La maladie chronique qui touche des millions de Canadiens
Ce qu’il faut savoir sur la MPOC et comment prendre en charge les symptômes.
La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) regroupe des affections qui abîment les poumons et rendent la respiration difficile. Imaginez que vous êtes constamment essoufflé ou que vous ressentez continuellement une gêne respiratoire. Les personnes aux prises avec la MPOC ont l’impression de suffoquer et la maladie peut miner leur qualité de vie.
Touchant plus de deux millions de Canadiens, la MPOC englobe des affections comme la bronchite chronique et l’emphysème. Ces dernières représentent les deux maladies pulmonaires les plus courantes. Il arrive fréquemment que les adultes vivant avec la MPOC souffrent à la fois de bronchite chronique et d’emphysème.
Qu’est-ce qui cause la MPOC?
Il existe plusieurs facteurs contributifs, mais des antécédents de tabagisme représentent de loin la principale cause de la MPOC. L’exposition à la fumée secondaire, la pollution de l’air, des infections pulmonaires récurrentes durant l’enfance et l’hérédité figurent aussi parmi les causes. L’exposition professionnelle à la poussière, à des fumées, à des vapeurs et à des gaz a également été associée à la MPOC. Bien que les symptômes de la maladie surviennent généralement plus tard dans la vie, les changements dans les poumons apparaissent plusieurs années auparavant.
Dans la plupart des cas, la MPOC est évitable. Si vous fumez, plus vous cessez tôt, mieux c’est. En plus de réduire le risque de MPOC, l’abandon du tabac contribue à ralentir la progression de la maladie lorsqu’on en est déjà atteint.
Si vous croyez que vous êtes susceptible de développer la MPOC ou que vous en souffrez déjà, parlez-en à votre médecin. Un test respiratoire simple, appelé spirométrie, permet de mesurer le volume total d’air expiré et la vitesse d’expiration. Il peut aider le médecin à poser un diagnostic.
«En présence de la MPOC, le médecin peut élaborer un programme de prise en charge personnalisé visant à améliorer la fonction respiratoire pour atténuer l’essoufflement et augmenter la capacité de faire des activités physiques», a déclaré le Dr Denis O’Donnell, professeur de médecine à l’université Queen’s et pneumologue clinicien à Kingston en Ontario. «Un autre objectif principal du traitement consiste à réduire le risque de nouvelles infections pulmonaires ou poussées. Heureusement, il est possible d’y parvenir grâce à des traitements de pointe efficaces.»
Une maladie chronique et évolutive
Les symptômes de la MPOC – essoufflement, toux chronique, expectoration accrue – s’aggravent avec le temps. Contrairement à ce que l’on peut croire, l’essoufflement ou la difficulté à respirer n’est pas un signe normal du vieillissement. Certaines personnes atteintes de la MPOC disent qu’elles ont l’impression de respirer dans une paille.
La MPOC peut rendre les tâches quotidiennes très difficiles à accomplir et avoir des effets néfastes sur la santé mentale. Des activités simples comme la marche et la montée d’escaliers peuvent poser problème. «S’il devient évident que la capacité d’accomplir les tâches quotidiennes diminue au fil des semaines ou des mois, du soutien est nécessaire et une nouvelle évaluation clinique devrait être demandée», a souligné le Dr O’Donnell.
Il n’est pas surprenant de constater que les adultes aux prises avec la MPOC risquent davantage de souffrir de troubles de santé mentale comme la dépression ou de troubles émotionnels. De plus, ils déclarent que leur état de santé global est passable ou mauvais. La pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver la situation. Selon un sondage mené par COPD Canada, environ 50% des personnes souffrant de MPOC font moins d’activité physique en raison de l’isolement et des restrictions sociales. En plus de contribuer au bien-être général, l’activité physique aide à réduire l’anxiété et la dépression. Puisqu’elles font moins d’exercice régulièrement, de nombreuses personnes atteintes de la MPOC ont plus de difficulté à demeurer optimistes face à leur état de santé.
Les objectifs et les choix de traitement
Même si la MPOC est incurable, elle peut être traitée afin d’atténuer les symptômes et d’améliorer la qualité de vie. Les objectifs de traitement consistent à réduire la fréquence et la gravité des symptômes ainsi qu’à limiter le nombre de poussées pour un meilleur état de santé global. Il importe de faire régulièrement de l’exercice car cela permet au cœur, aux poumons et aux muscles de bien fonctionner. Un traitement d’entretien comme la prise quotidienne de médicaments peut vous aider à atteindre vos objectifs en diminuant les symptômes de la MPOC et en augmentant la tolérance à l’effort. «Nous savons maintenant que les récents inhalateurs à action prolongée (parfois appelés «pompes») permettant d’ouvrir les voies respiratoires étroites sont très efficaces lorsqu’ils sont associés à un programme d’exercices visant à augmenter l’activité physique», a affirmé le Dr O’Donnell.
Les traitements non médicamenteux
L’activité physique faisant partie intégrante du traitement, certaines personnes aux prises avec la MPOC peuvent avoir besoin d’un soutien supplémentaire pour s’assurer que leurs poumons sont à la hauteur de la tâche. En suivant un programme de réadaptation pulmonaire, on apprend des techniques de respiration et de toux qui permettent de faire de l’exercice plus facilement. En plus de diminuer les symptômes de la MPOC, la réadaptation pulmonaire favorise l’accomplissement des activités quotidiennes dans un meilleur état physique et émotionnel, ce qui est bénéfique à la santé mentale.
Vous devez absolument cesser de fumer si ce n’est pas encore le cas. Même si vous avez déjà reçu un diagnostic de MPOC, l’arrêt du tabagisme peut contribuer à ralentir la progression de la maladie. Allez chercher de l’aide. Discutez avec votre fournisseur de soins de santé des programmes d’abandon du tabac, des services de conseils aux patients et des médicaments offerts à cet effet.
Les traitements médicamenteux
Votre médecin peut vous prescrire des médicaments contre la MPOC pour diminuer la gravité des symptômes ou pour aider à les prévenir. Comme chaque personne vit différemment avec la maladie, il importe de signaler à votre médecin toute variation de votre santé pulmonaire, surtout si vous observez une aggravation des symptômes ou des poussées et une augmentation de la toux, des expectorations, de la gêne respiratoire et de l’essoufflement. Vous devez aussi lui faire part de tout changement dans votre état de santé global lié au sommeil et au niveau d’énergie. Enfin, si vous avez l’impression que vos symptômes de la MPOC vous empêchent d’accomplir toute activité quotidienne, discutez-en avec lui.
«Les personnes qui vivent avec la MPOC ne devraient jamais négliger une exacerbation passagère des symptômes (intensification de la toux, changement dans la quantité et la couleur des expectorations, congestion pulmonaire et essoufflement accru) parce qu’il s’agit des caractéristiques typiques d’une poussée de la maladie», a expliqué le Dr O’Donnell.
«Les patients qui ressentent de tels symptômes devraient communiquer sans délai avec leur fournisseur de soins de santé pour amorcer un traitement sur-le-champ (généralement des antibiotiques et des stéroïdes en comprimés). Il est très important que le patient et le médecin collaborent pour élaborer un programme de prise en charge détaillé afin de prévenir de nouvelles poussées. Des médicaments à inhaler, appelés corticostéroïdes, qui diminuent l’inflammation des voies respiratoires chez les personnes atteintes de la MPOC ont démontré de façon convaincante leur efficacité à cette fin», a-t-il ajouté.
Quant aux médicaments contre la MPOC offerts sous forme d’inhalateurs d’entretien à prise quotidienne, le médecin peut prescrire un seul médicament ou une combinaison de médicaments parmi ceux-ci:
- un antagoniste muscarinique à action prolongée pour aider à détendre les muscles situés autour des voies respiratoires;
- un bêta2-agoniste à action prolongée qui décontracte les muscles situés autour des voies respiratoires, favorisant ainsi la dilatation des voies respiratoires;
- un corticostéroïde à inhaler qui vise à réduire l’enflure ou l’inflammation des parois des voies respiratoires.
Le plus important consiste à faire preuve d’initiative à l’égard de votre santé et à demander de l’aide au besoin. Si vous ou l’un de vos proches êtes confronté à des symptômes ou à des poussés, prenez rendez-vous dès aujourd’hui avec votre fournisseur de soins de santé pour discuter des choix de traitement qui pourraient contribuer à une meilleure prise en charge de la MPOC. L’essoufflement, la difficulté à accomplir des tâches quotidiennes, une toux ou expectoration accrue et même les réveils nocturnes dus à la MPOC constituent des symptômes que vous devez signaler à votre médecin pour qu’il puisse vous aider. Puisque vivre avec la MPOC peut parfois être accablant, l’adhésion à un groupe de soutien peut aussi être bénéfique. Consultez votre fournisseur de soins de santé pour déterminer le plan de traitement qui vous convient le mieux.