Une rentrée scolaire post-Covid-19
La pandémie de la Covid-19 a forcé nombre de parents à s’improviser professeurs. Mais leur mandat éducatif n’est pas nouveau: depuis longtemps, ce sont eux qui inculquent aux enfants les valeurs de l’effort, de la persévérance et de la résilience, favorisent le développement de leurs compétences et les comportements clés de la réussite scolaire.
Ce mandat tacite conféré à l’autorité parentale peut susciter questionnements et parfois remises en question.
Suite à cette pandémie, nous ne tiendrons plus jamais ces choses du quotidien pour acquises.
Les questions à se poser
Doit-on ou pas limiter le temps d’exposition aux écrans (tablettes, cellulaire, playstation etc)? Doit-on ou pas mettre en place une structure scolaire en temps de confinement et post confinement? Et qu’en est-il du volet sportif et social en contexte de pandémie?
Ces questions sont légitimes, car rappelons-le, toutes ces dimensions étaient prises en charge par différentes institutions: l’institution scolaire, communautaire, sportive, familiale. Or aujourd’hui, la réalité est tout autre.
Assurez-vous de savoir comment aider votre enfant à vaincre le stress de la rentrée scolaire!
Des parents multitâches
Du jour au lendemain, les parents se sont retrouvés dans une position où il leur a fallu revêtir toutes les casquettes et toutes les responsabilités inhérentes à ces institutions. Ils se retrouvent, malgré eux, à improviser de tout bord pour parvenir à maintenir certains repères et habitudes qui rassurent et sécurisent l’enfant.
Les chercheurs du monde entier oeuvrant dans le domaine de l’éducation se sont mobilisés pour guider les parents dans la gestion de ce périple éducatif.
Je me joins à l’effort intellectuel de mes collègues, en tant que docteure en psychologie de l’éducation et psychologue clinicienne oeuvrant auprès des familles. Je propose de partager cinq recommandations concrètes et pratiques pour aider les parents à relever ce défi de taille qui consiste à préparer leurs enfants et adolescents pour un retour à l’école après six mois d’absentéisme.
Parents et adolescents ont dû réapprendre à vivre ensemble pendant le confinement.
La préparation
Préparer un enfant au retour à l’école, c’est lui donner confiance en ses capacités et ses compétences. Pour cela, son quotidien doit pouvoir lui offrir des occasions au cours desquelles il découvre, exploite et met à profit son potentiel, ses forces, ses limites. Pour ce faire, l’enfant doit être actif – et pas uniquement derrière un jeu vidéo.
La prise de conscience de son potentiel en cours d’action permettra au jeune de découvrir ce dont il est capable, son impact auprès de son entourage, ainsi que ses axes d’amélioration. Et c’est justement cette introspection qui est au cœur du développement de la confiance en soi permettant ainsi à toute personne de s’ajuster pour s’adapter à une situation atypique, telle que le retour à l’école après une période d’absence plus longue que d’habitude. En d’autres termes, pour aider l’enfant à faire face à ce type de situation, il faut l’aider à prendre conscience de son talent brut.
J’invite les parents à mettre en pratique, durant cette période estivale, les cinq recommandations suivantes et de s’assurer qu’elles soient respectées par leur enfant/adolescent.
Voici comment apprendre à vos enfants à aimer l’école.
Cinq recommandations pour un meilleur retour en classe
- Après chaque réveil, (peu importe l’heure), s’assurer que l’enfant se soit habillé, brosser les dents, pris son déjeuner. Bref, qu’il respecte une hygiène similaire à celle à laquelle il doit s’adonner avant d’aller habituellement à l’école.
- S’assurer que votre enfant ait une tâche cognitive quotidienne d’une durée variant entre 20 et 45 minutes (dépendamment de l’âge). Cette tâche doit stimuler son raisonnement, l’inciter à réfléchir et à avoir un discours interne. Par exemple, cela peut être un moment de conversation entre parent/enfant au cours duquel il y a débat autour d’un sujet d’actualité. Cela peut-être une recette de cuisine, ou encore une activité de bricolage, de lecture. Les activités de puzzle, mots fléchés, sudoku ou le jeu d’échecs sont les bienvenus. Et enfin, cela peut-être une activité de nature scolaire. L’objectif de ces tâches cognitives étant de reproduire la formule de certaines activités proposées en classe qui sollicitent le raisonnement de l’élève.
- S’assurer que votre enfant ait une tâche domestique au quotidien d’une durée maximale de 30 minutes (par exemple, ranger ses jouets, sortir les poubelles, faire la vaisselle, son lit, nettoyer sa chambre, plier ses vêtements). Cela permet de reprendre le principe selon lequel, à l’école, il est demandé aux élèves de ranger leurs affaires après utilisation (que ce soit en classe, ou en cours de sport, ou à la cour de récréation).
- S’assurer que votre enfant sorte deux fois dans la journée (une fois en matinée et une autre en après-midi), durant une quinzaine de minutes, dans l’idéal avec son frère, sa sœur, un ami ou une tierce personne de confiance, et ce, dans le but de perpétuer le concept de la récréation. Cette mesure s’adresse surtout aux jeunes enfermés chez eux, rivés devant leurs écrans, et qui n’ont jamais été, selon un récent sondage, aussi peu actifs que depuis le début de cette pandémie.
- Enfin, s’assurer que votre enfant ait au moins une période d’exercice physique dans la semaine afin de reproduire les activités parascolaires sportives en cours d’année scolaire.
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Retrouver une routine qui favorise la réussite
En l’absence d’activités structurées, la pratique de cette routine aiguisera leurs réflexes tout en faisant le rappel du sens des priorités à ne pas perdre de vue. Par conséquent, les efforts qu’ils leur seront requis à partir de septembre ne leur paraîtront pas titanesques.
Par ailleurs, la pratique d’une telle routine permettra la consolidation et/ou le développement de certaines compétences, tel que le sens de l’autodiscipline, de l’organisation et de la planification. Et les résultats de ma thèse de doctorat sur la réussite scolaire des jeunes issus de la deuxième génération de l’immigration haïtienne rapportent, entre autres, le rôle incontournable de ces spécifiques compétences personnelles dans le processus de la réussite scolaire en contexte d’imprévu, de difficultés, de nouveauté et d’atypie.
Une fois cette routine respectée, il sera alors permis à votre enfant de faire usage des écrans à leur convenance compte tenu du contexte actuel. Naturellement, il faut éviter toute forme de dépendance, mais prendre en considération que les jeux vidéos ont été somme toute utiles durant cette pandémie.
Myriam Tahiri Hassani, Docteure en psychologie de l’éducation; psychologue clinicienne; chargée de cours, Université du Québec à Montréal (UQAM)
La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.
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