Le coronavirus est devenu une réalité
Le nouveau coronavirus qui cause l’infection appelée COVID-19 continue sa progression à travers l’Amérique du Nord et le globe. Des dizaines de milliers de cas ont été enregistrés et les gouvernements prennent des mesures draconiennes pour enrayer la propagation et protéger les personnes les plus vulnérables aux maladies respiratoires. Nous sommes inondés de messages pour nous protéger contre l’infection. Inspirons-nous de ceux qui sont en première ligne: les médecins et les professionnels de la santé.
«Nous mettons en pratique des approches éprouvées», explique le Dr Robert Glatter, urgentologue à l’hôpital Lenox Hill de New York. «La plupart de mes collègues travaillent comme à leur habitude en suivant une bonne étiquette respiratoire». Assurez-vous de savoir reconnaître les symptômes du coronavirus qu’il faut surveiller.
Voici ce que les médecins et les autres professionnels de la santé font pour se protéger et protéger les autres.
Ils se lavent les mains
Personne ne peut passer outre au lavage des mains. Il faut encore et encore se laver les mains, que l’on soit quelqu’un du public, et encore plus ceux qui donnent des soins de santé: partout et tout le temps. «C’est la première des précautions», pour la Dre Natasha Bhuyan, médecin de famille chez One Medical à Phoenix (Arizona).
«Avec de l’eau et du savon pendant 20 secondes, y compris le dos des mains et le dessous des ongles. J’en ai les cuticules toutes craquelées et desséchées!»
La Dre Bhuyan se lave les mains chaque fois qu’elle entre dans un nouvel environnement: sa maison, la maison d’amis, l’épicerie. Si elle n’a pas accès à de l’eau et à du savon, elle se sert d’un désinfectant à base d’alcool qu’elle transporte sur elle.
Voici pourquoi il faut vraiment vous laver les mains, en tout temps.
Ils ne se touchent pas le visage
Les médecins éprouvent autant de difficultés que nous à éviter de se toucher le visage. Dans une étude de 2015 de l’American Journal of Infection Control, on montrait qu’un groupe d’étudiants en médecine d’Australie se touchaient le visage en moyenne 23 fois par heure; 44% du temps, ils entraient en contact avec une muqueuse. Si vous extrapolez ces chiffres en les appliquant à une journée de 15 heures, cela veut dire que vous prenez 345 fois le risque de vous infecter avec un virus.
Les professionnels de la santé estiment que c’est comme si vous installiez un tapis rempli de microbes à l’entrée de votre maison. Les virus entrent souvent dans le corps par le nez, la bouche et d’autres muqueuses. Si une personne a du coronavirus sur les mains et qu’elle porte celles-ci à son visage, le virus accédera facilement à son appareil respiratoire. Les yeux aussi peuvent être un point d’entrée montre une étude publiée en février 2020 dans The Lancet. Évitez donc de toucher vos yeux sans vous être lavé les mains.
Comment briser une habitude aussi bien ancrée? La Dre Bhuyan invite à devenir conscient de ces gestes ; l’enjeu est évidemment encore plus grand dans les lieux publics.
Faites attention à ne pas reproduire ces pires habitudes pour transmettre des microbes.
Ils pratiquent l’étiquette respiratoire
Cela veut dire qu’ils toussent ou éternuent dans un mouchoir ou dans le creux de leur coude, dit la Dre Bhuyan. Si vous utilisez un mouchoir de papier, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) recommandent de le jeter dans une poubelle aussitôt après. Quelle que soit la méthode que vous choisissez, lavez-vous les mains immédiatement après avoir toussé ou éternué avec de l’eau et du savon, ou utilisez un désinfectant qui contient 60% d’alcool.
Actuellement, les CDC croient que le coronavirus se répand à travers les gouttelettes respiratoires qu’expulsent les gens en toussant ou en éternuant. Ces gouttelettes peuvent atterrir à 1 mètre et jusqu’à 1,80 mètre dit la Dre McGinty. Cependant la contagion ne se répand pas aussi vite qu’on pourrait le croire. «Il faut la mettre en contexte. Les gens ont peur, mais, sur le plan scientifique, le coronavirus est plus contagieux que la grippe, mais beaucoup moins que la rougeole» fait remarquer la Dre Bhuyan.
Ils saluent avec les coudes
Il n’y a pas que la chancelière Angela Merkel qui évite de serrer des mains, et touche plutôt les gens du coude: les médecins et les autres professionnels de la santé ont adopté cette façon de faire, que la chaîne de nouvelles ABC a baptisée «la nouvelle poignée de main».
La raison en est évidente: les coudes ne risquent pas de transmettre le coronavirus, en particulier si l’on est encore en hiver et qu’on porte des manches longues. Et puis, c’est peu probable que vous parveniez à vous toucher le visage avec le coude. On ne sait pas ce qu’a pu toucher la main qui vous est tendue et elle pourrait transmettre le virus.
«Je ne serre pas la main de mes patients, dit la Dre Bhuyan. J’établis un contact visuel avec eux et je leur souris, c’est un bon accueil.»
Ils dorment suffisamment
La Dre Bhuyan mange des repas santé et fait de l’exercice, même quand il n’y a pas d’épidémie. Mais en ce moment, elle s’assure de bien dormir. «Pour moi, le sommeil est vraiment important; je me mets au lit à la même heure et je dors huit heures, au lieu de passer du temps sur mes courriels.»
Un bon repos peut aussi stimuler votre système immunitaire et prévenir les infections. Jusqu’à présent, 80% des personnes infectées par le coronavirus ont une atteinte légère, rapporte l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et certaines d’entre elles n’ont même pas de symptômes. Vous résisterez mieux au coronavirus si vous dormez bien.
Ils utilisent des lingettes désinfectantes
Les CDC croient que la COVID-19 se répand principalement par les gouttelettes respiratoires émises par la toux et les éternuements, mais des données récentes indiquent que le coronavirus peut survivre jusqu’à une journée sur certaines surfaces, commente le Dr Glatter. Cela signifie qu’une personne qui touche un comptoir ou une table contaminés peut conserver le virus sur ses mains et s’infecter ou infecter une autre personne.
Les professionnels de la santé utilisent des lingettes désinfectantes (Clorox, par exemple) pour combattre ce problème. Dans l’avion cette semaine, la Dre Bhuyan a essuyé ses appuie-bras et sa tablette; pour régler l’arrivée d’air, elle s’est aussi servie d’une lingette désinfectante. «C’est une bonne idée d’en avoir sur soi.»
Découvrez d’où vient cette peur de manquer de papier de toilette pendant la pandémie de COVID-19.
Ils ne portent pas de masque, à moins que leur travail ne l’exige
On demande aux professionnels de la santé, tout comme à nous, de ne pas utiliser de masques dans les interactions quotidiennes. (Cette précaution est prise pour qu’on n’en manque pas là où ils sont absolument indispensables, c’est-à-dire dans les lieux de soins.)
Les masques ne protègent pas les gens du virus, que ce soit le public ou les professionnels de la santé, selon le Dr William Schaffner, infectiologue de l’université Vanderbilt, à Nashville (Tennessee). Les masques doivent être portés uniquement par les patients positifs ou qui ont des symptômes grippaux, pour éviter de contaminer leur entourage. En fait, si un médecin ou quelqu’un est malade, il doit rester chez lui.
Les masques attachés avec des rubans ne sont pas équivalents aux masques respirateurs N95, qui eux protègent contre les bactéries et les virus (ils bloquent 95% des petites particules microbiennes). Cependant, les directives sont les mêmes: ils sont recommandés pour usage exclusif dans les unités de soins.
«Les patients qui sont positifs à la COVID-19 ou que l’on soupçonne de l’être doivent porter un masque jusqu’à ce qu’ils soient isolés à l’hôpital ou à la maison. Un patient n’a plus besoin de porter ce masque une fois en isolement», affirment les CDC.
Ils demandent aux patients qui ont des symptômes de téléphoner avant de se présenter
La dernière chose souhaitée pour un médecin ou les patients qui sont dans sa salle d’attente c’est qu’une personne atteinte se trouve au milieu d’eux.
Au Québec, on recommande aux gens d’appeler la ligne 1 877 644-4545, au lieu de se présenter à une clinique ou aux urgences. Les patients pourront expliquer leurs symptômes au téléphone et on leur recommandera les étapes à suivre ensuite. Cette mesure peut éviter l’exposition dans les salles d’attente et prévenir la contagion: c’est beaucoup mieux. Le Canada a aussi une ligne téléphonique d’information: 1 833 784-4397.
Vous allez être surpris d’apprendre que les effets du COVID-19 se voient depuis l’espace.
Ils ne paniquent pas
Les professionnels de la santé ne paniquent pas au sujet du virus et vous ne devriez pas non plus. Pour la Dre Bhuyan, il faut aussi limiter notre accès aux médias sociaux pour combattre ce qu’elle appelle «l’infodémie», néologisme pour définir l’épidémie d’informations!
«Il faut nous attendre à ce qu’il y ait plus de cas, plus de diagnostics, plus de décès aussi, mais mettons cela en perspective, explique le Dr Glatter. À moins que vous ne vous trouviez en contact avec des communautés ou des personnes qui sont peut-être infectées, votre risque est très faible.»
Et voilà ce que font les hôpitaux
Les hôpitaux et les cliniques suivent des procédures de triage pour les patients quand ceux-ci arrivent dans une unité de soins. Voici les premières questions, selon le Dr Schaffner:
– La personne revient-elle d’un voyage international?
– A-t-elle été en contact avec une personne que l’on sait positive?
– Vit-elle ou a-t-elle passé du temps dans une communauté touchée par l’épidémie de coronavirus?
– Présente-t-elle des symptômes qui ne sont pas ceux de la grippe?
Les patients qui répondent à un de ces critères se font remettre un masque et sont placés dans une chambre d’isolement, explique le Dr Schaffner, pendant que les médecins et le reste du personnel prennent les mesures nécessaires de contrôle de l’infection.
Le personnel qui est en première ligne au service des urgences de Northwell Health, à l’aéroport international JFK de New York, porte des masques respirateurs, des blouses et des gants jetables, des lunettes de protection.
Assurez-vous de ne JAMAIS toucher ces 10 choses à l’hôpital.