Comment la Covid-19 peut aggraver l’agoraphobie
Depuis que la pandémie du coronavirus (Covid-19) a frappé le Canada, début 2020, beaucoup de choses ont changé. Globalement, les gens restent plus longtemps à la maison, soit en quarantaine pour éviter la transmission du virus, soit parce qu’ils ont perdu leur gagne-pain et sont sans emploi. Il est difficile de contempler une foule qui ne porte pas de masques sans se questionner sur sa propre sécurité.
Si les conséquences de cet isolement peuvent être imprévisibles sur la santé mentale, elles sont cependant indéniables sur ceux qui souffrent d’anxiété, d’agoraphobie (la peur des foules) ou qui craignent l’interaction avec les autres. «L’isolement causé par la Covid-19 renforce certainement le niveau de stress chez les gens qui souffrent d’agoraphobie, d’anxiété de séparation ou d’anxiété sociale», précise Jenny Yip, psychologue clinicienne agréée et professeure adjointe en psychiatrie de la Keck School of Medecine de l’Université de Californie du Sud à Los Angeles.
L’agoraphobie est un trouble anxieux dans lequel on craint et évite tout lieu ou situation dont on ne peut s’échapper. Cela implique habituellement les foules, comme celles des centres commerciaux et des transports en commun, selon Santé Canada.
Certaines personnes peuvent ressentir une angoisse croissante en quittant la maison. D’autres subissent de l’anxiété en restant chez eux par absence de distractions, ce qui peut engendrer de la rumination mentale menant à des idées noires, ajoute Jenny Yip. Dans tous les cas, il s’agit de moments particulièrement éprouvants.
Semblant sortir d’un autre temps, ces images montrant des foules monstres sont tout simplement incroyables!
Les conséquences du confinement
Plus cette pandémie durera et plus elle aura un impact sur les gens qui stressent à l’idée de quitter leur domicile, explique la Dre Carole Lieberman, psychiatre à Beverly Hills (Californie).
«Depuis des mois, on entend qu’il est risqué de se rendre dans un lieu public comme l’épicerie ou l’église.» Ce qui ne fait qu’augmenter le sentiment de danger.
La majorité des gens s’est ajustée et a adopté une vie plus confinée. On pense au télétravail, qui nous conditionne à nous sentir bien à domicile. «En regardant dehors, on constate l’ampleur de l’effort requis pour sortir et s’activer à l’extérieur», ajoute-t-elle.
N’hésitez pas à suivre ces conseils d’experts en santé mentale pour faire face à l’anxiété et à la dépression en confinement.
La sociabilité en souffrance
L’habitude de sortir et de socialiser devrait être maintenue, selon la Dre Lieberman. Il faut exercer cette faculté-là. Avec la distanciation sociale, l’hésitation à avoir des interactions avec un masque et la fatigue accumulée, «il se pourrait que nos capacités sociales se soient érodées».
Des choses simples peuvent vous permettre de combler votre besoin de socialiser, sans avoir à parler.
Le traitement de l’agoraphobie en temps de pandémie
Le traitement de tout trouble de l’anxiété consiste à faire ce qui s’appelle une thérapie d’exposition, explique Jenny Yip.
Cette forme de thérapie cognitivo-comportementale repose sur l’exposition répétée aux situations appréhendées. Leur évitement ne fait qu’augmenter la peur. Ainsi, se confronter aux situations perturbantes permet au cerveau de constater l’aspect disproportionné ou irrationnel des craintes. La confrontation et la domination de ses peurs procurent aussi un regain de confiance.
Mais est-ce possible en temps de pandémie? Ne devrait-on pas plutôt éviter les sorties et les contacts? D’accord, mais il faut vivre.
Le taux d’anxiété en forte augmentation est l’une des preuves que la pandémie est dure pour la santé mentale.
Les petits pas libérateurs
Établissez-vous un plan de sortie avec des étapes. Vous n’avez pas à participer à un tournoi de quilles ni à vous rendre dans un supermarché géant si vous n’êtes pas prêt, surtout si vous résidez dans une zone où le nombre de cas s’accélère.
Jenny Jip conseille plutôt de sortir régulièrement plusieurs fois par semaine. Et de privilégier les activités comme la promenade, qui combinent la nature, le soleil et l’activité physique, tout en déclenchant la production d’hormones du bonheur comme les endorphines et la dopamine. Vous ne ferez qu’accroître votre envie de sortir, souligne-t-elle.
Il est vrai qu’on peut souffrir d’épuisement interactif: trop de chat et d’appels vidéo. Mais pour conserver votre réseau social, contactez un de vos amis ou de vos proches tous les jours. «Même si cela peut vous paraître excessif, pensez au plaisir que vous leur procurerez», dit la Dre Lieberman.
Il est certain que nous ne tiendrons plus jamais ces choses du quotidien pour acquises.
L’aide qu’il faut demander
La pandémie a vraiment uniformisé les règles du jeu. En ce moment, toutes vos angoisses et vos craintes peuvent sembler normales et fondées. Et ceci peut vous faire croire que ce n’est pas le temps de demander de l’aide, alors que tout le monde craint de sortir de chez soi. Mais essayez d’évaluer la portée de vos angoisses et de vos craintes sur votre quotidien.
Jenny Yip les définit ainsi:
- En sortant de la maison, vous voulez immédiatement y retourner pour vous remettre à l’abri.
- Votre anxiété vous envahit et vous empêche de communiquer avec les membres de votre famille.
- Vous surveillez sans arrêt les informations et les médias sociaux pour connaître les mauvaises nouvelles.
Si vous vous reconnaissez, il est temps de demander de l’aide. Il est d’ailleurs possible d’être suivi par télésanté par un thérapeute, et de commencer à votre rythme. Allez consulter les registres de thérapeutes professionnels de votre région.
Faites attention aux signes qui prouvent que vous devriez consulter un psychologue.