Symptômes de l’agoraphobie et principaux signes, selon les psychologues
Mis à jour: Fév. 21, 2023
Les symptômes de l’agoraphobie peuvent dépasser de beaucoup le stéréotype d’une personne casanière. Voici comment savoir si votre évitement cache autre chose, et pourquoi les spécialistes constatent une croissance de cette phobie.
Troubles anxieux
L’anxiété sert à nous préparer naturellement à des situations difficiles. C’est pourquoi elle ne pose aucun problème, si elle est occasionnelle, et représente même un signe de santé. Cependant un stress irrationnel, chronique ou accablant pourrait indiquer un trouble anxieux.
Selon une étude publiée dans Dialogues in Clinical Neuroscience, les troubles anxieux sont en tête des problèmes de santé mentale. L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) précise que la dépression majeure touche environ 5,4% de la population canadienne, et le trouble anxieux 4,6% de Canadiens. Et 33,7 % de la population générale vont faire face à un trouble de l’anxiété au cours de leur vie.
Joshua Estrin, thérapeute clinicien et spécialiste du traitement de l’anxiété, explique que ces troubles anxieux peuvent apparaître sous diverses formes. Certains connaissent une anxiété généralisée, ou une inquiétude persistante liée aux situations et problèmes quotidiens. D’autres peuvent développer des symptômes plus ciblés, comme de l’agoraphobie, qui se manifeste généralement à la fin de l’adolescence ou avant l’âge de 35 ans environ.
Nous en venons donc à nous poser la question suivante: est-ce que la pandémie a exacerbé l’agoraphobie? Nous avons posé la question à la psychologue Melanie Badali.
Qu’est-ce que l’agoraphobie?
La plupart des adultes agoraphobes s’inscrivent dans deux modèles courants, dit Petty Loo, psychologue agréée et directrice du Manhattan Therapy Collective. «Dans l’un des modèles, on détecte souvent une inquiétude extrême de n’être pas capable de se dépêtrer d’une situation dans laquelle on se trouve et d’y rester coincé.»
L’autre est une peur disproportionnée que quelque chose de négatif va survenir dans une situation en dehors de son contrôle, comme une attaque de panique ou une maladie, sans possibilité d’obtenir de l’aide ni de s’échapper. «L’agoraphobie peut parfois apparaître après une expérience négative dont on craint la répétition, et c’est quelquefois la seule perception de la menace qui crée une anxiété exacerbée.»
Une personne qui présente de l’agoraphobie évitera certains lieux et situations, et même choisira de ne jamais quitter la maison sans être accompagnée, explique Petty Loo. Ce comportement d’évitement peut être confondu avec de l’anxiété sociale qui déclenche une peur intense, ou de l’anxiété, face aux situations sociales, et en particulier la crainte d’être jugé, embarrassé ou critiqué.
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Quels sont les symptômes de l’agoraphobie?
Du point de vue diagnostique, une personne qui souffre d’agoraphobie présente une réaction de peur intense en présence (ou à la seule idée de se trouver) dans au moins deux des situations suivantes:
- dans les transports en commun;
- dans un espace ouvert;
- dans un espace clos;
- au milieu de files d’attente ou de foules;
- seule à l’extérieur de sa maison.
«La seule perspective de se trouver dans une situation donnée peut créer un sentiment de paralysie, d’être pris au piège ou d’être bloqué», dit Joshua Estrin.
Des symptômes physiques peuvent apparaître à la suite de cette montée soudaine de peur intense ou d’inconfort, explique la psychothérapeute Laurie Singe. « Ils culminent rapidement, et comportent généralement au moins quatre des symptômes suivants: palpitations cardiaques, transpiration, tremblements, essoufflement, sensation d’étouffement, douleurs thoraciques, nausées ou sentiment d’être étourdi ou faible.»
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Quelle est la probabilité de présenter de l’agoraphobie?
Selon les National Institutes of Health (NIH), 1,3% d’Américains adultes souffrent d’agoraphobie. Elle affecte par ailleurs de 0,5% à 1% de la population canadienne. Mais Joshua Estrin estime que ce taux est très sous-estimé.
L’Anxiety & Depression Association of America laisse entendre que plus de la moitié des personnes souffrant d’un trouble anxieux ne se font pas soigner. Et comme de nombreux troubles de santé mentale, l’agoraphobie s’intensifie avec le temps, et présente une grande variété de stades.
«Certains peuvent éprouver une agoraphobie moins envahissante, et ne ressentir de l’anxiété que dans des lieux très vastes et bondés, comme un concert ou une conférence», explique la psychologue clinicienne, Tynessa Franks. Ils peuvent présenter des symptômes d’agoraphobie dans ces conditions particulières, et être capables de vivre avec cette affection dans leur vie quotidienne, en poursuivant leurs activités dans leur zone de confort. Ils pourront ainsi éviter de confronter leur agoraphobie sous-jacente jusqu’à ce qu’elle perturbe leur vie quotidienne.
«Chez d’autres, l’impact peut être beaucoup plus fort, au point même de les confiner presque totalement à domicile. Ils ne le quitteront plus, dans l’angoisse de se retrouver dans une situation dans laquelle ils ne peuvent pas facilement s’échapper, ou obtenir de l’aide.»
Par ailleurs, si les peurs sont permanentes chez un certain nombre de personnes, pour les autres, ce sont des événements ou des demandes spécifiques qui les déclenchent. Jetez un oeil aux habitudes susceptibles de déclencher une crise de panique.
L’agoraphobie peut-elle s’installer subitement?
On peut avoir conscience de certains symptômes d’agoraphobie, précise Laurie Singer. Mais comme c’est le cas dans la plupart des formes d’anxiété, ce n’est pas toujours évident. «Ceux qui présentent une agoraphobie situationnelle peuvent choisir d’éviter les activités ou les événements qui provoquent leur anxiété, dans l’optique que ce que l’on ne voit pas ne peut pas nous affecter.» Par ailleurs, on peut ignorer la cause d’une attaque de panique, mais comprendre les situations dans lesquelles elle se déclenche. Bien qu’il soit tentant d’éviter tout simplement les déclencheurs, un traitement à la base de ce type d’anxiété est préférable, «car l’agoraphobie peut facilement devenir incontrôlable.»
Si quelqu’un se rend compte qu’il a des signes d’agoraphobie, «nous voudrons l’observer et attendre de voir si l’anxiété qu’il éprouve se poursuit, ou s’il s’agit d’un événement isolé», ajoute Tynessa Franks. Dans certains cas, l’anxiété peut avoir été présente depuis toujours, mais la personne n’en a pas remarqué les conséquences sur sa vie, ou n’a pas noté tous les incidents qui lui permettraient de constater que son agoraphobie remonte à longtemps.
Si vous commencez à vous rendre compte que vous évitez certains événements, lieux ou éléments que vous aimiez auparavant, Laurie Singer conseille d’en parler à un spécialiste dès les premiers signes. Un groupe de travail américain sur les services préventifs conseille à tous les adultes de moins de 65 ans de faire un test de dépistage de l’anxiété, car les troubles anxieux semblent bien répondre au traitement.
Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas triste et apathique au point de ne pas pouvoir sortir de votre lit que vous ne souffrez pas de dépression. Découvrez ce que vous devez savoir sur le trouble dépressif persistant.
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