que ce soit leur travail, les tâches domestiques, les rapports sexuels ou le sommeil.
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Symptôme : Infertilité
La difficulté à concevoir peut être un symptôme d’endométriose. D’ailleurs, dans bien des cas, le diagnostic n’est posé que quand les femmes cherchent à découvrir la cause de leur infertilité. Assurez-vous de connaitre ces 7 signes d’infertilité. Environ 30 % de celles qui ont du mal à concevoir reçoivent un diagnostic d’endométriose : les lésions et cicatrices peuvent affecter le bon fonctionnement des trompes de Fallope et des autres organes de reproduction; de plus, cette affection peut provoquer une inflammation qui perturbe l’appareil de reproduction dans son ensemble. Ainsi, les femmes qui en souffrent présentent plus de kystes ovariens que les autres. Ces kystes causent une inflammation qui entraîne une diminution précoce de la production d’ovules ; il est alors encore plus difficile pour elles de concevoir. De l’avis de la docteure Christina Williams, directrice médicale du service de fécondation in vitro (FIV) du BC Women’s Hospital & Health Centre de Vancouver, ces femmes doivent se tourner vers la FIV dans le but de concevoir.
Cependant, selon elle, si le pronostic est bon (par exemple, si la maladie ne touche pas les ovaires), les femmes ont 80 à 90 % de chances d’être enceintes après avoir subi une laparoscopie destinée à la traiter (voir Traitements, ci-dessous), chose qu’elles pourront tenter une ou deux semaines à l’issue de l’intervention. En cas d’échec, les médecins opteront pour un médicament contre la stérilité, l’insémination intra-utérine ou la FIV.
Symptôme : Fatigue
C’est là un des symptômes répandus de l’endométriose. Selon la docteure Kay Lie, gynécologue de Toronto qui se spécialise dans cette maladie, les femmes qui en souffrent pourraient présenter des troubles de la thyroïde qui entraînent de la fatigue. Même si ce n’est pas le cas, elles peuvent se sentir fatiguées du simple fait qu’elles doivent continuellement composer avec la douleur. « Si on peut soulager leur douleur, la fatigue pourrait disparaître », explique le médecin. Voici 7 autres explications médicales à la fatigue chronique.
Difficulté à poser le bon diagnostic
Selon le sondage publié en 2010 dans Fertility and Sterility, il faut en moyenne sept à neuf ans entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic et, durant cette période, les femmes auront probablement consulté cinq médecins ou plus dans le but de déterminer la cause de leur problème. Cela est dû au fait que les médecins de famille ne sont pas toujours bien informés sur cette maladie et que les femmes y réagissent différemment, en sont atteintes à des âges différents et n’éprouvent pas la douleur avec la même intensité. « Cette maladie est tellement déroutante! », souligne Kay Lie.
Le médecin qui connaît bien cette maladie peut la diagnostiquer en s’informant sur les antécédents médicaux de la patiente et en effectuant un examen pelvien et rectal complet. « On peut sentir les cicatrices », explique le docteur Sony Singh, directeur du service de chirurgie minimalement effractive du département d’obstétrique et de gynécologie de l’hôpital d’Ottawa. « Quand on touche le col de l’utérus, la patiente sursaute. »
À l’issue de cet examen, des médecins chercheront à confirmer le diagnostic au moyen d’ultrasons ou, dans les cas plus complexes, d’une IRM. Cependant, c’est la laparoscopie qui permet d’évaluer avec la plus grande précision la gravité du problème et de déterminer l’emplacement des lésions. Au cours de cette intervention, le chirurgien examine la cavité pelvienne au moyen d’un appareil d’optique fin qu’il y insère par une petite incision pratiquée dans le nombril. Il pratique une autre incision dans l’abdomen et y insère une sonde de manière à déplacer les organes et à lui permettre de mieux voir. La patiente est sous anesthésie générale tout au long de l’intervention, qui est généralement conjuguée à un traitement.
Alimentation et exercice
Avant d’opter pour un traitement hormonal ou une intervention chirurgicale complémentaire (voir ci-dessous), Christina Williams conseille aux femmes d’apporter des changements à leur alimentation et à leur programme d’activité physique. Areli Hermanson, diététiste de Victoria qui travaille auprès de femmes souffrant d’endométriose, recommande une alimentation saine composée de grains entiers, viandes maigres, fruits et légumes, et de limiter la consommation de boissons caféinées, alcool, sucre et produits transformés. Selon elle, cette approche peut contribuer à limiter la production d’estrogène et l’inflammation, et de soutenir le foie, organe dont le rôle est de transformer les hormones. « Quand elles modifient leur alimentation, bien des femmes voient leur état s’améliorer rapidement », souligne-t-elle. Les résultats de certaines études confirment cette théorie, y compris celle qui a été menée en 2010 au Brigham and Women’s Hospital auprès de 70 709 femmes: on a en effet découvert que celles qui consommaient beaucoup de gras trans réputés nuisibles présentaient une incidence plus élevée d’endométriose que celles dont l’alimentation était riche en acides gras oméga-3. L’exercice est également utile dans la mesure où il contribue à augmenter l’apport de sang aux organes de reproduction et limite la production d’estrogène. Les résultats d’une étude menée en 2003 et publiée dans l’American Journal of Epidemiology indiquent que les femmes atteintes d’endométriose qui faisaient de l’exercice intensif couraient 76% moins de risque que les autres de présenter des lésions aux ovaires. Essayez ces 10 alternatives à la course pour brûler encore plus de calories.
Hormones et intervention chirurgicale
Les médecins pourraient entreprendre le traitement en administrant des doses régulières d’ibuprofène dans le but de soulager la douleur et l’inflammation. Si c’est insuffisant et à la condition que la patiente ne cherche pas à concevoir, ils lui administrent de petites doses de contraceptifs comprenant de l’estrogène et de la progestérone (le traitement est généralement continu de sorte que la patiente n’a plus de règles). Comme la progestérone prévient le reflux du tissu endométrial dans la cavité pelvienne et contribue à réparer les lésions, les médecins traitent également les patientes en leur prescrivant des anovulants comprenant de la progestérone synthétique, par exemple des injections de Depo-Provera ou des comprimés de Visanne. Cependant, les femmes ne tolèrent pas toutes les hormones, sans compter que les traitements à base de progestérone seule peuvent entraîner des effets indésirables, tels qu’un gain de poids, l’humeur changeante et la perte de densité osseuse. « Comme on n’a pas étudié les effets à long terme de ces médicaments, nous ne les connaissons pas, souligne Christina Williams. Les spécialistes estiment qu’il est préférable de s’en tenir à un traitement à court terme. »
Les femmes qui tolèrent mal les médicaments hormonaux ou désirent concevoir pourraient opter pour l’intervention chirurgicale : après avoir localisé les lésions au cours de la laparoscopie, le chirurgien passera ses instruments par l’incision existante et par d’autres qu’il aura pratiquées entre-temps dans le but d’exciser ou de détruire (généralement au moyen d’un courant électrique, d’un laser ou d’ultrasons) les lésions. Si celles-ci sont nombreuses, l’intervention peut durer quatre à cinq heures; il faut en outre compter une à deux semaines de convalescence avant que la patiente puisse reprendre son travail.
Tôt ou tard, les lésions réapparaîtront, si bien qu’environ 30 % des femmes devront subir une nouvelle intervention au bout de cinq ans. Dans les cas graves et si la patiente ne compte pas concevoir dans le futur, elle pourrait décider de subir une hystérectomie ou une oophorectomie (ablation des ovaires), étant donné que les symptômes de l’endométriose disparaissent entièrement à la ménopause. Mais il s’agit là d’une mesure de dernier recours, car la patiente devra alors subir les effets indésirables d’une ménopause soudaine et pourrait nécessiter une hormonothérapie substitutive.
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Nouvelles approches
Le BC Women’s Hospital & Health Centre a mis sur pied la première clinique canadienne à se spécialiser dans le traitement de l’endométriose. Christina Williams, qui est co-directrice du BC Women’s Centre for Pelvic Pain, souligne qu’il est composé d’une équipe multidisciplinaire comprenant une physiothérapeute dont le rôle consiste à aider les femmes présentant des problèmes au niveau du plancher pelvien : en effet, la douleur peut entraîner des spasmes musculaires, qui en provoquent à leur tour, particulièrement dans le bas du dos ou durant les rapports sexuels. L’équipe de la clinique s’attache également à concevoir de meilleures méthodes de traitement au niveau tant psychologique que physique. Christina Williams espère qu’elle servira de modèle pour la mise sur pied d’autres cliniques qui seront en mesure de mieux aider les femmes des autres régions du pays qui souffrent de cette maladie.
Risque de cancer?
Les résultats d’une étude publiée en 2012 dans The Lancet Oncology confirment que les femmes atteintes d’endométriose courent plus de risque que les autres de souffrir de l’un ou l’autre des trois différents cancers ovariens. Sony Singh souligne toutefois que ce risque est tout de même de moins de 1%. Assurez-vous de connaitre les 7 principaux symptômes du cancer des ovaires.
À bien des égards, les signes précoces du cancer ovarien ressemblent à ceux de l’endométriose, notamment les ballonnements et la douleur pelvienne. Il n’existe pas de test de dépistage simple pour ce cancer. Selon Christina Williams, les femmes qui présentent de gros kystes sur les ovaires sont les plus à risque et pourraient devoir être suivies de plus près.
Groupes de soutien
Le réseau TEN (The Endometriosis Network Canada) ou divers groupes locaux offrent la possibilité aux femmes qui souffrent de cette maladie de discuter en privé ou dans le cadre d’un groupe de soutien des moyens à prendre pour soulager leur douleur ainsi que du choix d’un traitement approprié. « Cependant, le soutien doit être positif, prévient Christina Williams. Évitez les groupes qui mettent l’accent sur les éléments négatifs. » Sony Singh dit également avoir été témoin de dérapages, particulièrement quand des individus ou des groupes encouragent les femmes à payer pour des thérapies ou des médicaments naturels dont l’efficacité ne repose sur aucune preuve scientifique: « Vous ne devriez pas avoir à payer pour des choses qui ne sont pas efficaces et pourraient même être nuisibles. »
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