Qu’est-ce que l’aphasie? Définition de ce trouble qui affecte l’acteur américain Bruce Willis
Qu’est-ce que l’aphasie? Définition de ce trouble du langage par un médecin et chercheur en neurologie qui en explique les causes et les symptômes. Également, les experts en langage expliquent comment la famille peut jouer un rôle clé dans son traitement.
Qu’est-ce que l’aphasie?
Pendant des décennies, Bruce Willis a été l’une des stars les plus dynamiques du grand écran. Il est notamment connu pour ses rôles dans «Die Hard», «Fiction Pulpeuse» et «Sixième sens». Récemment on apprenait qu’il mettait un terme à sa carrière professionnelle, à l’âge de 67 ans, en raison de l’aphasie, une maladie cérébrale qui peut altérer nos capacités à parler, à comprendre, à lire ou à écrire.
C’est la famille Willis qui a lancé la nouvelle sur Instagram – dont Demi Moore, avec qui il a été marié de 1987 à 1998 et avec qui il a eu trois filles :
«Aux incroyables fans de Bruce, en tant que sa famille, nous voulions partager avec vous cette information. Notre bien-aimé Bruce a eu des problèmes de santé et a récemment reçu un diagnostic d’aphasie, ce qui a un impact sur ses capacités cognitives. À la suite de ce diagnostic et avec beaucoup de considération, Bruce prend un peu de recul avec sa carrière qui a tant compté pour lui.»
L’annonce sincère de la famille attire soudainement l’attention de tous et chacun sur l’aphasie, cette maladie qui touche plus de 6000 personnes annuellement au Québec, selon Aphasie Québec.
«L’aphasie est un trouble du langage», dit le médecin et professeur Roy Hamilton de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie, où il dirige également le laboratoire de cognition et de stimulation neurale.
L’aphasie, c’est quoi?
L’hémisphère gauche du cerveau est responsable du traitement du langage, explique Roy Hamilton. «Tout ce qui blesse ou affecte cette partie du cerveau peut potentiellement provoquer une aphasie.»
De la difficulté à trouver ses mots, à une perte totale de la faculté de s’exprimer, l’aphasie est essentiellement causée par une lésion au cerveau, majoritairement provoquée par un accident vasculaire cérébral (AVC), une tumeur cérébrale ou un traumatisme crânien. Dans une moindre mesure, une infection du côté gauche du cerveau peut également s’avérer une cause d’aphasie.
Le médecin Roy Hamilton ajoute que jusqu’à 40% des personnes qui survivent à un AVC auront un niveau plus ou moins élevé d’aphasie. «L’aphasie peut aussi survenir à la suite d’une maladie neurodégénérative progressive. C’est ce qu’on appelle ‘’l’aphasie progressive primaire’’».
Bien que rien n’ait été confirmé, plusieurs médias ont sous-entendu que Bruce Willis avait subi plusieurs blessures à la tête au cours de sa carrière d’acteur, ce qui aurait pu conduire au diagnostic.
Types d’aphasie
Il existe plusieurs types d’aphasie. Ils sont classés principalement en fonction de la partie spécifique du cerveau qui est affectée et des symptômes de la maladie.
Les principaux types d’aphasie sont:
Aphasie de Wernicke
Également appelée aphasie réceptive, sensorielle, ou fluente.
Les personnes atteintes de l’aphasie de Wernicke peuvent dire de longues phrases complètes qui n’auront cependant aucun sens.
Aphasie de Broca
Également appelée aphasie expressive, motrice, ou non fluente.
Avec cette forme d’aphasie, les personnes parleront en phrases courtes, ce qui leurs demandera un effort considérable. Toutefois, ces personnes savent très bien ce qu’elles veulent dire et seront totalement compréhensibles.
Aphasie progressive primaire
Cette sorte d’aphasie est le résultat d’une maladie neurodégénérative du cerveau.
Aphasie globale
L’aphasie globale est la forme la plus sévère de la maladie. Les personnes atteintes d’aphasie globale sont incapables de prononcer un vaste éventail de mots et comprennent difficilement, voire aucunement, le langage parlé.
Symptômes d’aphasie
Les symptômes de l’aphasie peuvent varier. Les plus courants affectent la capacité à parler, à comprendre, à lire ou encore à écrire. Une personne peut ne pas être capable de penser aux mots qu’elle veut dire ou prononcer le mauvais mot au mauvais moment. Certaines personnes utiliseront des mots totalement inventés parmi de vrais mots, formant des phrases absurdes (aphasie de Wernicke).
L’aphasie peut aussi affecter la capacité à comprendre ce que les autres disent. La lecture, l’écriture et les mathématiques peuvent également s’avérer difficiles.
Diagnostiquer l’aphasie
Pour diagnostiquer l’aphasie, la plupart des patients réalisent des tests d’imagerie pour voir quelle partie du cerveau est affectée. Elizabeth Galletta, professeure de médecine de réadaptation, explique que les orthophonistes évaluent le langage réceptif, la façon dont le patient comprend le langage expressif, la manière dont il utilise le vocabulaire, ainsi que ses capacités de lecture et d’écriture.
Traitements de l’aphasie
«Le traitement implique généralement un suivi en orthophonie», note Roy Hamilton. «Les personnes qui développent une aphasie à la suite d’un AVC peuvent voir leur état s’améliorer dans une certaine mesure avec le temps. Tout dépend de la cause de l’aphasie. Certaines personnes présentant des déficits plus modestes après un AVC peuvent récupérer jusqu’à ne plus avoir de déficits fonctionnels de communication. D’autres peuvent avoir des déficits persistants.»
Il existe des traitements prometteurs qui pourraient éventuellement aider des personnes comme Bruce Willis. Certains chercheurs utilisent la stimulation cérébrale non invasive, de pair avec l’orthophonie, pour voir si la modification de l’activité cérébrale pourrait permettre de bonifier les compétences linguistiques.
Il existe plusieurs façons d’activer différentes parties du cerveau afin d’améliorer la parole. Brooke Hatfield, directrice associée des services de soins de santé à l’Association américaine Speech-Language-Hearing (ASHA) souligne que: «Nous pouvons ‘’désactiver’’ la partie du cerveau qui interfère avec le côté qui contrôle la parole et le langage ou encore, stimuler autant d’activité chimique que possible dans cette partie du cerveau. L’exercice est également utile pour les personnes aphasiques.» L’activité physique aide aussi le cerveau à récupérer, note Brooke Hatfield.
Les suivis en orthophonie pour traiter l’aphasie visent généralement à améliorer, voire à restaurer, la fonction perdue. La thérapie réparatrice, pour sa part, cible un problème spécifique, tel que la recherche de mots. «Nous créons une activité structurée pour aider le patient à penser à un mot en particulier, à l’aide d’images ou d’indices pour l’aider à établir une connexion.»
Une pratique gagnante, selon elle. «Si l’aphasie est due à un trouble acquis tel qu’un accident vasculaire cérébral ou une lésion cérébrale, elle répond très bien à la thérapie et s’améliore avec le temps.» Brooke Hatfield note que «s’il s’agit d’un problème progressif, il n’ira malheureusement pas en s’améliorant». Dans ces cas, suggère-t-elle, la thérapie peut aider les patients à se préparer pour l’avenir.
Certes, ce n’est pas une solution miracle, mais les personnes qui travaillent dur durant le traitement peuvent améliorer leurs compétences communicationnelles et mener une vie saine et heureuse avec l’aphasie, même si elle est progressive, estime Elizabeth Galletta.
Avec la thérapie compensatoire, un orthophoniste peut aider la personne atteinte d’aphasie à découvrir différents moyens d’exprimer des idées lorsqu’elle a du mal à parler comme pointer du doigt, dessiner ou utiliser un ordinateur. La famille et l’entourage font aussi partie intégrante du processus. «L’auditeur peut donner des choix de mots à la personne pour l’aider à s’exprimer», ajoute Brooke Hatfield.
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