Peut-on vaincre le blues de l’hiver?
Deanne Simms, psychologue clinicienne, nous parle du blues de l’hiver, que l’on appelle également le trouble affectif saisonnier (TAS).
Qu’est-ce qu’un trouble affectif saisonnier?
Le TAS est une forme de dépression qui accompagne les changements de saison, le plus souvent en automne lorsque les journées raccourcissent et que l’ensoleillement diminue. Près de 15% des Canadiens sont modérément affectés par le TAS au cours de leur vie, et 2 ou 3% en font une forme sévère. Ils se sentent fatigués, apathiques, sans énergie la majeure partie de la journée et se désintéressent des activités qu’ils apprécient normalement. L’appétit qui augmente, particulièrement en matière d’hydrates de carbone, et un grand besoin de dormir sont d’autres indices de cette crise dépressive.
Ne sommes-nous pas tous portés à la nonchalance et aux longues nuits en ce temps de l’année?
C’est vrai, mais il faut bien distinguer la typique «déprime hivernale» et le TAS. C’est quand les symptômes mentionnés perturbent le quotidien de l’individu qu’il faut s’inquiéter. Un patient souffrant de TAS dira par exemple qu’il se sent irritable et plus fragile dans ses relations interpersonnelles, ce qui le pousse à s’isoler. Un autre indice est la sévérité de l’affection. Le TAS est une forme de dépression qui ouvre la porte aux pensées suicidaires. Ceux qui en souffrent craignent souvent de ne pouvoir se débarrasser de leurs symptômes. Là où, même léthargiques, nous réussissons à contacter nos amis ou à faire une activité qui nous procure de la joie, une personne dépressive n’en a généralement pas la capacité.
Qu’est-ce qui se passe au niveau cérébral quand on souffre du TAS?
Plusieurs questions demeurent à ce sujet, mais chez les personnes atteintes nous observons une perturbation du rythme circadien – le mécanisme qui régule notre cycle de veille et de sommeil. Parfois le TAS s’accompagne d’anomalies dans la manière qu’a le cerveau de produire ou de libérer des molécules telles que la dopamine (associée au bonheur) et la sérotonine (qui régule l’humeur) – ce qui peut aussi résulter d’un manque d’exposition au soleil.
Les hivers canadiens sont sombres. Avons-nous aussi plus de cas de TAS?
Oui. Les taux varient en effet selon la latitude, de sorte que les populations les plus éloignées de l’équateur présentent davantage de cas.
Un voyage dans le Sud en hiver est-il par conséquent un remède?
Je vois ce que vous voulez dire – oui, si je pouvais prescrire un voyage au soleil, je serais bien heureuse… En théorie, se rendre dans un lieu plus ensoleillé et changer de décor auraient sans doute un effet bénéfique, au moins pour un temps. Cela dit, il ne faut pas oublier que la dépression supprime la joie dans des situations et des activités que l’on aime d’habitude.
Et quels sont les traitements que vous jugez efficaces?
La thérapie lumineuse, où l’on s’assoit 30 minutes par jour devant une lampe spéciale, peut avoir un effet positif sur les neurotransmetteurs liés à l’humeur et au sommeil – et donc atténuer les symptômes. La thérapie comportementale est également intéressante. Elle consiste à aider les sujets à adopter un meilleur horaire de sommeil, et à identifier et à écarter les pensées inutiles liées au TAS. L’objectif est de combattre l’envie d’hiberner et de les inciter plutôt à structurer leur vie afin d’être physiquement et socialement actifs.
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