La femme qui se bat pour protéger un écosystème de l’Alberta
Cette infatigable environnementaliste albertaine garde un il sur le passé et l’autre sur l’avenir.
Le premier voyage d’Eriel Deranger à la maison de son enfance dans le nord de l’Alberta au bout de 10 ans l’a laissée bouche bée. «J’avais l’impression de ne plus pouvoir respirer. Je voyais la destruction, la disparition des arbres, le crachin constant de fumée», évoque-t-elle en pensant à la route entre Fort McMurray et Fort MacKay qui traverse certains des sites de sables bitumineux les plus importants au monde.
Eriel Deranger, alors dans la vingtaine, a su tout de suite qu’elle devait s’impliquer pour que les choses changent, en partie par amour pour sa fille, Jaida. «Je ne voulais pas voir les endroits que j’avais connus enfant disparaître, des lieux importants pour moi, ma culture et mon identité et donc importants pour elle aussi, par défaut», dit Eriel Deranger.
Les sables bitumineux de l’Athabasca: un dossier endossé par plusieurs Membre de la Première Nation Athabasca Chipewyan, Eriel Deranger, qui a maintenant 36 ans a tenu sa promesse. Elle est coordonnatrice des communications pour sa nation et adjointe administrative du chef Allan Adam; ses défis sont nombreux. «Nous ne voulons pas fermer les sables bitumineux. Ce que nous voulons, c’est l’arrêt de leur expansion sur notre territoire traditionnel. Il n’y a actuellement aucun projet sur nos terres, et nous voulons que cela reste ainsi.», explique-t-elle.
À cette fin, sa nation utilise tout ce qui est en son pouvoir pour tracer une ligne dans le sable, c’est-à-dire ne tolérer aucune violation. Outre les défis juridiques et les rassemblements pacifiques, on amène des invités visiter le territoire et les sables bitumineux pour faire passer leur message. Un récent visiteur de renom est le rocker Neil Young. Il a occupé sa tournée à amasser de l’argent pour le fonds de défense juridique de la nation, Honour the Treaties.
«Ce ne sont pas des traités archaïques, explique-t-elle. Mon grand-père était vivant quand le traité a été signé pour notre nation, et ces projets sont complices de la violation du traité et des droits des autochtones au Canada. Pour nous, il s’agit d’une bataille de droits, et nos droits en tant que peuple autochtone du Canada sont intrinsèquement liés à l’environnement.»
Eriel Deranger vit à Edmonton avec sa fille, qui a maintenant 16 ans, son fils de 4 ans, Uli, et son conjoint, Kelsey Chapman. «Mes enfants m’étonnent et m’inspirent, et mon mari a tellement soutenu mon travail au cours des années! Ils sont la force motrice derrière tout ce que je fais.»
Préserver sa terre ancestrale Quand elle était petite fille, sa famille passait l’été sous la tente dans le nord de la Saskatchewan, en allant souvent à Fort McMurray visiter de la parenté. C’est quelque chose qu’elle reproduit avec ses enfants. «Nous essayons d’aller sur ces terres au moins une fois par an pour une semaine de camping.»
«Ce territoire n’est pas simplement un endroit que je veux sauvegarder; c’est ma terre ancestrale», dit-elle. J’y ai de profondes racines. Nous sommes des Dénés. Première Nation Athabasca Chipewyan est le nom colonial qui nous a été donné, mais le nom de notre peuple est Denesuline [ou K’ai Taile Denesuline]. Cela signifie «peuple du saule, peuple de la terre»: notre homonyme est une référence au delta. Je veux que mes enfants sachent ce que cela signifie. Et si vous détruisez la totalité du delta Paix-Athabasca, vous détruisez le peuple qui s’identifie à ce lieu.»
Mais Eriel Deranger a bon espoir que la ligne de sa nation dans le sable peut être respectée grâce à l’élection du NPD en Alberta. «Cela est nécessaire pour la sauvegarde non seulement de nos peuples, mais aussi de l’ensemble de l’écosystème du delta Paix-Athabasca.»
Tiré du Magazine Best Health, octobre 2015