Brigitte Lafleur: une bouffée d’air frais
Après avoir charmé le Québec avec son rôle dans la télésérie La galère, Brigitte Lafleur devient porte-parole de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac. Elle nous livre un témoignage sans filtre sur son combat contre la cigarette.
Comment es-tu parvenue à écraser?
Mon histoire n’a rien d’extraordinaire! Mais on n’a pas besoin d’avoir vécu un drame pour trouver ça difficile. J’ai allumé à l’adolescence pour être rebelle. À 28 ans, je grillais près de deux paquets par jour. Mes crises d’asthme s’étaient aggravées au point que j’allais à l’hôpital une fois par mois. Sur scène, je ne pouvais plus m’esclaffer ni pleurer sans tousser. Je me convainquais que la cigarette n’était pas la cause… J’étais complètement dans le déni. Mon chum, qui trouvait la situation absurde, m’a mise au défi de cesser de fumer pour de bon.
Mais ne devrait-on pas arrêter pour soi plutôt que pour un proche?
Je voulais gagner contre la cigarette et le côté défi a fonctionné pour moi. C’est pour ça que je me sens à l’aise d’essayer de convaincre des gens. Le soutien de ma famille et de mon chum a été indispensable.
Quelle différence ça a fait d’arrêter?
Deux semaines après avoir renoncé au tabac, je ne faisais plus d’asthme! Le résultat a été incroyablement rapide.
As-tu connu des épisodes de rechute?
Non, mais j’ai traversé des moments difficiles dans les deux premières semaines de mon sevrage. J’ai pété les plombs à plusieurs reprises! Je ne savais plus comment occuper mes mains. Ma concentration était perturbée. Je pouvais entretenir une conversation avec quelqu’un et en oublier le contenu. J’ai compris à quel point mon intoxication était aiguë et déterminait ma vie.
Est-ce important pour toi de prêter ton image à une cause?
Oui, j’ai l’impression de redonner à la société. C’est l’avantage d’avoir un visage connu du public. La Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, qui se tient du 20 au 26 janvier 2013, veut parler du tabagisme et de ses conséquences sociales. Elle vise aussi à donner des outils aux fumeurs prêts à écraser. Il faut être préparé et trouver des trucs pour compenser le manque de tabac comme s’entraîner, manger des carottes, marcher…
Devrait-on interdire la cigarette?
C’est une bonne question à laquelle je n’ai jamais réfléchi. On devrait interdire les additifs chimiques dans les cigarettes qui rendent les consommateurs de plus en plus dépendants. Je trouve ça crapuleux, épouvantable, criminel! Les cigarettes sont devenues de vraies bombes. Mais, à mon avis, la prohibition et les mesures trop radicales ne font pas partie d’une solution acceptable. On vit dans une société où les gens sont libres de faire leurs propres choix.
Il y a 45300 élèves du secondaire qui fument au Québec, quel message aimerais-tu leur transmettre?
Tu pues, tu as les dents jaunes et quand tu tousses, on dirait que tu as de la morve sur les poumons. Pas très chic! Les jeunes ont l’impression d’être immortels, mais je peux leur dire que la cigarette les rend plus repoussants et qu’elle peut nuire à la séduction!
On peut tracer un parallèle avec La galère, lorsque Stéphanie,une fumeuse, surprend son ado avec une cigarette à la main…
C’est une belle situation. On voit que Stéphanie fait face à un problème dont elle aimerait se débarrasser. La grande majorité des fumeurs, s’ils pouvaient écraser en prenant une pilule magique, le feraient. Comme parent, la meilleure façon de dissuader son enfant de fumer, c’est de lui offrir un environnement sans fumée.
Dans les dernières années, tu t’es affiliée à différentes causes comme le concours Des marmots en santé de la fondation CHU Sainte-Justine et le Prix des libraires du Québec… Es-tu une citoyenne engagée?
Non, je ne suis pas militante, mais quand je m’implique dans une cause, c’est parce que j’ai envie de voir des changements s’opérer et parce que je suis réellement touchée par l’enjeu. Je ne veux pas bluffer… Ce n’est pas du jeu! Il y a des milliers de causes qui m’interpellent, comme les femmes en difficulté. Dernièrement, je suis allée chanter pour les familles qui vivent avec un enfant autiste.
Ton personnage de Mimi a un côté fleur bleue qui la rend très attachante. Est-ce que tu t’identifies à elle?
J’admire sa candeur, mais je ne suis pas aussi romantique qu’elle. Je lui ressemble dans ma façon de voir la bonté chez les gens, mais elle est vraiment une meilleure personne que moi. Par contre, Mimi voit plus la vie en noir que moi. Elle gonfle les événements [rires], c’est ce qui est drôle.
Quels sont tes projets à venir?
Je travaille sur des projets personnels. Je peins et je prépare actuellement mon vernissage qui aura lieu au mois de mars. J’espère profondément que La galère revienne pour une sixième saison. Je ne pensais jamais vivre autant de situations avec un même personnage, du tragique au burlesque. J’aurai de belles intrigues dans la prochaine saison de L’auberge du chien noir. Une grosse montagne russe émotionnelle.
Où te vois-tu dans cinq ans?
Avec un bébé! Mon mari et moi avons déposé une demande d’adoption qui a été acceptée. On attend toujours. Comme j’ai souvent interprété des rôles sympathiques, j’aimerais jouer une méchante à la télé. Après -avoir incarné Mimi, je pourrais l’assumer!
Crédits photos: JULIE PERREAULT