A son réveil, un matin de janvier 2000, Chantal Hamelin, 42 ans, ressent une curieuse fatigue. Son cou est douloureux, et elle se sent essoufflée. Vers 17 heures, comme son état ne cesse d’empirer, une amie la conduit à la clinique. Elle est persuadée qu’elle rentrera à temps pour préparer le souper de sa fille de neuf ans. Mais rien ne se passe comme prévu. En quelques minutes, le médecin diagnostique un infarctus et appelle l’ambulance.
Un infarctus! Chantal n’en revient pas. Elle n’éprouve aucune douleur à la poitrine! «Mais lorsque je suis arrivée à l’urgence et que j’ai vu l’équipe médicale s’affairer autour de moi, j’ai compris que c’était grave.» Elle restera hospitalisée une quinzaine de jours.
Chantal Hamelin a eu de la chance: l’an dernier, 37000 Canadiennes ont succombé à une maladie du cœur ou à un AVC (accident vasculaire cérébral). «La maladie cardiaque est en progression chez les femmes», dit le Dr George Honos, cardiologue et porte-parole de la Fondation des maladies du cœur. Et pour la première fois depuis 30 ans, les maladies cardiovasculaires tuent autant de femmes que d’hommes.
Il existe plusieurs raisons au fait que, comme le constate le Dr Honos, «les femmes font moins d’infarctus, mais en meurent plus souvent.»
D’abord, parce que les symptômes de l’infarctus au féminin ne se déclinent pas toujours comme dans les livres de médecine. Au lieu de l’habituelle douleur à la poitrine ou au bras, les femmes peuvent ressentir de vagues malaises: essoufflement, douleurs aux épaules et au dos, nausée, fatigue extrême… Autre facteur aggravant: les femmes attribuent souvent leurs symptômes à un autre problème de santé.
• Le taux de mortalité serait aussi plus élevé chez les femmes parce qu’elles sont plus fréquemment victimes de «crises cardiaques silencieuses», passées inaperçues. Le «premier» infarctus est souvent chez elles le deuxième, voire le troisième… «Les médecins ont découvert que j’avais d’autres cicatrices sur le cœur, raconte Chantal Hamelin. J’avais peut-être déjà fait trois crises cardiaques sans le savoir.»
• On observe enfin un certain manque de vigilance de la part du corps médical. Tous les médecins que nous avons consultés l’admettent. Parlez-en à Carolle Riendeau. Cette mère de famille de 46 ans, très active et sportive, commence à ressentir des engourdissements dans les bras et les mains. Certains jours, sa jambe gauche est insensible. Comme elle est dans la quarantaine et qu’elle fait plus jeune que son âge, l’éventualité d’une maladie cardiaque n’est jamais évoquée. Et comme personne ne trouve rien… on lui conseille de prendre des vacances.
Six mois après l’apparition des premiers symptômes, elle fait un infarctus lors d’un voyage au Costa Rica.
«Même si certains médecins prétendaient le contraire, j’ai toujours su que j’avais des problèmes cardiaques, conclut Carolle Riendeau. Tous les signes étaient là, et j’aurais dû les écouter. Alors, ne faites pas comme moi. Aux premiers malaises inexpliqués, faites-vous confiance et insistez!»