Fibromyalgie
Il y a tellement de médecins qui ne connaissent pas la fibromyalgie, cette affection douloureuse et mal définie, qu’on éprouve presque du soulagement quand on finit par en rencontrer un qui porte ce diagnostic. Vous pouvez entreprendre dès lors un programme de traitement efficace qui vous mettra sur la voie de la guérison.
Ce qu’est la fibromyalgie
La fibromyalgie, dont le nom signifie «douleur dans les muscles», est une affection mal identifiée, qui se définit essentiellement par ses symptômes. On ne connaît pas ses causes. N’empêche que la douleur généralisée, les céphalées, l’insomnie ou le sommeil agité ainsi que la myriade d’autres symptômes qu’éprouvent celles qui en souffrent, sont bien réels. Il n’existe aucun test de laboratoire permettant de la diagnostiquer et rien n’indique qu’on est en présence d’une maladie. Voilà probablement pourquoi vous avez dû consulter autant de médecins avant de recevoir votre diagnostic.
Des experts pensent que la fibromyalgie aurait son origine dans le cerveau et serait liée à un déficit de sérotonine, transmetteur chimique du système nerveux. Les femmes en particulier présentent de faibles taux de sérotonine, ce qui pourrait expliquer pourquoi, neuf fois sur dix, ce sont elles qui sont touchées par cette maladie. Elles souffrent aussi plus que les hommes de migraines, du syndrome du côlon irritable, de dépression, d’anxiété, de crises de panique et des autres troubles que l’on associe habituellement à un déficit de sérotonine. Ce neurotransmetteur semble avoir été créé pour contrer la réaction de «combat ou fuite». Lorsqu’il est en déficit, l’organisme est plus susceptible de souffrir des conséquences de situations stressantes. Chez une personne constamment sous l’effet du stress, les muscles se contractent, entraînant tout une série d’événements destructeurs.
La qualité du sommeil dépend aussi, en grande partie, des réserves de sérotonine. Or, il semble qu’un sommeil agité et perturbé puisse provoquer la fibromyalgie ou l’aggraver. Une sorte de cercle vicieux s’installe : les douleurs musculaires perturbent le sommeil, entraînant de la fatigue; le manque de sommeil génère du stress, source d’anxiété, de distraction et de dépression. Tout cela contribue davantage encore à la spirale descendante du stress incontrôlé qui peut mener à la fibromyalgie. Les blessures, les infections et les perturbations hormonales pourraient aussi constituer des causes, bien que, encore une fois, on est loin d’en avoir la certitude.
Traitement de la fibromyalgie
Bien qu’elle soit mal comprise, il existe tout de même des traitements efficaces pour soigner la fibromyalgie. Ils se déroulent habituellement en quatre étapes :
- Demandez à votre médecin de vous prescrire un bon analgésique.
- Au besoin, prenez un médicament pour vous aider à dormir.
- Le médecin pourrait vous prescrire un antidépresseur afin d’élever vos taux de sérotonine.
- Essayez d’identifier ce qui provoque chez vous le stress et apportez les changements appropriés. Par exemple, vous pourriez apprendre une technique de relaxation.
Pour soulager votre fibromyalgie, vous pouvez prendre un bain chaud avec du sel d’Epsom, utiliser une couverture électrique, recevoir un massage hebdomadaire ou des traitements d’acupuncture, pratiquer l’aérobique sans heurts, prendre un relaxant musculaire ou un antidépresseur. Toutes ces approches en ont aidé d’autres; il vous reste à découvrir celle (ou celles) qui vous font du bien. Si vous traversez une période stressante et n’arrivez pas à trouver de solution, vous pourriez envisager de consulter un thérapeute ayant eu comme patients d’autres fibromyalgiques. Le plus tôt vous commencerez un traitement, le mieux vous irez. On sait, par exemple, que les personnes qui ne souffre de cette affection que depuis quelques mois réagissent beaucoup mieux au traitement que celles qui la subissent depuis plus de dix ans.
Médicaments contre la fibromyalgie
Lorsqu’elle est adéquate, la médication peut changer bien des choses dans la vie des fibromyalgiques. Les médecins entreprennent habituellement le traitement en ciblant les divers groupes de symptômes avec des médicaments spécifiques. Ainsi, les analgésiques pourraient soulager rapidement vos douleurs musculaires. L’acétaminophène (Tylenol) est souvent recommandé, quoiqu’il vous faudra peut-être un médicament plus puissant. Dans ce cas, le médecin pourra vous prescrire un opioïde, par exemple l’hydrocodone (Vicodin), sous forme de pilule, ou le fentanyl (Duragesic), sous forme de timbre cutané; ils agissent sur le système nerveux central, soulageant la douleur. Cependant, des médecins et des patients s’inquiètent du risque élevé de dépendance que présentent ces médicaments. Le tramadol (Ultram) ou l’association tramadol/acétaminophène (Ultracet) pourraient constituer de bonnes solutions de rechange, bien qu’ils puissent entraîner une certaine dépendance. Quant aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), par exemple l’aspirine, l’ibuprofène et le naproxène, ils ne vous seront guère utiles, la fibromyalgie n’étant pas d’origine inflammatoire
Dans certains cas, on obtient un soulagement rapide de la douleur grâce à des injections sur les points gâchettes : ce traitement consiste à injecter un anesthésique, la lidocaïne, à l’emplacement des points des muscles qui sont sensibles à la palpation. Il contribue à briser le cycle de la douleur et apporte parfois un soulagement permanent.
L’administration, à petites doses, d’un antidépresseur pourrait contribuer à soigner un trouble du sommeil sous-jacent et à soulager la douleur et la fatigue qui l’accompagnent. Les antidépresseurs sont appelés ainsi parce qu’ils ont d’abord été utilisés pour soigner la dépression, une des nombreuses affections résultant d’un déséquilibre des taux de sérotonine. Mais, en réalité, il serait plus approprié de les qualifier de «modulateurs de la sérotonine» puisqu’ils ont pour effet d’élever les taux de ce neurotransmetteur dans le cerveau. Les antidépresseurs tricycliques, par exemple l’amitriptyline (Elavil, Endep), sont de bons analgésiques. Quant à la nouvelle famille des antidépresseurs ISRS, par exemple la fluoxétine (Prozac), la sertraline (Zoloft) et la paroxetine (Paxil), ils pourraient soigner votre dépression. On prescrit parfois les deux types de médicaments en association et à faibles doses. Enfin, la trazadone (Desyrel), qui appartient à une autre famille d’antidépresseurs, pourrait aussi soulager les symptômes de la fibromyalgie.
Comme l’insomnie contribue probablement à votre problème, un léger sédatif, par exemple le zolpidème (Ambien) ou le zalépon (Sonata), pourrait faire des merveilles. Ces médicaments agissent en 30 minutes ou moins et ne provoquent pas, au lever, cette impression de «gueule de bois» caractéristique des somnifères plus puissants. Enfin, les relaxants musculaires, par exemple la cyclobenzaprine (Flexeril), pourraient également vous être utiles.
Changements dans le mode de vie
En adoptant un certain nombre d’habitudes au quotidien, vous pourriez vous sentir nettement mieux.
- Gérez votre stress. Prenez, tous les jours, un moment pour vous détendre. Ménagez vos forces et ne vous engagez pas à en faire trop.
- Faites régulièrement de l’exercice. La clé consiste à commencer doucement et à ne pas exiger trop de vous-même. Commencez par quelques séances par semaine d’exercices d’aérobique sans heurts, par exemple la natation ou le conditionnement physique en piscine. Vous pourrez ajouter progressivement d’autres exercices comme la marche puis entreprendre la musculation avec des poids légers ou sur appareil. Les étirements sont également importants; ils permettent d’entraîner à nouveau vos muscles et d’atténuer la douleur.
- Suivez une physiothérapie. Cette approche permet de travailler sur divers groupes de muscles et constitue un bon complément à un programme d’exercices.
- Dormez suffisamment. Essayez de vous coucher et de vous lever tous les jours à la même heure, et limitez les siestes durant la journée. N’allez au lit que pour dormir ou pour les relations sexuelles.
Interventions pour le traitement de la fibromyalgie
La thérapie cognitivo-comportementale, une approche de counselling, donne parfois d’excellents résultats chez les fibromyalgiques. Il s’agit d’une association d’approches cognitives permettant de relativiser le sentiment d’échec qui peut aggraver la douleur, et d’approches behaviorales, qui permettent d’apporter les changements requis pour soulager vos symptômes. Contrairement à d’autres approches psychothérapeutiques, le traitement est généralement court, ne s’étalant que sur quelques mois, tout au plus. Si vous avez le sentiment que rien ne viendra à bout de votre fibromyalgie ou que vous ne pourrez supporter la douleur une journée de plus, la thérapie cognitivo-comportementale pourrait être une bonne solution pour vous.
Approches alternatives pour le traitement de la fibromyalgie
Les techniques de relaxation (méditation, yoga, hypnose, biofeedback) pourraient aussi vous être utiles. Le massage peut contribuer à soulager le stress et la douleur, de même que la thérapie myofasciale des points gâchettes, une forme de massage où le praticien travaille vigoureusement les tissus profonds environnant les points sensibles. Les manipulations chiropratiques du dos peuvent également soulager la douleur. Quant à l’application d’aimants sur les parties douloureuses, on n’a pas démontré son efficacité, bien que certaines personnes semblent y trouver un soulagement.
L’acupuncture, qui consiste à placer de fines aiguilles sur des points stratégiques du corps, est une méthode populaire pour soulager la douleur causée par la fibromyalgie. En général, on commence à se sentir mieux et à mieux dormir au bout de six à huit séances. On a aussi recours au Qigong, discipline relevant de la médecine traditionnelle chinoise et datant de 4000 ans; mouvements, concentration et maîtrise de la respiration sont ici associés dans le but de protéger l’organisme contre le stress.
Questions à poser à votre médecin
- Est-ce que ma douleur et ma fatigue risquent de s’aggraver?
- Comment se fait-il que tous mes examens et mes radiographies semblent indiquer que je ne souffre d’aucune maladie?
- Pourquoi me prescrivez-vous des antidépresseurs alors que je ne suis pas déprimée?
- Se peut-il que d’autres problèmes dont je souffre, par exemple le syndrome du côlon irritable et le SPM, soit liés à ma fibromyalgie?
Vivre avec la fibromyalgie
Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge votre fibromyalgie:
- Adressez-vous à un médecin ayant de l’expérience dans le traitement de cette affection et qui ne vous dira pas que «c’est dans votre tête que ça se passe», par exemple, un rhumatologue (médecin spécialisé dans les maladies des articulations et des muscles), un physiatre (médecin pratiquant la rééducation et la réadaptation fonctionnelles) ou un spécialiste des traitements antidouleur. Vous pourriez aussi envisager de consulter un physiothérapeute ou un ergothérapeute.
- Ayez recours à des trucs mnémoniques. Si votre fibromyalgie entraîne de la confusion et de la distraction, essayez les trucs suivants : répétez-vous les choses à plusieurs reprises, à voix haute s’il le faut, notez sur papier ce dont vous devez vous rappeler, dressez des listes, autant qu’il en faut. Fractionnez les tâches complexes en étapes et évitez autant que possible les sources de distraction, par exemple la musique forte.
- Tenez un journal. Notez-y vos mauvaises heures, celles où votre douleur est au plus haut et votre énergie au plus bas, et vos bonnes heures. Profitez de ces dernières pour effectuer les tâches indispensables : écrire une lettre, payer vos factures, etc. De nombreuses personnes souffrant de fibromyalgie disent fonctionner mieux dans les premières heures de la journée.
- Soignez-vous à la chaleur. Un coussin ou une couverture électrique, ou un bain chaud pourraient vous apportez du soulagement.