Les risques de la non-vaccination
Mme Demilade secoue la tête en sanglotant. «Tout est de ma faute», dit-elle à l’infirmière qui lui tapote la main pour la réconforter.
Son fils Richard gît sur le lit d’hôpital. Une canule d’alimentation serpente de ses narines jusqu’à un sac de liquide grisâtre. Le tableau briserait même un cœur de pierre; alors, celui d’une mère… Le pire, c’est qu’elle se sent responsable du malheur de son enfant. Après la naissance de Richard, elle a dû prendre une décision qui angoisse beaucoup de parents consciencieux et aimants: le faire vacciner ou non contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.Bien que l’existence d’un lien avec l’autisme ait été scientifiquement démentie, que le médecin l’ayant suggéré ait été rayé des cadres de sa profession et que la revue qui avait publié son premier article se soit rétractée, le vaccin ROR garde la réputation d’être dangereux. Mme Demilade avait décidé de ne pas faire vacciner Richard. Aujourd’hui, elle confie à l’infirmière qu’elle le regrettera toute sa vie.
Les effets secondaires des vaccins
Ce vaccin a été mis au point parce que les infections qu’il prévient laissent parfois de terribles séquelles. La plupart des enfants font des réactions désagréables, mais sans danger pour leur vie. Une minorité non négligeable subit des dommages irréversibles. Richard a été particulièrement malchanceux. L’infection a gagné son cerveau, provoquant ce qu’on appelle une encéphalite. La maladie ne s’est manifestée qu’un an plus tard, par des comportements étranges et des convulsions. Depuis, le petit garçon a été hospitalisé à maintes reprises. Les médecins n’espèrent pas le guérir, seulement limiter les dégâts, mais il se peut que son état empire. Sa mère a dû renoncer à son métier de bibliothécaire pour veiller sur lui. Elle le soigne avec abnégation et amour.
Des infections dangereuses!
L’histoire est d’autant plus poignante que la souffrance de Richard n’est pas due à la négligence ni à l’insouciance. Sa mère voulait seulement son bien. Elle se reproche amèrement sa décision, mais je peux comprendre qu’en lisant des histoires d’horreur dans la presse, une personne sans formation médicale, perplexe, fasse le même choix. La tragique vérité, c’est que si le vaccin n’est pas dangereux, les trois infections qu’il combat le sont bel et bien, et sont aujourd’hui une réalité insupportable pour Mme Demilade et son fils.
***** Max Pemberton, médecin hospitalier, a remporté en 2010 le prix du journaliste de l’année décerné par l’association britannique Mind.