La vérité sur le cholestérol

Les résultats des dernières recherches vous aideront à normaliser votre cholestérolémie.

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La vérité sur le cholestérol.
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Changer ses habitudes

Pendant le plus clair de ma vie adulte, je me suis abstenue de manger des œufs. J’avais appris que leur jaune étant riche en cholestérol, cela ferait monter le mien, et ce serait mauvais pour mon cœur. Il y a trois ans, pour perdre un peu de poids, j’ai réduit la part de glucides simples dans mon alimentation et accru celle des protéines – dont les œufs. N’étant pas sûre des conséquences sur mon taux de cholestérol sanguin, j’ai demandé une analyse lors de la visite médicale suivante. Le médecin m’a fait cette réponse surprenante: «Nous nous sommes trompés à ce sujet. Les recherches les plus sérieuses concluent qu’il n’y a pas lieu d’éviter les œufs.»

Pour me rassurer, on a quand même procédé à une analyse de sang. Résultat? Les mêmes bons niveaux qu’avant! Mais, me suis-je demandé après coup, combien sommes-nous à ainsi nous interdire de manger des œufs ou d’autres aliments en raison de consignes désuètes? Et maintenant que je suis quinquagénaire, que puis-je faire d’autre pour maintenir un taux normal de cholestérol? Ma recherche m’a réservé quelques surprises.

Suivre ces astuces vous aidera à faire baisser votre taux de cholestérol.

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Les notions de base sur le cholestérol.
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Notions de base

L’hypercholestérolémie est l’un des principaux facteurs de risque cardiaque avec l’hypertension, le tabagisme et le surpoids. D’après une enquête menée par l’Imperial College London, la plus grande jamais réalisée dans le monde, dont les résultats ont été publiés en 2020, l’hypercholestérolémie tue environ 3,9 millions de personnes chaque année. En normalisant le taux de cholestérol sanguin, on réduit le risque.

Le cholestérol est une substance cireuse produite par le foie, qui circule dans le sang et est présente dans chaque cellule du corps. Il participe à la synthèse des hormones et de la vitamine D, maintient la structure cellulaire, digère les graisses et fait bien d’autres choses encore. Sa circulation dans le sang est assurée pour l’essentiel par deux types de lipoprotéines. Les lipoprotéines de basse densité (LDL) apportent les particules de cholestérol aux diverses régions du corps. On appelle ce cholestérol LDL «mauvais cholestérol» (c’est le pire, mais il y en a d’autres) parce que, s’il y en a trop dans le sang, il peut se fixer aux parois artérielles, entraver la circulation sanguine ou mener à la formation de caillots, avec, pour conséquences possibles, une crise cardiaque ou un AVC.

Le cholestérol des lipoprotéines de haute densité (HDL) est considéré comme le «bon cholestérol» parce que cette lipoprotéine ramène les particules de cholestérol LDL au foie en vue de leur excrétion.

Le cholestérol joue un rôle si important dans la longévité qu’on doit connaître les plus récentes découvertes à son sujet. Les causes et le traitement de l’hypercholestérolémie font l’objet de divers mythes. Il est urgent de faire éclater la vérité.  Mieux vaut arrêter de croire à ces mythes sur le cholestérol et la santé.

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Mythe: «Les aliments riches en cholestérol sont mauvais pour la santé.»
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Le mythe: «Les aliments riches en cholestérol sont mauvais pour la santé.»

La vérité: certains oui, d’autres non.

Quand l’analyse du sang révèle un taux élevé de cholestérol LDL et autres «mauvaises» variétés de la substance (ce qu’on appelle le cholestérol non-HDL), c’est le régime alimentaire qui est très souvent en cause, mais ce n’est pas parce qu’un aliment contient beaucoup de cholestérol que sa consommation fait monter la cholestérolémie. Des recherches menées dans les années 1960 avaient établi ce lien, mais plusieurs études ultérieures l’ont démenti. La faute revient plutôt aux graisses saturées. (Il y a encore quelques années, les gras trans des fritures et produits de boulangerie industriels étaient pointés du doigt, mais on n’en trouve presque plus aujourd’hui.)

Le cholestérol provient des produits animaux – viandes, fruits de mer, jaune d’œuf, laitages – et ceux qui contiennent beaucoup de graisses saturées font monter le taux de cholestérol sanguin.

«Le cholestérol et les graisses saturées conjuguent leurs effets quand on les ingère simultanément, et le résultat est encore pire», explique Martijn Katan, professeur émérite de nutrition à l’université libre d’Amsterdam. Les principaux coupables sont les produits laitiers très gras, les viandes rouges grasses et les charcuteries. Les fruits de mer comme les crevettes et le calmar, en revanche, sont riches en cholestérol, mais pauvres en graisses saturées. Par exemple, un œuf de 50 grammes affiche 2 grammes de graisses saturéesalors que le même poids de crevettes n’en a presque pas; et la même quantité de bœuf en contient 4.

Sur le nombre d’œufs qu’on peut manger sans risque, les opinions varient. Selon Martijn Katan, «aux Pays-Bas, on recommande de s’en tenir à deux ou trois œufs par semaine». Aux États-Unis, l’American Heart Association estime que les adultes en bonne santé peuvent en manger un par jour sans problème et ajoute que c’est plutôt ce qui l’accompagne – bacon et saucisse riches en cholestérol – qui augmente le cholestérol alimentaire. Les œufs sont en fait une source assez maigre et peu coûteuse de protéines.

La meilleure façon d’améliorer son régime, en somme, c’est de réduire le cholestérol LDL. Comment? En remplaçant les graisses saturées par des lipides insaturés; par exemple, dit Martijn Katan, «en passant du beurre à la margarine molle et en cuisinant avec des huiles végétales de tournesol, de maïs, de colza ou d’olive». Elles contiennent des acides linoléiques qui peuvent même abaisser le taux de cholestérol LDL. «Et mangez du fromage maigre comme récompense.»

Il ajoute qu’un régime efficace contre l’hypercholestérolémie doit inclure des légumineuses comme les haricots, des grains entiers comme l’avoine et des légumes. Voici quels sont les meilleurs aliments pour diminuer le mauvais cholestérol.

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Mythe: «Si j’ai trop de cholestérol, je vais le sentir.»
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Le mythe: «Si j’ai trop de cholestérol, je vais le sentir.»

La vérité: non. Il faut un test pour le savoir.

Il y a cinq ans, Fredrik Sundell était un homme actif de poids normal. Mais un bilan de santé fait au travail a révélé que son taux de cholestérol était limite. «J’ai été surpris parce que je me sentais très bien, se rappelle ce directeur financier d’une maison d’édition à Helsinki, aujourd’hui âgé de 49 ans. Je pensais que j’aurais détecté moi-même un problème de santé cardiaque à certains signes, un pouls plus rapide ou une respiration haletante.»

Le médecin a recommandé à Fredrik d’apporter quelques améliorations à son mode de vie pour maîtriser sa cholestérolémie, autrement, il devrait prendre des médicaments. Fredrik a donc fait un effort pour bouger davantage en marchant au lieu de conduire et en faisant plus de ski de fond l’hiver. Il s’est également efforcé de mieux manger, mais admet qu’il n’a pas toujours été irréprochable.

L’hypercholestérolémie est indécelable, sauf par un bilan lipidique. L’âge auquel on commence à incorporer ce test à l’examen de santé usuel – en l’absence d’autres facteurs de risque – varie d’un pays à l’autre. Au Québec, on recommande ce bilan pour les hommes de 40 ans et plus et pour les femmes de 50 ans et plus ou ménopausées. Mais ce sont surtout les médecins qui décident si un patient en a besoin, quel que soit son âge, en fonction de l’ensemble des facteurs de risque cardiaque.

Certains spécialistes estiment qu’on devrait commencer à vérifier le taux de cholestérol des sujets dès la trentaine ou même la vingtaine. «Ça pourrait leur sauver la vie», affirme le Dr Fabian Brunner, cardiologue à la clinique universitaire de Hamburg-Eppendorf, en Allemagne.

Le Dr Brunner a publié en 2019 une grande étude internationale qui analyse des décennies de données sur les maladies cardiovasculaires. Les chercheurs ont calculé le risque à long terme d’un accident cardiovasculaire jusqu’à l’âge de 75 ans et l’avantage potentiel d’un abaissement du cholestérol non-HDL plus tôt dans la vie. Leurs résultats montrent que cette précaution aide à protéger des maladies cardiovasculaires à un âge avancé. (Pour calculer vos propres risques et avantages, voir nonhdlrisk.com – en anglais.)

Quant à Fredrik, de Helsinki, il est tout simplement content d’avoir subi le test. Lors de son dernier bilan, son médecin a constaté avec plaisir que son taux de cholestérol n’avait pas augmenté, mais l’a invité à faire plus d’efforts pour l’abaisser en se concentrant sur son alimentation.

L’exercice ne fait pas baisser le cholestérol LDL – c’est l’alimentation qui joue le plus grand rôle – mais «il peut accroître le HDL, précise le professeur Ian Graham, chef de la médecine cardiovasculaire au Trinity College de Dublin. Et il témoigne d’une vie équilibrée.»

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Mythe sur le cholestérol: «Les statines ont des effets secondaires.»
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Le mythe: «Les statines ont des effets secondaires.»

La vérité: les statines ont rarement des effets secondaires.

Il y a quatre ans, le bilan de santé de Ricardo Saénz, un ingénieur madrilène de 50 ans, établissait que la cholestérolémie était bonne. Mais comme l’homme souffrait d’hypertension – un risque grave d’accident cardiovasculaire ou cérébrovasculaire –, son médecin a jugé urgent de faire baisser son taux de cholestérol. Il a recommandé à Ricardo de commencer à prendre des statines sur-le-champ. Prescrites dans le monde entier depuis les années 1980, les statines réduisent la production de cholestérol LDL en bloquant une enzyme hépatique qui participe à sa synthèse.

«Et elles stabilisent la plaque artérielle, l’empêchant de se fragmenter et de provoquer ainsi une crise cardiaque ou un AVC, explique Christopher Allen, chef des soins de santé chez HEART UK. Ce sont des médicaments d’une efficacité incroyable. Les statines réduisent de 30% le risque d’accident cardiaque.» Votre médecin peut déterminer si vos facteurs de risque justifient la prise de statines.

Quand Ricardo est rentré chez lui avec son ordonnance, sa femme l’a prévenu qu’elle avait entendu dire que les statines avaient des effets secondaires. «Cela m’a fait hésiter, mais j’ai suivi l’avis de mon médecin, dit-il. J’en prends depuis quatre ans sans aucun effet secondaire.» Mieux: son taux de cholestérol est beaucoup plus bas et sa tension artérielle est stable grâce à un hypotenseur.

Les statines «sont victimes de l’âge de la désinformation», déplore un article publié en 2019 par la Société européenne de cardiologie (ESC). On prétend qu’elles causent des douleurs musculaires, le diabète de type 2, le cancer, même la démence. En réalité, les douleurs musculaires, l’effet le plus couramment signalé par les utilisateurs, selon l’ESC, surviennent dans moins de 1% des cas et sont souvent soulagées par un simple changement de marque. Quant aux rumeurs voulant que les statines soient cancérigènes, c’est de «l’alarmisme signé Google», juge Ian Graham. Une étude réalisée en 2020 par l’école de médecine de l’université Johns Hopkins conclut plutôt que les statines affament les cellules cancéreuses.

Autre exemple: le supposé lien entre démence et statines. «Il n’y a aucune preuve tangible de dégradation cognitive, tranche le Pr Graham. En fait, le risque de démence vasculaire est probablement plus faible.» C’est la forme de démence la plus répandue après la maladie d’Alzheimer. Alors, y a-t-il un lien entre les statines et la maladie d’Alzheimer? Une enquête menée en 2016 auprès de 400000 Américains qui prenaient régulièrement des statines depuis au moins deux ans a constaté qu’en l’espace de quatre ans le risque de développer cette maladie était inférieur de 12% chez les hommes et de 15% chez les femmes.

Les statines ont réglé le problème de Ricardo, mais elles ne suffisent pas toujours. «Votre médecin y ajoutera peut-être de l’ézétimibe», dit Christopher Allen. Conjugués, ces deux médicaments sont très puissants. Pour les rares personnes qui ne supportent pas les statines, il existe désormais des médicaments injectables, les inhibiteurs de la PSK9, qui bloquent la synthèse d’une protéine hépatique, ce qui permet au foie de mieux extraire le cholestérol du sang.

Si vous préférez éviter un traitement, apprenez comment diminuer votre taux de cholestérol sans avoir besoin de médicaments.

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Mythe sur le cholestérol: «On prévient l’hypercholestérolémie en faisant de l’exercice et en mangeant bien.»
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Le mythe: «On prévient l’hypercholestérolémie en faisant de l’exercice et en mangeant bien.»

La vérité: si elle est héréditaire, c’est impossible.

Renee Welling, une Torontoise aujourd’hui âgée de 60 ans, n’avait jamais eu de crainte pour son cœur; elle s’entraînait «comme une athlète olympique», faisait des séances régulières d’exercice aérobique et de musculation dans un gymnase, avait un régime sain qui préservait sa sveltesse d’ancien mannequin. Jusqu’à ce que, à 54 ans, elle subisse son premier bilan lipidique et apprenne que son taux de cholestérol était dangereusement élevé. Elle était une bombe à retardement.

L’hypercholestérolémie familiale est une maladie héréditaire qui empêche le corps de purger le sang du «mauvais» cholestérol LDL. Elle est asymptomatique et touche une personne sur 250, estime Ian Graham. «C’est génétique. On en hérite d’un parent ou, pis, des deux, et si elle n’est pas traitée, elle provoque souvent une crise cardiaque à un âge relativement jeune.»

Mais impossible de le savoir sans un bilan. «Disons que si un de vos parents fait une crise cardiaque, dit Christopher Allen, vous ne vous direz pas automatiquement que c’est à cause d’un haut taux de cholestérol et que vous pourriez avoir le même problème.» En réalité, «l’hypercholestérolémie familiale apparaît à la naissance».

Dans presque tous les cas, le sujet ne peut normaliser sa cholestérolémie sans médication. Le médecin de Renee Welling lui a prescrit des statines, qui ont bien marché. Son taux de cholestérol est à présent revenu à la normale.

Maîtriser votre taux de cholestérol réduit votre risque de faire un accident cardiaque ou cérébrovasculaire et peut vous aider à vivre plus longtemps et en meilleure santé. Et c’est possible à tout âge. «La recherche confirme qu’il n’est jamais trop tard pour soigner l’hypercholestérolémie, déclare Ian Graham, en tout cas jusqu’aux environs de 85 ans.»

Conclusion: parlez à votre médecin de l’intérêt d’un bilan lipidique; limitez le risque en modifiant votre régime (surtout en sabrant graisses saturées et laitages gras) si vous n’avez aucun autre facteur de risque cardiaque; et si vous avez besoin de statines, sachez que ça fonctionne et que la plupart des patients les supportent bien.

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Les graisses saturées qui font grimper le taux de cholestérol se trouvent pour l’essentiel dans les produits laitiers et la viande.
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Mauvaises graisses: les aliments à éviter

Les graisses saturées qui font grimper le taux de cholestérol se trouvent pour l’essentiel dans les produits laitiers et la viande (parties grasses, de viande rouge surtout, et produits transformés comme les pâtés à la viande et les saucisses). Il y en a aussi dans le beurre, le lard, le ghee, les huiles de noix de coco et de palme ainsi que dans le lait entier, la crème et le fromage.

Les gras trans ne posent plus vraiment de problème au Canada où ils sont interdits depuis 2018. Il y en a toutefois encore dans les aliments incorporant des graisses végétales dures comme les biscuits, les tartes et les gâteaux. Idem pour les aliments frits comme le poulet pané et les rouleaux de printemps, car les huiles végétales chauffées à très haute température peuvent contenir beaucoup de gras trans. Laissez tomber ces habitudes alimentaires dangereuses si vous voulez faire baisser votre taux de cholestérol.

Contenu original Selection du Reader’s Digest

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