Le saviez-vous?
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les personnes âgées de 15 à 34 ans en Amérique du Nord. Au Canada, environ 11 décès par suicide surviennent chaque jour et environ 4000 par année. Le taux de suicide est également environ 3 fois plus élevé parmi les hommes que les femmes.
En 2018, aux États-Unis, près de trois fois plus de personnes sont décédées des suites d’un suicide que d’un homicide. Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) rapportent que 1,3 million d’Américains ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours et que 10,7 millions y ont sérieusement pensé.
Hormis ces données, de nombreuses personnes aux prises avec des pensées suicidaires se sentent désespérément seules, souligne Ekaterina Musok, conseillère et spécialiste de la toxicomanie.
«Le suicide reste un sujet rarement abordé dans de nombreux cercles de notre société», rappelle-t-elle. «Il n’est donc pas rare que les gens se sentent seuls.» Que vous ou quelqu’un que vous connaissez soit aux prises avec ces sentiments, vous avez besoin d’aide et de soutien. Apprenez à détecter les signes que vous devez consulter un psychologue.
Voici ce que les thérapeutes veulent que vous sachiez sur le suicide.
Il peut être difficile de parler de pensées suicidaires
Les gens se sentent parfois mal à l’aise d’entamer des discussions sur des sentiments douloureux, dit Musok. «Ils peuvent avoir l’impression qu’ils devraient être en mesure d’affronter la situation ou que les autres vivent des situations bien pires que la leur. Ils peuvent craindre d’être un fardeau pour les autres ou simplement d’être considérés comme faibles et bons à rien.»
Donc, si un être cher souffre de dépression et/ou de pensées suicidaires, c’est peut-être à vous d’entamer la conversation de manière aimante et constructive.
Assurez-vous de savoir comment trouver le psychologue qui sera à votre écoute.
Choisissez les mots avec soin lorsque vous parlez de suicide
Lorsque vous parlez de quelqu’un qui a choisi de s’enlever la vie, évitez l’expression «s’est suicidé», recommande Jill Johnson-Young, auteure, oratrice et conseillère en deuil. «Cette formulation semble presque accusatoire et crée une impression de blâme», explique-t-elle.
Elle suggère plutôt d’utiliser la formule: «est décédé des suites d’un suicide», «est mort du suicide» ou encore, «a mis fin à ses jours».
Une seconde erreur fréquente consiste à demander aux membres de la famille les circonstances exactes du décès de la personne. «Ne posez jamais cette question», dit-elle.
Un simple objet peut parfois vous aider à traverser cette douloureuse étape qu’est le deuil.
En parler ne le rendra pas plus susceptible d’essayer
Beaucoup de gens craignent que discuter du suicide augmente la probabilité que leurs proches passent à l’acte. En réalité, c’est plutôt l’inverse qui se produit, confie la psychothérapeute Kara Lissy.
«Quand quelqu’un exprime des idées ou des pensées suicidaires, en parler peut avoir un effet dissuasif», explique-t-elle. «Se renseigner sur ces pensées démontre un soutien de votre part et vous pouvez souvent mieux diriger la personne souffrante pour qu’elle obtienne l’aide dont elle a besoin.»
Le suicide peut être un acte impulsif
Les entretiens avec de nombreux survivants de tentatives de suicide révèlent qu’ils ont souvent regretté leur décision. Dans une étude menée auprès de 515 personnes qui ont tenté de mettre fin à leurs jours en sautant du Golden Gate Bridge, 90% d’entre eux n’ont plus jamais tenté de se suicider. La plupart déclarent d’ailleurs être reconnaissants d’être encore en vie.
«Trop souvent, le suicide se produit sur un coup de tête», déclare Raffi Bilek, directeur d’un centre de thérapie. Après tout, le suicide est une solution permanente à des problèmes temporaires. Vous pourrez peut-être sauver quelqu’un en l’aidant à obtenir de l’aide professionnelle, dit Bilek.
Des lésions irréversibles au cerveau pourraient mener au suicide. Apprenez-en plus sur les études sur la santé en 2020.
Le suicide n’est pas causé par un événement en particulier
Il est totalement faux de penser qu’il est possible d’identifier l’événement qui a causé une tentative de suicide. «À de rares exceptions près, le suicide est dû à une maladie mentale», déclare le médecin Mark Rego, professeur clinique adjoint de psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université de Yale. «Il est souvent sous-entendu dans les médias qu’une perte d’emploi ou qu’une rupture amoureuse sont la clé de la tragédie. Or, ces choses arrivent quotidiennement à des millions de personnes qui n’envisagent même pas le suicide.»
La douleur mentale qui résulte d’événements difficiles peut être une part de réponse, mais ce n’est généralement pas la cause principale. Il faut savoir que les gens peuvent être plus susceptibles de passer à l’acte lorsque le traitement contre la dépression commence à fonctionner. Un épisode dépressif sévère est donc un facteur de risque sérieux.
«Le début du traitement améliorera la motivation, la concentration et les niveaux d’énergie de la personne. Cela rendra plus probable pour celle-ci de donner suite à une tentative de suicide du passé si ses pensées suicidaires reviennent ou persistent», dit Lissy.
L’abus de substances peut être un signe d’avertissement
Une dépression écrasante peut rendre la vie quotidienne incroyablement difficile. Il n’est donc pas rare que les gens se tournent vers des solutions nocives qui finissent par aggraver le problème, comme l’abus de drogues ou d’alcool.
Telle une roue sans fin, la prise de certaines substances peut augmenter le risque de pensées suicidaires. Une étude menée en 2014 auprès d’adolescents et de jeunes adultes, parue dans la revue Drug and Alcohol Dependence, a révélé que la consommation d’alcool et de cigarettes était liée à un risque ultérieur de pensées suicidaires, tandis que les pensées suicidaires étaient liées à un risque ultérieur de consommation de drogues ou de marijuana.
«Ces consommateurs voient les substances comme un moyen de soulager ou d’engourdir la douleur», explique Musok. Si vous avez un être cher aux prises avec des problèmes de toxicomanie, il est important de comprendre que cela les expose à un risque de suicide beaucoup plus élevé, ajoute-t-elle. Une partie importante de leur plan de traitement global devrait passer par le traitement des problèmes de consommation.
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Un comportement risqué peut être un signe que quelque chose ne va pas
Avez-vous un ami qui, depuis quelque temps, conduit à des vitesses trop élevées sur l’autoroute, a des relations sexuelles non protégées ou encore, joue à la loterie de manière exagérée? Cela peut être un signe qu’il envisage de se faire du mal. Ce comportement à risque est souvent le signe que cette personne espère que le destin lui enlèvera le fardeau de la décision finale.
Certaines personnes utiliseront également des comportements à risque pour essayer de «se sentir en vie» et pour contrer l’engourdissement de la dépression, estime Musok.
Tout le monde est à risque de suicide
Il est important de connaître les facteurs de risque liés au suicide, bien qu’il ne faille pas les utiliser comme liste de contrôle, explique le psychologue Shane G. Owens. «Tout changement de comportement notable peut être un signe d’avertissement.»
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Le suicide ne fait pas de discrimination
Selon les CDC, certains groupes de personnes courent un risque plus élevé, comme les vétérans, les militaires en service actif et les travailleurs de l’agriculture.
Or, les seuls moyens de savoir si quelqu’un est en danger sont de le demander, d’écouter attentivement les réponses de la personne et de maintenir la communication et la relation jusqu’à ce que la personne reçoive de l’aide et aille mieux, dit Owens.
Ne culpabilisez pas si vous ne saviez pas que quelqu’un courait un risque
«La plupart des personnes suicidaires n’ont pas l’air suicidaires», déclare Wayne Pernell, conseiller et psychologue clinicien. Les gens associent à tort la dépression à un stéréotype ou supposent que la personne aura l’air déprimée et parlera constamment de suicide.
«Bien sûr, certaines personnes seront comme telles, mais une grande partie ne le sera pas», dit-il. «Il n’y a pas d’enseigne lumineuse dans le front de la personne qui dit: «Je pense au suicide.» Sachez que même les professionnels ne le voient pas toujours.»
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De la douleur à la colère
Affronter des idées suicidaires est épuisant et douloureux pour toutes les personnes impliquées, de près ou de loin. Il est donc important de vous permettre de ressentir vos sentiments, dit Pernell.
«Vous pourriez vous sentir impuissant, triste, exclu, ou vous pourriez vous sentir bouleversé, égoïste», dit-il. Il est normal de ressentir de l’amour et de la colère en même temps», termine-t-il.
Tous ces sentiments sont valables et vous êtes autorisé à les ressentir, tout en offrant de la compréhension et de la compassion. Vous devez simplement vous rappeler de garder un œil sur vous-même lorsque vous traitez d’une situation comme celle-ci, car les personnes-ressources sont aussi à risque de dépression.
Gardez à l’esprit qu’une personne suicidaire a souvent une pensée déformée qui peut la rendre émotionnellement détachée et modifier sa perception de la réalité. Elle n’est pas pour autant égoïste.
Des pensées suicidaires ne signifient pas un passage à l’acte
Diverses maladies mentales peuvent jouer un rôle dans le fait qu’un être cher parle de suicide ou pense à s’enlever la vie. «Par exemple, une personne atteinte de [trouble obsessionnel compulsif] peut avoir des pensées obsessionnelles récurrentes lui disant de mettre fin à sa vie avec ou sans le désir d’agir sur ces pensées», note Lissy.
«Il se peut aussi qu’une personne atteinte d’un trouble psychotique ait des hallucinations auditives lui disant de mettre fin à ses jours.»
Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), la schizophrénie et le trouble bipolaire peuvent également avoir une part de responsabilité dans les idées noires. Par contre, «ils nécessitent un diagnostic professionnel et nécessitent des approches de traitement différentes de celles d’une personne déprimée et suicidaire.»
La santé mentale est importante. Assurez-vous de savoir comment soutenir un proche atteint de dépression.
Gardez leur mémoire vivante
Un suicide peut malheureusement être stigmatisé à un point tel que les amis et la famille du défunt sont réticents de parler de ce dernier, dit Johnson-Young. Or, honorer ces personnes peut apaiser leur entourage en deuil.
«Parlez d’eux, utilisez leur nom, faites quelque chose pour honorer leur mémoire, parler du suicide en leur nom», suggère-t-elle. «Redonnez de l’espoir à quiconque a perdu un être cher autour de vous en participant à une marche de prévention pour le suicide ou faites un don à un organisme de soutien en santé mentale.»
La Journée Bell Cause pour la cause
Chaque année lors de la Journée Bell Cause pour la cause, Bell aide des initiatives canadiennes en santé mentale pour chaque message texte ou appel applicable, chaque tweet ou vidéo TikTok utilisant le mot-clic #BellCause, chaque visionnement de la vidéo sur les médias sociaux et utilisation du cadre Facebook ou du filtre Snapchat.
Faites attention à ces phrases et mots qui peuvent signaler une dépression.