6 traitements de physiothérapie pour soulager la douleur
On a souvent tendance à mettre la physiothérapie dans la même catégorie que les traitements «alternatifs» et à la confondre avec le massage ou la chiropractie. Et pourtant, c’est une approche tout à fait différente. Pourrait-elle vous aider?
C’est la perspective de devoir arrêter de cuisiner qui m’a poussée à essayer la physiothérapie. Les mains et les poignets me faisaient mal depuis mes années scolaires, que j’avais passées à prendre furieusement des notes et à taper à l’ordinateur.
Mon médecin m’a fait passer une analyse sanguine afin de déterminer si je souffrais d’arthrite rhumatoïde, mais une fois écartée cette possibilité, mais ensuite, elle n’avait aucun traitement à me proposer. Andrew, mon mari, me poussait depuis des années à consulter un physiothérapeute mais j’étais convaincue que les dommages étaient tels que seule une intervention chirurgicale en viendrait à bout. De plus, les traitements de physiothérapie n’étant pas entièrement couverts par l’assurance-maladie, j’hésitais à me lancer dans cette dépense.
Mais sachant que, si mon état empirait, je devrais abandonner la cuisine et l’écriture, mon gagne-pain, j’ai finalement pris rendez-vous avec un physiothérapeute.
Les résultats m’ont impressionnée. A l’issue de la première séance, j’avais un diagnostic de tendinite et des indications pour faire trois exercices d’étirement. Bien que faciles à exécuter, ils soulageaient tellement ma tension musculaire que j’attendais avec impatience l’heure de mes petits rituels. Le physiothérapeute me prodiguait également des traitements en clinique : il a étiré et raccourci mes muscles et ajouté à mon programme des exercices de musculation afin de prévenir les problèmes ultérieurs. En quelques jours, ma douleur s’était atténuée et au bout de deux mois, elle avait disparu.
J’ai découvert que la physiothérapie pouvait soigner des problèmes à long terme, ce qui ne signifiait pas pour autant que j’aurais à dépenser une fortune en traitements s’étendant sur plusieurs mois. Dans mon cas et dans bien d’autres, le nombre de rendez-vous diminue rapidement une fois que le problème est diagnostiqué; le praticien vous donne alors un programme d’exercices à faire à la maison. Voici quelques-uns des problèmes que peut traiter cette approche.
Elle peut traiter les genoux
L’an dernier, des chercheurs de la University of Western Ontario, ont publié une étude de grande importance montrant que, jumelée à la médication, la physiothérapie était tout aussi efficace que l’arthroscopie pour traiter l’arthrose du genou. «On peut soulager de nombreux problèmes arthritiques grâce à des exercices de flexibilité et de musculation», écrit le docteur Robert Litchfield, co-auteur de l’étude, chirurgien orthopédique et directeur médical de la clinique de médecine sportive Fowler Kennedy de l’université. Les physiothérapeutes peuvent soulager la douleur à la source après en avoir identifié la cause, par exemple une tension musculaire autour du genou, et en la traitant par des exercices ou des étirements. «Nous faisons d’abord une évaluation biomécanique au cours de laquelle nous examinons toutes les causes possibles : tension musculaire, faiblesse et plus ou moins grande mobilité de l’articulation», explique Greg Alcock, physiothérapeute et coordonnateur clinicien et de la recherche à la clinique Fowler Kennedy. «En nous appuyant sur cette évaluation, nous prescrirons un traitement qui peut comprendre de l’exercice permettant de calmer le joint ou le muscle enflammé ou qui cherchera à corriger les facteurs contribuant au problème.» Si ce dernier résulte d’un déséquilibre de la démarche, le physiothérapeute pourra prescrire une orthèse (chaussure compensée qui corrige les problèmes d’alignement). « Les physiothérapeutes sont très compétents pour évaluer la posture générale, alors que les chirurgiens ne se pencheront que sur l’articulation malade», ajoute Robert Litchfield.
Elle enseigne des techniques de respiration
Parce qu’elle aborde le corps humain dans son ensemble et non seulement le système squeletto-musculaire, la physiothérapie se penche aussi sur les problèmes du système nerveux autonome, c’est-à-dire le système de muscles et de nerfs involontaires qui régulent les organes. Les personnes souffrant d’asthme ou d’apnée du sommeil, par exemple, pourront être traitées par des physiothérapeutes cardiovasculaires, qui ont recours à des exercices respiratoires ‘ parfois aussi simples que de souffler dans un ballon – ou s’attachent à améliorer la mobilité des muscles de la poitrine et du cou par des programmes d’étirement et de musculation.
Elle peut soulager les troubles du plancher pelvien
Les troubles du plancher pelvien, qui se produisent lorsque les muscles de cette région se contractent, raccourcissent ou deviennent spastiques après la grossesse, la naissance ou une intervention chirurgicale à l’abdomen, est l’un des secteurs de la pratique qui se développe le plus rapidement. «Les muscles du plancher pelvien interviennent dans la fonction sexuelle, de même que dans celles de la vessie et des intestins, en plus de soutenir la colonne et les organes abdominaux», explique la physiothérapeute Robin Christenson, fondatrice de Womanology, clinique de thérapie intégrée de Irvine (Californie). Les dysfonctionnements peuvent se manifester sous forme de douleur durant les relations sexuelles, d’incontinence urinaire ou fécale, ou de douleur générale à l’abdomen ou à l’aine. «Ces problèmes ne sont pas visibles à l’IRM ou aux ultrasons», explique Robin Christenson, qui a généralement recours à une technique de massage appelée «thérapie des points déclencheurs» administrée directement sur le muscle pelvien affecté afin de soulager le spasme. Elle enseigne également à ses clientes des exercices de musculation du tronc et de relaxation empruntés à la méthode Pilates.
Elle contribue à combattre l’obésité
Autre secteur en émergence, la physiothérapie du mode de vie a recours à des techniques de prévention des maladies et de gestion de la douleur chronique. Lia Arniel, physiothérapeute de Winnipeg, travaille souvent en collégialité avec des médecins pour le traitement de patients obèses, notamment en facilitant leurs exercices. «Nous les informons de l’impact physique que leur poids exerce sur leur système squeletto-musculaire, qui soutient tout le corps», explique-t-elle. En plus de traiter des problèmes tels que la douleur au genou et la tendinite au moyen des techniques classiques, les physiothérapeutes mettent au point des programmes d’exercice personnalisés qui ménagent les articulations vulnérables. Une chose aussi simple que d’aider un patient aux habitudes sédentaires à choisir une paire de chaussures adaptée à ses besoins pourra lui permettre de devenir plus actif. Les mêmes principes peuvent s’appliquer à des patients âgés ou souffrant des effets d’une chimiothérapie afin de les aider à retrouver leur mobilité.
Elle peut contribuer à soulager la douleur chronique
Pour soulager la douleur chronique, les physiothérapeutes ont recours à des programmes de renforcement des muscles entourant l’articulation douloureuse. Dans une étude menée au près de femmes souffrant d’ostéoporose et dont la douleur chronique résultait de fractures par compression, des chercheurs danois ont observé qu’elles éprouvaient nettement moins de douleur, prenaient moins de médicaments et disaient avoir une bien meilleure qualité de vie à l’issue d’un programme de 10 semaines visant à améliorer leur équilibre et à stabiliser leur colonne.
Elle peut soulager la douleur dorsale
Une mauvaise posture, une tension musculaire ou l’arthrite peuvent provoquer le mal de dos. Le traitement dépendra de la nature du problème, mais un certain nombre de principes communs s’appliquent. Paul VanWiechen, directeur du programme de physiologie de l’exercice à la Cleveland Clinic Canada de Toronto, recommande une approche triple: surveillance du poids (pour diminuer le stress sur les articulations), musculation (pour améliorer la mobilité et diminuer le risque de rechutes) et reprogrammation musculaire. Il s’agit de modifier la manière dont les muscles se coordonnent dans une région donnée du corps, habituellement au moyen d’une série d’exercices dynamiques. «Dans le bas du dos, il y a environ deux douzaines de muscles superficiels et profonds qui ont vraiment de l’importance, explique-t-il. C’est beaucoup moins efficace d’en renforcer deux ou trois que de réapprendre aux 24 à travailler intelligemment ensemble.»
Comment tirer le meilleur parti possible de la physio
Pour la majorité des problèmes, il est essentiel de faire des étirements et des exercices de musculation à la maison. C’est là que la physiothérapie risque de perdre des joueurs. «Beaucoup de mes clients voudraient que leur problème soit résolu hier», explique Karen Orlando, physiothérapeute de Toronto et propriétaire de ProCare Rehabilitation. «Ils ne veulent pas faire les efforts requis.» Il faut du temps et de la pratique pour arriver à bien étirer ou contenir les muscles qui ont pris un mauvais pli. Cependant, ce faisant on peut prévenir le risque que la blessure réapparaisse.
Quand j’étais tentée de sauter mes exercices, je me rappelais que les efforts et l’argent que j’avais investis pourraient contribuer à prévenir des interventions plus coûteuses et de plus longue durée. C’est une chose que nos politiciens devraient garder à l’esprit : le potentiel de la physiothérapie à aider une population vieillissante à rester mobile et en santé étant de plus en plus pertinent.