On lui retire un oeil à cause d’un cancer des poumons

Qui l’aurait cru? Dave était loin de s’imaginer qu’il allait perdre son oeil et encore moins que sa douleur était dû à un cancer des poumons.

1 / 6

Un cancer des poumons caché sous une douleur à l'oeil.
Yurich20/Shutterstock

Une douleur dans l’oeil

Le patient: Dave Nitsche, 49 ans, chômeur
Les symptômes: perte de vision de l’œil gauche, terribles maux de tête
Le médecin: Dr Gwyn Bebb, oncologue au centre de cancérologie Tom Baker, à Calgary

Enfant, Dave Nitsche ne tenait pas en place. Il aimait courir, rouler, nager. Il a fait son premier triathlon sprint à 16 ans. En 2018, à 49 ans, il avait plus de 40 triathlons à son actif.

Cette année-là, l’homme de Calgary perd son emploi chez un concessionnaire de chariots élévateurs. Être chômeur ne l’enchante pas, mais cela lui donne plus de temps pour s’entraîner. Peu après s’y être mis, en mars 2019, il remarque qu’il ne voit plus bien de l’œil gauche. Quand il court près de chez lui, les poteaux lui paraissent ondulés et sa vision périphérique semble rétrécie. Les problèmes s’aggravent la semaine suivante. Il voit alors une optométriste, qui soupçonne un décollement de la rétine – un détachement de la mince membrane à l’arrière de l’œil, privant ce dernier d’oxygène. Si ce n’est pas corrigé rapidement, conclut-elle, il perdra son œil. Dave se rue à l’hôpital général de Rockyview, où on fait une échographie de l’œil atteint. Incertains de la cause du trouble, les médecins réclament l’avis d’un collègue. Puis d’un autre. En tout, Dave voit huit spécialistes en deux semaines et subit environ une demi-douzaine d’échographies. «Je ne savais pas pourquoi on faisait tant d’examens. J’étais de plus en plus irrité de devoir revenir presque chaque jour», raconte-t-il.

Mieux vaut éloigner les risques de cancer en évitant de manger ces aliments!

2 / 6

On lui retire l'oeil gauche à cause d'un cancer des poumons.
SneSivan/Shutterstock

Perte de vision

Pendant ce temps, son œil s’est injecté de sang et lui semble sous forte pression, ce qui lui cause de terribles maux de tête. Avril venu, il ne voit plus du tout de l’œil gauche. «Je me demandais si j’allais récupérer la vue. L’espoir s’amenuisait d’heure en heure.»

Enfin, un médecin de l’hôpital téléphone pour lui dire que les examens ont révélé une poche anormale de fluide derrière l’œil malade. À l’aide d’un petit tube de plastique, on draine le liquide et on le fait analyser dans l’espoir d’y trouver une explication à l’étrange maladie.

Le lendemain, avant même que les résultats n’arrivent, la poche s’est reformée, la pression aussi. Les médecins déclarent alors à Dave que les dommages sont irréparables et qu’il n’y verra plus de cet œil-là. Puis, ils le mettent devant le choix suivant: remplacer l’œil par une prothèse de verre ou le garder et endurer les maux de tête qu’il cause. La nouvelle est terrible, mais il n’hésite pas. «On l’enlève, leur dit-il, et espérons que ça sera la fin de l’affaire.»

Vous serez surpris d’apprendre que ces choses étonnantes augmentent votre risque de cancer.

3 / 6

Les médecins lui font passer une scintigraphie osseuse dans le but de détecter son cancer des poumons.
Yok_onepiece/SHUTTERSTOCK

Le mystère s’épaissit

Environ un mois après l’ablation, toutefois, le mystère s’épaissit. Un des médecins contacte Dave pour lui demander de subir une scintigraphie osseuse et, dans un second temps, de voir un pneumologue. L’homme est perplexe – personne n’a évoqué un quelconque problème osseux ou pulmonaire –, mais il s’exécute. La nouvelle spécialiste lui explique que la scintigraphie a révélé une accumulation de fluide entre les poumons et la cage thoracique – ce qui a surpris tout le monde puisque Dave n’avait pas de douleurs à la poitrine.

Ce jour-là, elle lui insère une grosse seringue dans le bas du dos, retire environ un demi-litre de fluide et l’envoie au laboratoire. Elle promet des résultats une semaine plus tard, mais elle les lui transmet dès le lendemain. «Venez me voir sans tarder», lui dit-elle.

Dave apprend alors une terrible nouvelle: il a un cancer du poumon. Pourtant, il n’a jamais fumé. (Environ 15% des victimes du cancer du poumon sont des non-fumeurs et quelque 50%, d’anciens fumeurs.) «Comme j’étais très actif et que je n’avais jamais eu d’ennui de santé grave, le diagnostic a été un coup de massue, se souvient-il. Je me demandais comment j’avais pu attraper ça.» De plus, le cancer des poumons est l’un des cancers les plus difficiles à détecter.

4 / 6

Environ 15% des victimes du cancer du poumon sont des non-fumeurs.
Chinnapong/Shutterstock

Un cas très inusité

Le lendemain, Dave voit le Dr Gwyn Bebb, à l’époque oncologue au centre de cancérologie Tom Baker de la clinique Foothills de Calgary. Il se rend à ce rendez-vous avec sa mère, venue par avion de Colombie-Britannique, et sa compagne, Sarah. «C’était une bonne chose que je sois accompagné parce que j’étais incapable de penser.»

L’oncologue explique la situation. L’analyse du fluide prélevé derrière l’œil a révélé la présence de cellules cancéreuses d’un type qui ne correspond pas à ceux de tumeurs intra-oculaires comme le mélanome de l’œil ou encore le rétinoblastome qui touche normalement les enfants. Elles révèlent un adénocarcinome, cancer qui peut naître dans n’importe quelle partie du corps.

Quand le cancer du poumon se répand, explique le Dr Bebb, il attaque en général le foie, les os ou le cerveau. Le cas de Dave est très inusité, le cancer ayant migré dans l’œil. «Nous ne savons pas comment les cellules cancéreuses choisissent où nicher, avoue le médecin. Elles peuvent aller n’importe où.»

Lisez le témoignage de cette patiente atteinte d’un cancer lié à l’exposition à l’amiante.

5 / 6

Bloquer ce récepteur peut stopper la croissance du cancer des poumons.
Vanatchanan/SHUTTERSTOCK

Rémission

Par bonheur, il y a aussi du bon dans les résultats de l’analyse: une mutation du gène de l’EGFR, récepteur qui contribue à la croissance cellulaire. Ces mutations, courantes chez les victimes du cancer du poumon, ouvrent la voie à une thérapie: bloquer ce récepteur peut stopper la croissance du cancer. En prenant un médicament appelé inhibiteur de l’EGFR, Dave arrivera peut-être à arrêter la progression de son cancer et même à l’inverser. «Jusqu’à tout récemment, nous disposions seulement de la chimiothérapie», dit le Dr Bebb. Traité par chimiothérapie, poursuit-il, Dave n’aurait eu qu’un ou deux ans à vivre. Les inhibiteurs de l’EGFR peuvent prolonger la vie de plusieurs années. «La donne a changé.»

6 / 6

Environ 80% des victimes d’un cancer du poumon au stade 4 comme celui de Dave meurent dans les cinq années suivant le diag­nostic.
Roman Zaiets/Shutterstock

Retour à la vie

Dave commence à prendre des comprimés une fois par jour. Au début, les effets secondaires sont pénibles: nausées, diarrhée, acné, chancres. «Ce n’était pas drôle, mais l’autre possibilité aurait été bien pire.»

Les inhibiteurs ont l’effet espéré: après quelques mois, la tumeur recule. «La maladie semble maintenant maîtrisée», dit le Dr Bebb. Environ 80% des victimes d’un cancer du poumon au stade 4 comme celui de Dave meurent dans les cinq années suivant le diag­nostic, mais il est en rémission et a donc une chance de dépasser cette échéance. Il a recommencé à courir et à faire du vélo, quoique moins souvent qu’avant. Il milite dans des associations contre le cancer, réclamant plus de fonds pour la recherche, encourageant des patients à rester actifs et combattant les idées préconçues sur sa maladie. «Dès que vous dites cancer du poumon, on vous demande: combien de temps as-tu fumé? Mais il suffit d’avoir des poumons pour être exposé au cancer du poumon.»

Inscrivez-vous à notre infolettre pour recevoir de l’information fiable sur la santé!

Contenu original Selection du Reader’s Digest

Newsletter Unit