Sepsis, septicémie ou empoisonnement du sang
Les piqûres d’insecte et infections urinaires nous paraissent en général agaçantes plutôt que dangereuses, mais grattez-vous au sang ou attendez un peu trop pour prendre des antibiotiques, et votre état se détériorera gravement si un sepsis se développe: vous pourriez avoir du mal à respirer, ressentir de la faiblesse et de la désorientation sans savoir pourquoi. Le sepsis est une urgence médicale qui devient vite mortelle.
Il tue environ 11 millions de personnes par année dans le monde, plus que le cancer, et pourtant, on n’en sait pas grand-chose. Quand il ne tue pas, il inflige souvent des complications de longue durée s’il n’est pas soigné rapidement.
Vous en avez peut-être entendu parler sous un autre nom, empoisonnement du sang ou encore septicémie.
Il s’agit en réalité d’une réaction trop violente du corps à une infection. Au lieu de se concentrer sur une région de l’organisme, le système immunitaire libère un flot de molécules anti-infectieuses dans le sang, déclenchant une inflammation généralisée, qui peut provoquer un effondrement de la tension artérielle et des défaillances organiques. C’est ce qu’on appelle «choc septique» et c’est ce contre quoi cette quadragénaire a dû se battre lors de son opération.
Consulter rapidement
«On peut y voir un dommage collatéral, explique le Dr Konrad Reinhart, président fondateur de la Global Sepsis Alliance (alliance mondiale contre le sepsis), un spécialiste du sepsis chargé de la sensibilisation à cette maladie à l’hôpital universitaire la Charité de Berlin. Comme dans une guerre livrée pour défendre votre pays, vous pouvez toujours frapper votre propre camp.»
Le point de départ est en général une infection bactérienne comme la pneumonie, la cystite ou la cellulite (infection d’une lésion cutanée), mais peut également être une infection fongique, virale ou, plus rarement, parasitaire.
«Le temps est un facteur critique», dit le Dr Ron Daniels, intensiviste à Birmingham, au Royaume-Uni. Fait étonnant, 80% des cas dans les pays avancés commencent hors d’un hôpital, d’après les chiffres des centres américains de surveillance des maladies. D’où l’importance de reconnaître les symptômes et de consulter rapidement. «Plus vite on se présente, meilleures sont les chances d’améliorer l’issue», dit Ron Daniels.
La septicémie est l’une des infections courantes qui augmentent le risque de crise cardiaque.
Infection = urgence
À quoi faut-il faire attention? Si vous savez ou soupçonnez que vous faites une infection, voyez-y une urgence dès lors que vous éprouvez l’un des symptômes suivants: bouche pâteuse, confusion, élancements dans une articulation ou un muscle, souffle très court, peau livide ou marbrée, incapacité d’uriner durant une journée ou, tout simplement, sentiment d’une mort proche. «Fiez-vous à votre instinct, dit le Dr Daniels. Demandez-vous si ça pourrait être le sepsis.» Voici comment reconnaître les signes silencieux du sepsis. Vous auriez alors un urgent besoin d’antibiotiques ou d’antifongiques. Les cas les plus graves requièrent du soluté et des médicaments pour augmenter la tension artérielle, des stéroïdes pour stabiliser la pression et la circulation sanguines, voire des traitements chocs comme la dialyse et la ventilation pour pallier une défaillance organique.
Personnes à risque
Personne n’est à l’abri du sepsis, mais les personnes âgées et les malades courent plus de risques. Les séquelles peuvent durer longtemps. «Quarante pour cent des survivants font état d’au moins un trouble physique, psychologique ou cognitif persistant, comme un manque de jugement ou de mémoire», note Ron Daniels. Certains souffrent de stress post-traumatique, d’anxiété ou encore de dépression. D’autres éprouvent de la fatigue chronique ou des douleurs articulaires et musculaires. Seulement un patient sur deux se rétablit complètement en moins d’une année.
Pratiquez l’autodiagnostic: ces tests simples pourraient vous sauver la vie.
Un régime de vie gagnant
Savoir reconnaître les symptômes du sepsis peut sauver des vies, affirme Konrad Reinhart. Comme précautions, il prône la vaccination contre la pneumonie et la grippe, la maîtrise des maladies chroniques, la surveillance des petites coupures, mais aussi «un mode de vie sain. Ni drogue ni tabac et pas trop d’alcool.
Bougez, allez au grand air, bref, faites tout pour aider votre système immunitaire à combattre le stress afin d’être moins vulnérable aux infections.»