Le cancer de la vessie est souvent négligé
Les symptômes du cancer de la vessie sont discrets, surtout chez la femme. Les hommes trouvent parfois du sang dans leur urine, qui prend alors une teinte rosée, voire rouge. Les femmes aussi, en plus d’une miction douloureuse. Malheureusement, ce sont aussi les symptômes de toute infection urinaire. Les femmes peuvent aussi penser qu’elles ont leurs règles. «Il arrive que les patientes soient traitées pendant des mois pour une infection urinaire chronique», dit le Dr Arjun Balar, oncologue au Langone Medical Center de l’Université de New York. Ce n’est que lorsque les symptômes s’intensifient (quand il y a plus de sang et que douleurs et inconforts s’aggravent) que l’on soupçonne un cancer. «Les femmes disent que les sensations ne ressemblent à aucune des infections urinaires qu’elles ont eues», continue le Dr Balar.
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Les hommes sont plus à risque…
Cette maladie frappe plus souvent les hommes – 3 fois plus que les femmes. Même si les autorités sanitaires rapportent que l’occurrence de ce cancer est à la baisse chez les femmes, une étude parue en 2015 dans JAMA Oncology révèle que le risque augmente pour certaines femmes faisant un métier où elles sont exposées à des agents chimiques particuliers – les coiffeuses, par exemple. Les chercheurs notent cependant qu’il est difficile d’établir si cette recrudescence est due à une augmentation des contrôles et de la détection. Ces 13 métiers augmentent vos risques de développer un cancer.
… mais les femmes sont plus susceptibles de mourir du cancer de la vessie
Cette maladie étant perçue comme un cancer d’homme, on la rate fréquemment chez la femme. «C’est l’un des facteurs déterminants pour expliquer pourquoi les femmes sont plus susceptibles d’être diagnostiquées à un stade plus avancé de la maladie», dit le Dr Balar. Au Canada on estimait qu’en 2017, 6700 hommes recevraient un diagnostic de cancer de la vessie et que 25% en mourraient ; 2200 femmes recevraient quant à elles ce diagnostic et 31% en mourraient. Certaines recherches indiquent toutefois que le diagnostic tardif ne serait pas le seul responsable de cet écart et que d’autres facteurs inconnus entreraient en ligne de compte.
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De nombreuses infections urinaires ne vous mettent pas plus à risque
Loin de là. Bien que certaines formes de cancer de la vessie soient associées aux infections urinaires chroniques, celles-ci restent minoritaires, dit le Dr Balar. Le carcinome épidermoïde de la vessie serait de ceux-là et représenterait 5% des cas. Le fait d’avoir des infections urinaires à répétition ne vous met par conséquent pas plus à risque de contracter un cancer de la vessie. Parlez à votre médecin de tous les symptômes qui vous inquiètent.
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Le plus important facteur de risque
Eh oui, encore et toujours la cigarette! Un récent sondage de Seagen Canada, mené par Léger et visant à évaluer les connaissances des Canadiens sur le cancer de la vessie, révélait que moins d’un tiers (31%) des personnes interrogées savaient que le tabagisme était un facteur de risque de cancer de la vessie. Pourtant, chez les hommes comme chez les femmes, ce cancer est à 80% associé à cette mauvaise habitude, indique le Dr Balar. «Je vois énormément de fumeurs qui ne s’inquiètent que de cancers des poumons, de la tête et du cou et de l’œsophage, continue l’oncologue. Mais ils devraient aussi se méfier de la vessie.» D’autres causes? Le Dr Balar note également que les facteurs héréditaires sont responsables de 5% des cancers et que 15% sont liés à des facteurs chimiques tels que les amines aromatiques. Les gens qui travaillent avec des produits chimiques, des teintures, de produits du caoutchouc, par exemple, sont plus à risque , ce qui inclut potentiellement les coiffeurs et coiffeuses, selon une recherche publiée dans Environmental Health.
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Mettre tout cela en perspective
Si vous ne fumez pas et n’avez pas d’antécédents familiaux, vos risques de contracter ce cancer sont plutôt minces, souligne le Dr Balar. Les femmes ménopausées ont souvent davantage d’infections de l’appareil urinaire à cause de la baisse du niveau d’œstrogènes, laquelle favorise la prolifération des bactéries et augmente les risques d’infection. Si vos symptômes ne se calment pas malgré les antibiotiques, informez-vous sur le cancer de la vessie auprès de votre médecin.
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Diagnostic
Votre médecin va vous demander si quelqu’un dans votre famille a combattu le cancer et pourrait aussi vous faire subir un examen pour trouver des signes du cancer. Vous ferez également une analyse d’urine pour détecter des traces de sang. Si votre médecin suspecte un cancer, il ou elle vous aiguillera vers un urologue qui se livrera à une cystoscopie, un examen au cours duquel on introduit un tube très fin doté d’une caméra à travers votre urètre et jusqu’à votre vessie pour en observer les parois.
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Traitement
Les médecins déterminent si le cancer est localisé (seulement dans la vessie) ou s’il s’est propagé. S’il est local, comme c’est le cas dans la majorité des cas, ils se livrent à une résection transuréthrale de la tumeur de la vessie – un endoscope est introduit dans la vessie pour retire la tumeur des parois, explique le Dr Balar. Selon le stade du cancer, certaines patientes devront subir après l’opération une radiothérapie ou une chimiothérapie. Dans certains cas, une chimiothérapie précèdera la chirurgie afin de réduire la tumeur et de la rendre plus facile à retirer.
Les médecins sauvent des vies
Avant, lorsque le cancer de la vessie avait métastasé vers les muscles et les organes environnants (stade 4), le pronostic était plutôt sombre. «Autrefois, un cancer à ce stade était incurable, dit le Dr Balar. Il existait très peu de traitements et les chances de survie ne dépassaient pas 12 à 15 mois.» Toutefois, les avancées médicales des trois dernières années ont complètement changé la donne. Avec le développement de l’immunothérapie, qui renforce le système immunitaire pour mieux cibler le cancer, le pronostic est bien meilleur. «Il est encore un peu trop tôt pour se prononcer quant à l’impact de ces médicaments sur le taux de survie, mais ce que nous voyons, c’est qu’un groupe de patient réagit extrêmement bien, et que ceci est susceptible de leur sauver la vie», ajoute l’oncologue. On constate en fait chez certains la disparition totale du cancer et ces patients mènent une vie tout à fait normale deux ou trois ans après avoir subi ce traitement.
Ayez un œil sur vos proches
Quand l’actrice Marilu Henner a rencontré Michael Brown, devenu depuis son mari, elle ne s’attendait pas à trouver des traces de sang dans les toilettes. Michael traînait ces symptômes depuis deux ans déjà, mais son médecin lui avait dit que ce devait être un calcul aux reins ou même le stress. Elle l’a pressé de consulter de nouveau et, cette fois-ci, on lui a diagnostiqué un cancer. Cette expérience a poussé le couple à écrire Changing Normal: How I Helped My Husband Beat Cancer. «Soixante-deux pour cent des gens admettent qu’ils ont peur de parler à leur partenaire de choses telles que le sang dans l’urine, note-t-elle. C’est quelque chose de tellement intime, d’accord, mais il y a moyen d’aborder le sujet avec humour et sensibilité, et pour l’autre de se montrer réceptif.»
Cherchez à obtenir une deuxième opinion
Michael avait déjà vu un médecin, mais pour Marilu, quelque chose clochait, et elle l’a encouragé à en consulter un autre. «Le premier docteur était désinvolte et condescendant, se souvient-elle. Alors j’ai fait ce que j’avais à faire. Il avait du sang dans l’urine depuis deux ans et ça ne sonnait pas à mes oreilles comme quelque chose de facile à régler.» Le second médecin a en effet diagnostiqué un cancer dangereux et prêt à se propager dans les organes environnants. Après avoir subi une immunothérapie, Michael est en rémission depuis treize ans et demi.