Mastectomie préventive
Actrice engagée dans l’aide humanitaire, Angelina Jolie a bouleversé le monde du Net et toute la communauté médicale par la publication d’un texte d’opinion dans le New York Times. Elle y raconte comment, à la suite d’un test positif ayant permis de dépister un gène BRCA1 anormal, elle a décidé de subir une double mastectomie préventive. Cette opération lui a permis de faire passer le risque de cancer du sein de 87 % à 5 % et de diminuer la possibilité de cancer de l’ovaire dont sa mère est décédée en 2007 à l’âge de 56 ans.
« J’ai choisi de ne pas taire mon histoire parce que de nombreuses femmes ne savent pas qu’elles peuvent vivre sous la menace du cancer, écrit-elle. J’espère qu’elles aussi, pourront passer un test pour dépister ce gène responsable du cancer du sein et si le résultat est positif, elles sauront que des solutions sérieuses s’offrent à elles. »
De nombreuses patientes et des experts dans le traitement du cancer du sein ont loué le courage dont a fait preuve Angélina Jolie en faisant connaître son histoire au grand public. Ils croient que cela sensibilisera davantage les femmes envers leur propre santé. Cependant, il importe de bien comprendre que ce qui était approprié pour elle ne l’est pas forcément pour d’autres.
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1. La majorité des cas de cancers sont entièrement aléatoires et ne sont pas causés par une mutation génétique du BRCA.
Les gènes BRCA1 et BRCA2 sont de types suppresseurs de tumeurs. Lorsqu’ils fonctionnent normalement, ils empêchent la croissance incontrôlée de cellules pouvant provoquer des tumeurs malignes. Selon le HealthDayNews, lorsque ces gènes subissent des mutations anormales, ils peuvent provoquer le développement du cancer héréditaire du sein et de l’ovaire.
Les cas de mutation génétique représentent de cinq à huit pour cent de tous les cas de cancer du sein, affirmait aujourd’hui la docteure Nancy Snyderman, rédactrice en chef des émissions médicales de la NBC. Une vaste majorité de personnes atteintes du cancer du sein n’ont pas de gènes BRCA mutants. « Pour madame Jolie, il ne s’agissait pas d’un test aléatoire, poursuit Nancy Snyderman. » L’actrice a opté pour ce test de dépistage parce sa propre mère était très jeune lorsqu’on lui a diagnostiqué le cancer de l’ovaire.
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2. La majorité des femmes n’ont pas besoin et ne devraient pas passer le test de dépistage génétique.
Vous vous demandez si vous devez dépister la présence de mutation de gènes BRCA? Seules les femmes qui ont un risque élevé à cause de certains antécédents familiaux peuvent profiter de ce test.
D’après le Centre du cancer MD Anderson de l’Université du Texas, il faut examiner les bons membres de la parenté avant de tirer des conclusions sur l’historique familial du cancer. On recommande d’appliquer les critères suivants.
– Examinez le bilan médical des parents du premier degré : père et mère, frères et sœurs, enfants, et ceux du second degré : grands-parents, tantes, oncles, neveux et nièces.
– Vous pourrez envisager le test des gènes BRCA si un parent ou plus du même côté de la famille a eu un diagnostic de la même forme de cancer : par exemple, deux cancers du sein, deux cancers de l’ovaire. Ou encore si on a diagnostiqué une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2, un cancer du sein et de l’ovaire avant l’âge de 50 ans, un double cancer du sein et de l’ovaire ou un cancer du sein chez un homme.
– Les personnes de descendance juive ashkénaze (Europe de l’Est) dont un ou plusieurs parents ont eu l’un des diagnostics précédents peuvent avoir un risque élevé de mutation génétique BRCA. Cette mutation est dépistée au moyen d’un test sanguin effectué par un laboratoire spécialisé et il faut quelques semaines avant d’obtenir les résultats.
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3. Toutes les personnes qui ont un gène BRCA anormal n’auront pas le cancer.
Les gènes BRCA défectueux augmentent considérablement le risque du cancer du sein et de de l’ovaire, tel que le médecin d’Angelina Jolie le lui a affirmé. Selon le HealthDay News, environ 60% des femmes qui ont ces mutations génétiques auront un diagnostic de cancer du sein; une femme dont les gènes BRCA1 ou BRCA2 ont muté a cinq fois plus de chances de contracter un cancer du sein qu’une autre.
C’est pourquoi certains experts croient qu’une décision prophylactique comme celle de madame Jolie, de procéder à l’ablation des deux seins et des ovaires est bonne pour une personne qui a un test positif. La docteure Stephanie Bernik, chef du service d’oncologie chirurgicale à l’hôpital Lenox Hill de New York a déclaré au HealthDay News qu’une double mastectomie demeure la meilleure option pour une personne qui a un test de BRCA positif.
Les personnes qui obtiennent un résultat positif au test n’ont pas toutes le même niveau de risque de cancer du sein ou de l’ovaire. Tel qu’expliqué sur le site de la Fondation de recherche de la docteure Susan Love, les chercheurs croient qu’une personne ayant une mutation de gènes BRCA1 a 80% de risque de contracter le cancer du sein au cours de sa vie; cette conclusion se fonde sur les études faite sur des familles où il y a eu beaucoup de cas de cancer du sein et de l’ovaire. D’autres études ont été menées sur des femmes ayant la mutation génétique, mais ayant aussi peu de parents qui ont eu le cancer du sein : ces études concluent que le risque diminue considérablement, de 37 à 60%.
Le niveau de risque varie considérablement et certaines patientes peuvent simplement préférer attendre en observant de très près leur situation plutôt que de passer au bistouri. Les experts recommandent à toute personne qui envisage un test de dépistage génétique pour le cancer du sein ou de l’ovaire, de demander l’avis d’un conseiller en génétique pour soupeser les aspects positifs et négatifs des tests et des traitements.
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4. Les membres les plus à risque d’une famille devraient passer le test en premier.
D’après Atlantic Health System, s’il y a des cas de cancer dans votre famille, les membres les plus à risque d’avoir une mutation génétique devraient passer le test en premier. Ça peut être le cas d’une personne qui a reçu à un jeune âge, habituellement avant 40 ans, un diagnostic de cancer du sein ou de l’ovaire. L’éditeur du site explique que « même s’il y a un cas de mutation dans la famille, une femme qui a un cancer du sein d’apparition tardive, disons après 65 ans, peut contracter ce cancer par hasard et non parce qu’elle a hérité de cette mutation. Le test peut aussi ne pas dépister la mutation dans la famille. »
Si la première personne qui passe le test dans une famille n’a pas encore eu de cancer, le résultat peut être moins fiable. Un résultat négatif peut toujours laisser sous-entendre que d’autres membres de la famille pourraient être porteurs de la mutation.
Il existe également trois différents types de tests pour la mutation du BRCA, en fonction de vos facteurs de risque. À lire pour savoir quel type de test serait adéquat pour vous.
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5. Le test est dispendieux mais vos assurances pourraient en couvrir les frais.
Pour que les assurances remboursent les frais du test, qui vont de quelques centaines à quelques milliers de dollars, vous devez avoir un risque élevé de mutation, indique la docteure Ob-Gyn Lauren Streicher, auteure de The Essential Guide to Hysterectomy, sur le site EverydayHealth. Si vous envisagez de passer le test, prenez la peine de vérifier si vous serez remboursée.
D’après l’Atlantic Health System, la majorité des polices d’assurance rembourseront les frais si on a déjà identifié un cas de mutation du BRCA au sein de votre famille, ou si votre historique de santé personnel ou familial présente une possibilité de cancer du sein.
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